La langue sale à Cassivi est-elle soluble dans La Presse ?

Chronique de Jean-Pierre Durand

PRÉAMBULE: Samedi passé, la bonne fortune me courait après: je reçus rien de moins que La Presse gratos en achetant mon Devoir au dépanneur du coin. Deux journaux pour le prix d’un seul! Oh, ça ne change pas le monde, mais cela m’a quand même fait plaisir. Ne cherchez aucune ironie dans mon propos, car le quotidien de la rue Saint-Jacques n’est pas ce que vous pensez. Je tiens cela de ce diable de Foglia qui a réussi à m’arracher une larme, dans sa chronique du 9 juin ([« Pro domo, pour ma maison »), en m’apprenant que La Presse était – attachez vos tuques avec de la broche, car ça va fesser – quelque chose comme un nid de gauchistes et de séparatistes! À la barbe de Paul Desmarais? Même pas! Tout porte à croire que le sérénissime seigneur du château de Sagard serait un émule de l’industriel Armand Hammer, vous savez, cet Américain, capitaliste et socialiste à la fois, qui était à tu et à toi avec Lénine. D’où la rumeur persistante à l’effet que madame Desmarais se serait fait confectionner par un grand couturier parisien deux petits carrés de feutre rouge pour cacher ses… quand elle prend ses bains de soleil.]
En parcourant le journal, donc, je suis tombé sur la chronique de Marc Cassivi (« La langue d’Ariane»), dans laquelle celui-ci trouvait que la chanteuse Ariane Moffatt avait eu du front d’interpréter des chansons en anglais dans le cadre des FrancoFolies. Il semblait se réjouir du même souffle qu’il n’y ait pas eu de réaction indignée de la part de l’auditoire. Il expliquait la chose en disant que « l’anglais n’est plus, pour la plupart des Québécois de moins de 40 ans, la langue de l’"ennemi"».
Cette idée d’interpréter des chansons en anglais aux Francos n’est pas neuve, car d’autres l’ont fait par le passé (je pense à Marie-Jo Thério, entre autres). Si Cassivi m’apprenait par contre qu’une tendance lourde se dessinait chez les chanteurs anglophones, d’ici ou d’ailleurs, à savoir de pousser quelques chansons en français, là il y aurait matière à tomber de sa chaise, car la chose est rare comme de la merde de pape.
De la même manière, il n’y a rien d’étonnant à ce que les radios francophones nous abreuvent de chansons en anglais jusqu’à plus soif. Par contre, ô combien nous serions estomaqués si les radios anglophones glissaient de temps en temps quelques chansons en français. Que nenni! La plupart des anglophones n’en veulent pas ni n’achètent – au propre comme au figuré – notre culture. Ce n’est pas de la xénophobie de leur part, mais tout simplement de l’indifférence crasse. Nous sommes une bourgade et ils sont un empire… alors certains ont la grosse tête.
Il y a une mode anglophile qui se propage dans le monde à l’heure de la mondialisation, ce qu’on peut appeler aussi l’expansionnisme de la culture anglo-américaine, dont l’anglais est le principal vecteur. Vu sa situation géographique, le Québec n’y échappe pas, d’autant qu’il a en son sein des propagandistes du bilinguisme, du multiculturalisme et du je-m’en-foutisme.
Par conséquent, ce n’est pas tant ce que Cassivi dit sur Ariane Moffatt qui me dérange… même que cela ne me fait pas un pli sur la différence, mais la suite du texte où il écrit « que l’on a intérêt à maîtriser (l’anglais) si l’on veut s’ouvrir au monde». Voilà, encore un! comme Elvis Gratton (mais au moins celui-ci était un personnage créé pour illustrer notre acculturation), qui ne jure que par l’anglais pour la fameuse « ouverture au monde», comme d’autres ne jurent que par McDonald pour apprécier la gastronomie américaine. Cassivi porte des œillères s’il prête à l’anglais un tel rôle colossal sans s’interroger, sans être plus critique. Au lieu de faire preuve de conformisme étroit, il pourrait voir plus loin que le bout de son nez.
