Revue de presse

La guerre en question

NON à l'aventure afghane

Le décès de six soldats canadiens en Afghanistan a relancé la réflexion à propos de la mission canadienne dans ce pays et la pertinence de la poursuivre. [Pour le National Post,->7583] cela ne fait aucun doute, et il s'en prend avec virulence au chef du NPD, Jack Layton, pour affirmer le contraire. Selon le Post, Layton symbolise «les raisons pour lesquelles l'Ouest risque de perdre la bataille contre l'Islam militant».
Il constitue un triste exemple de ce qu'est devenue la gauche. «Ces coeurs éplorés pressent les politiciens d'aider les pauvres de ce monde mais se précipitent vers la sortie quand l'établissement de la paix et la construction d'une nation deviennent des tâches trop difficiles.» Pour le Post, il est évident que sans l'OTAN, l'Afghanistan retombera aux mains de «théocrates médiévaux qui tranchent la tête des homosexuels et qui traitent les femmes comme des chiens enveloppés dans une burqa». Si on veut honorer la mémoire des soldats tués, dit le quotidien de droite, il faut au contraire redoubler d'efforts pour battre les talibans et mieux protéger nos troupes en obtenant de nos alliés des hélicoptères afin de leur permettre de se déplacer sans emprunter des routes truffées de mines. Plus fondamentalement, dit le Post, la mission en Afghanistan fait partie d'un combat plus vaste qui décidera si toute l'Asie centrale sera gouvernée ou non par «des hommes du XXIe ou du VIIe siècle».
[Le Toronto Star->7558], plus posé, pense que cette mission est justifiée, car le gouvernement Karzaï a encore besoin d'aide et de temps avant de pouvoir de lui-même tenir les talibans en échec. Le premier ministre Stephen Harper a déjà indiqué que, sans consensus, la mission ne sera pas prolongée, et tout indique que cela ne se matérialisera pas. Mais le Canada s'est engagé l'an dernier à rester jusqu'en février 2009; aussi, un retrait avant l'heure équivaudrait à trahir la parole donnée aux Afghans et à nos alliés. Toutefois, le Canada a joué son rôle, et il serait juste que d'autres alliés prennent la relève dans la région de Kandahar, poursuit le Star. Ce que le gouvernement Harper doit maintenant faire, poursuit le quotidien, c'est de créer un consensus autour d'un nouveau rôle pour nos troupes en Afghanistan.
Doutes
En Afghanistan depuis plusieurs semaines, le chroniqueur-vedette de CanWest, Don Martin, laisse poindre son pessimisme. Il note que les six hommes sont morts dans un des véhicules les plus sûrs sur une route fréquentée dans une région réputée sympathique aux troupes étrangères. «Si les insurgés ont été capables d'y faire exploser une bombe très puissante et de disparaître dans la nature pour mieux recommencer plus tard, plus un seul endroit n'est sûr.» Martin refuse de dire que le Canada est en train de perdre la bataille, mais les techniques de guérilla des talibans fonctionnent, écrit-il. Il ajoute que plusieurs officiers s'attendent à voir le bilan s'alourdir, ce qui ne pourrait qu'ébranler ce qui reste d'appui au Canada pour cette mission. Et si le Canada n'arrive pas à rétablir le calme dans des territoires plus étendus afin de permettre la reprise des opérations de développement, «on doit se demander si ce n'est pas toute la mission qui est en péril», conclut-il.
Diversité
Pour souligner la Fête du Canada, dimanche dernier, [le Toronto Star a publié une série d'articles sur le multiculturalisme->7514], qui est aussi un sujet de débats au Canada anglais. La diversité culturelle, largement célébrée par le Star, s'accompagne de défis complexes, relève le quotidien, tant pour le pays que pour les différentes générations d'immigrants. Les nouveaux arrivants sont souvent aux prises avec de la discrimination sur le marché du travail et une intégration économique difficile, ce qui peut mener à la pauvreté, pousser à la ségrégation et nourrir les tensions. «En même temps, il y a des incidents dérangeants qui laissent entrevoir un fossé culturel entre certains Canadiens», continue le Star en mentionnant entre autres les jeunes sportives musulmanes exclues des compétitions au Québec parce qu'elles portaient le voile. Le Star affirme que le plus gros changement ne fut pas la politique sur le multiculturalisme mais l'abandon, en 1967, des critères de sélection des immigrants, fondés sur le pays d'origine et qui favorisaient les pays européens. Des gens de partout ont alors cogné à nos portes. Aujourd'hui, bien des jeunes Canadiens de la deuxième génération sont à cheval sur deux mondes, voulant être fidèles à leur famille et à leurs traditions tout en adhérant aux principales valeurs canadiennes, ce qui peut provoquer des conflits avec leurs parents. Le Canada, dit le Star, n'a pas connu les tensions qu'ont connues certains pays européens, «mais si nous ne demeurons pas conscients des différences culturelles ainsi que des défis et des occasions qui les accompagnent, le Canada pourrait subir des tiraillements similaires. Changer n'est jamais facile, et le dialogue entre les cultures et les générations est crucial pour tous les Canadiens». Tout comme le fait de poser les questions difficiles, conclut le Star.
Ah! 1967!
Que faisiez-vous l'été de l'Expo? On se pose la question au Canada anglais, mais pour une autre raison. 1967 était l'année du centenaire de la Confédération et les gens célébraient partout. «L'avenir était devant nous, à prendre à bras-le-corps comme jamais auparavant... ni depuis», écrit Janice Kennedy dans le Ottawa Citizen. «Le fil conducteur de tout cela était la conviction qu'il s'agissait d'une époque excitante à vivre. Et être jeune en 1967, c'était comme être au sommet du monde.» Selon elle, cette grande embrassade a duré presque dix ans grâce à la convergence de deux générations, celles des parents de la guerre et des baby-boomers, sûrement la génération la plus chanceuse de l'histoire. Tout était nouveau, et chaque jour offrait de nouvelles possibilités, dit-elle. De nos jours, déplore-t-elle, la «canadianité» a perdu son enthousiasme, se limitant à des considérations qui tournent autour du fardeau fiscal et des bilans comptables. Quel contraste avec l'année de ses 20 ans, qu'elle décrit longuement et avec nostalgie. (Emploi d'été à Québec et visite à l'Expo, quand même!) Depuis, «nous avons laissé nos horizons rétrécir», constate-t-elle avant de conclure sans merci: «Quand le fait de compter ses sous devient la première vertu nationale et que la vision politique ne va pas plus loin que les prochaines élections, la ferveur ["the spirit"] s'étiole.»
mcornellier@ledevoir.com


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