Et Cassivi y va ensuite de ses attaques habituelles contre les indépendantistes aux « réflexes réactionnaires», aux « délires paranoïaques», « qui voient partout, jusque dans leur soupe aux pois, des "méchants anglophones et fédéralistes" menacer l’avenir du Québec». Et il en cible un en particulier: Mario Beaulieu. Évidemment, Cassivi avait pris soin quelques lignes plus haut de se déclarer lui-même indépendantiste, pour se donner bon dos ensuite d’attaquer les indépendantistes qui défendent le français. C’est inouï comme il s’en trouve (j’en parlais dans mon préambule) des indépendantistes à La Presse, des indépendantistes atypiques qu’on ne voit nulle part dans les événements indépendantistes, qui le jour des élections invitent à annuler leur vote (Foglia) et qui à tout bout de champ conchient les nationalistes et leur reprochent tous les péchés du monde. Ces mêmes journalistes ne disent, par exemple, pas un traître mot sur le fait que United Irish Societies of Montreal organise annuellement sa St. Patrick’s Parade en faisant fi du français et en « oubliant» que bon nombre de Québécois francophones sont des descendants des Irlandais et portent fièrement un patronyme irlandais. Ces mêmes journalistes qui n’ont de cesse de fustiger le nationalisme québécois (pourtant inclusif) sont habituellement peu diserts quand il s’agit de l’étalage du nationalisme canadien subventionné par Ottawa.
En deux coups de cuillère à pot, Cassivi pense sûrement qu’il a cloué le bec aux indépendantistes, alors qu’il n’a fait que démontrer son ignorance du sujet dont il parle. Son ton méprisant et calomnieux à l’endroit de Mario Beaulieu est consternant. Je tiens personnellement (et je sais fort bien que je suis loin d’être le seul) Mario Beaulieu comme l’un de nos plus importants défenseurs du français. Je le connais assez aussi pour dire que les intentions malveillantes que lui prête Cassivi sont un tissu de mensonges. Mario Beaulieu n’est en aucun cas et d’aucune manière quelqu’un d’hostile aux anglophones, ni encore moins quelqu’un qui les pourchasse. Par contre, il est bien le défenseur du français comme langue commune et officielle du Québec, s’efforçant avec les moyens réduits à sa disposition de tout mettre en œuvre pour éviter la bilinguisation du Québec, bilinguisation qui paverait la voie à l’assimilation, comme ce fut le cas dans les autres provinces, et qui fait qu’aujourd’hui les francophones hors-Québec perdent du terrain d’année en année, quand ils subsistent encore. Mario Beaulieu n’a jamais été contre le bilinguisme culturel, ni contre l’apprentissage d’autres langues. D’ailleurs, toutes les activités de la SSJB et du MQF sont suivies par de plus en plus de Québécois d’origines diverses. Il y a deux ans, pour ne fournir qu’un exemple, j’avais organisé une soirée irlandaise pour la Saint-Patrick à la maison Ludger-Duvernay. Nous avions un conteur qui a parlé en français et en gaélique, alors que les chansons que nous faisions jouer étaient en anglais et que nous avions de la bière irlandaise. C’est Mario Beaulieu qui présenta les invités. Peut-on en dire autant de l'« ouverture au monde» (ne serait-ce qu’au monde francophone) des organisateurs de la St.Patrick's Parade?
Enfin, pour conclure sur la Fête nationale, dont l’indépendantiste atypique Cassivi avoue ne pas être « friand des enthousiasmes nationalistes», ni « de l’agitation de drapeaux en général et du patriotisme exacerbé en particulier», rappelons que le choix de présenter un spectacle en français au parc Maisonneuve ne vise pas à brimer d’autres langues, mais à promouvoir cette journée-là en particulier la langue française comme langue commune et officielle. On ne répétera jamais assez cette phrase de Bourgault : « Quand nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie d’une seule.» Devinez laquelle, monsieur Cassivi?
S’offusquer que des chansons ne soient pas interprétées en anglais ce soir-là est ridicule, car la chanson en anglais est largement diffusée et accessible tous les jours de l’année dans tous les coins du Québec. Elle est omniprésente dans les médias francophones et on l’entend même aux FrancoFolies, si je me fie à votre papier. Que vous faut-il de plus, monsieur Cassivi? Qu’on chante en anglais jusque sur la scène du parc Maisonneuve le 24 juin au soir pour que vous soyez satisfait? Que l’on fête à Montréal la St. John the Baptist Day tout en anglais comme c’est devenu le cas dans certaines communautés naguère franco-américaines de la Nouvelle-Angleterre? Vous en demandez beaucoup! Et, veuillez m’excuser de vous retourner l’ascenseur, seriez-vous par hasard un brin… francophobe?

Plutôt que de demander qu’on exauce vos vœux, monsieur Cassivi, commencez donc d’abord par écrire une partie de vos chroniques en anglais dans La Presse pour donner l’exemple aux générations futures. Vous deviendrez alors en un rien de temps l’idiot utile de notre assimilation!


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15 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2012

    Si un jour j'entends de la chanson francophone dans une station de radio anglophone alors je penserai qu'aux yeux du monde anglo et franco sont égaux.
    Je me demanderai si je rêve et si c'est le cas jamais je ne cesserai d'en rêver

  • Archives de Vigile Répondre

    26 juin 2012

    Je diffuse votre texte autant que je peux car il bien plus loin que ce qu'un idiot percevrait comme une chicane de balcon entre vous et Cassivi.
    Votre texte met encore à jour et condamne le mensonge étatisé que nous devons continuer de combattre.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 juin 2012

    Je ne peux dire que merci M. Durand d'exprimer si clairement certaines vérités.
    L'HYPOCRISIE DES LARBINS ET DES SERVITEURS RAMPANTS NOUS DONNERA TOUJOURS LA NAUSÉE.
    LA VÉRITÉ EST DE NOTRE CÔTÉ, NOUS DEVONS CONTINUER D'ESPÉRER SA VICTOIRE.
    VIVE LE QUÉBEC LIBRE ET FRANÇAIS.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juin 2012

    Monsieur Durand, merci d'avoir écrit ce texte et souhaitons que M.Cassidi le comprendra. Il ne faut pas oublier que les critiques sont parfois des ratés sympathiques comme le chantait Charlebois.

  • Louis Méthé Répondre

    23 juin 2012

    En fait d'ouverture au monde la langue anglaise ouvre sur le monde de langue anglaise. L'anglais est une langue largement répandue et s'est imposée comme langue véhiculaire par excellence sur la planète. Cela donne l'impression d'en faire un moyen d'ouverture sur le monde. Toutefois cette ouverture est factice. Que passe-t-il entre un Espagnol et un Chinois qui se parlent en anglais. Pas grand chose hormis un paquet de lieux communs sans grand intérêt. De plus les Anglo-saxons eux-mêmes sont très fermés aux réalités qui ne sont pas les leurs bien qu'ils aient, parait-il, inventé le tourisme.
    La vrai ouverture sur le monde, celle qui met véritablement les gens en contact est celle qui consiste à entrer directement en communication en utilisant la langue de l'autre, C'est le seul moyen de découvrir sa réalité et de le comprendre. Le mieux pour s'ouvrir sur le monde autre que celui de l'Anglosphère c'est de faire comme si l'anglais n'existait pas.
    Évidemment cela exige un effort. L'anglais c'est l'ouverture au monde des paresseux et de ceux qui se contentent de peu.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2012

    Un gros Bravo M.Durant, vos textes sont toujours génials.
    Dans celui-ci se pourrait-il que le jour oû M.Foglia fait une très rare sinon unique déclaration de sa sincère foi indépendantiste et la gratuité de la grosse Presse ait un lien?
    Depuis ce jour, les liseux de Presse se disent offusqués des critiques sur leur grand journal et nous jurent de la grande liberté de tous les journalistes sauf bien sur du rédacteur en chef...

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2012


    Bien.
    En ce qui me concerne, ce texte me rejoint tout à fait si on s'en fie à ce qui suit : http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/a-vous-la-parole/2012/la-langue-eternellement-fourchue-de-gesca.html
    Hélas les propos de M. Marc Cassivi semblent - une fois de plus - relever de cette attitude, désormais proverbiale, voire caricaturale, de celui pour qui une parfaite inintelligence des enjeux linguistiques en cause participe tout simplement de... l'ouverture d'esprit (et ouverture au monde, par voie conséquence, comme de bien entendu).
    Il faut bien le dire sans détour : c'est typique, absolument typique, du comportement du colonisé.
    Or du fond de cet abîme-là, si on me permet de paraphraser Napoléon, deux mille ans nous contemplent. Encore et toujours.
    Dieu que nous sommes un peuple qui piétine !
    Il est vrai que tous les Gesca des lieux, ainsi que leurs thuriféraires et autres volontaires de l'asservissement... volontaire, s'affairent activement et en permanence à maintenir la cadence de ce piétinement.
    C'est-à-dire : se diriger vers nulle part en donnant l'illusion du mouvement.
    Affadissement et dégénérescence de la collectivité à la clé.
    Et il y a toujours des Marc Cassivi qui se bousculent au portillon pour répéter le mantra des maîtres : « Se respecter soi-même tient du fanatisme et de la xénophobie ! ».
    Répéter le mantra des maîtres.
    Contre argent sonnant. Comme de bien entendu.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2012

    Rien d'étonnant de la part de Marc Cassivi!
    Il affirmait que les frères Cassivi s'expriment fréquemment en anglais entre eux. C'était plus naturel disait-il... Il vient de l'ouest de l'île et tout le monde sait que la lingua frinca n'est pas le français.
    la conjointe de Cassivi, Rima Elkouri, écrivait que son conjoint (sans le nommer) était gaspésien voire même que leurs enfants étaient à moitié gaspésien...
    Elle voulait s'attirer la sympathie des lecteurs de La Presse car les accusations de xénophobie et de racisme à l'encontre des francophones sont nombreuses dans ses chroniques..
    http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/rima-elkouri/201203/16/01-4506062-lhysterie-halal.php
    Voyez-vous pourquoi il faut se méfier de certains chroniqueurs car leur éthique journalistique et leur honnêteté intellectuelle sont déficientes...
    Rima Elkouri n'a aucune gêne à utiliser le mensonge et la fourberie dans ses chroniques...
    http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/rima-elkouri/201203/19/01-4507235-ok-je-retourne-dans-mon-pays.php

  • Jacques Dubreuil Répondre

    22 juin 2012

    Qu'il est triste de voir un colonisé comme Cassivi! Mais il ne faut pas oublier qu'être colonisé, c'est une maladie de l'inconscience, un peu comme l'alcoolisme. Sinon, il serait facile de les maudire ou de les guérir. On me dira qu'il y a aussi quelque chose de crasse dans la mentalité du colonisé. J'admets. Et de la honte, et de la peur aussi. Résultat de 262 ans de domination par des impérialistes passés maîtres en humiliation des peuples.

  • Claude G. Thompson Répondre

    22 juin 2012

    M. Durand.
    Cassivi fait partie du cercle restreint de cette prétendue « intelligentsia » qui se targue d’être critique en matière de culture. Les entendre discuter entre eux et juger avec détachement de la valeur de tel ou tel film, de tel ou tel livre, de tel ou tel spectacle, concert, performance… ne peut que laisser dubitatif tout individu le moindrement cultivé tout en nous faisant réaliser combien le nivellement par le bas est devenu la marque de commerce de nos réseaux d’information comme de trop de nos journaux ou de nos organes de presse.
    Bravo pour votre mise en lumière du peu reluisant constat que nous pouvons en faire.
    Claude G. Thompson

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    22 juin 2012

    Curieux que nous ayons toujours eu des frictions avec les gens dont les noms se terminent par une voyelle...
    C'est historique. Les méditerranéens surpeuplés dans leurs pays millénaires trouvent au nord de l'Amérique du Nord une tribu facile à grignoter parce que différente et dominée, timorée par des siècles d'agression. Agression qu'on voudrait fatale, l'élection pour un quatrième mandat d'un émissaire-hâbleur apte à convaincre la classe laborieuse qu'elle sera mieux dirigée par un royaume conquérant que par un peuple dont l'accouchement répand beaucoup de rouge.
    Trompeurs, ces bôgosses à la diction soignée, bien assis dans un siège médiatique, ne sont pas différents de nos premiers radiophoniques qui "perlaient" à la française pour se valoriser. Or maintenant, ils frappent un mur: nos étudiants s'assument, s'expriment en un français articulé et démuni d'émotivité même quand on les presse... Un pays se lève, fier de ce qu'il est, peu impressionné par les finales en voyelle et brave comme les patriotes au moment où le mépris se fait trop évident.
    Vive le Québec décomplexé!

  • Pierre Schneider Répondre

    22 juin 2012

    Je n'ai rien contre les chansons de langue anglaise, il en est qui sont excellentes et que nous avons tous fredonnées.Mais chanter en anglais aux Francofolies est
    pour moi une insulte à Sa Majesté la langue française à laquelle on n'accorde que peu d'espace public dans ce Québec qui se veut francophone.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2012

    Être anglophile dans un contexte normal, ce type de rapport que l'on retrouve par exemple entre la France et l'Angleterre où malgré la caricature il existe un certain respect mutuel, c'est une chose.
    Récemment à la faveur d'un reportage sur Télé5, j'ai appris qu'entre Élisabeth et sa mère, les échanges en français étaient monnaie courante quant elles voulaient que les autres ne comprennent pas de quoi il était question...
    Mais l'attitude de Cassivi c'est autre chose. Elle révèle que l'on peut franchir la frontière entre la philie et la manie. Et généralement on ne le sait même pas. Or la manie, ici l'anglomanie, c'est une pathologie...
    Ça fait un petit moment déjà que je soupçonne ce con d'en être atteint de façon irrémédiable.

  • Jean-François Vallée Répondre

    22 juin 2012

    ...et vlan dans les dents. Bravo ! (Et très bien écrit, à part ça : c'est mieux écrit que les chroniques de Foglia, de Cassivi et que tous les éditorialistes de la Presse).

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2012

    Bravo et encore Bravo M.Durand. Cassivi méritait de se faire mettre à sa place comme vous l'avez fait.