Non. Nous ne sommes pas des immigrants et nous ne l’avons jamais été.

Chronique de André Sirois

J'ai été étonné et choqué –au sens français du terme--de lire récemment dans une chronique de Jean-François Nadeau, dans Le Devoir: "Au Québec, moins de 3 % de la population — les Autochtones répartis en onze nations — ne sont pas le fruit de l’immigration."

C'est une erreur. "Nous sommes tous des immigrants" est un grossier bobard lancé par PET et le Parti libéral du Canada dans les années 70 qui n'a absolument aucun fondement. Je m'occupe d'immigration à divers titres depuis l’arrivée des réfugiés hongrois à Québec en 1956, notamment pour le Gouvernement du Canada et pour la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, et je n'ai jamais rencontré un historien ou un avocat sérieux qui maintenait cette affirmation. Mettons que je serais bien curieux de connaître ses sources à ce sujet.

Ce qui est reconnu et admis, et bien documenté, c'est qu'en fondant Québec, à l'invitation des Indiens et sans guerre d'invasion ou de conquête, fait unique dans l'histoire des colonisations on ne le répétera jamais assez, Champlain a établi une colonie française et que, comme dans toutes les autres colonies, les Français qui sont venus s'y établir et, ensuite, ceux qui y sont nés, sont restés ou sont devenus par la naissance des citoyens français relevant de l'administration française, tous sujets du roi de France. Il existe encore plus de 150 ans de documents administratifs confirmant ce fait, tant en France qu’au Québec et au Canada. C'est pour cela que, 150 ans plus tard, des 70 000 colons et administrateurs français sur place à la défaite de la Nouvelle-France ceux qui le voulaient, et qui le pouvaient, ont pu retourner en France. (D'ailleurs les Canadiens francophones peuvent encore se prévaloir de ce lien pour se faire octroyer la citoyenneté française.) Les autres sont passés de sujets français à sujets britanniques sans avoir jamais immigré où que ce soit.

Depuis au moins 500 ans, les Canadiens français n’ont jamais été "immigrants" ni en Nouvelle-France, ni au Canada. Et ils jouissent de titres parfaitement légitimes qui ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux des "immigrants".


André Sirois

Avocat auprès de l’ONU

 



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7 commentaires

  • Réjean Labrie Répondre

    19 août 2023

    Me Sirois a parfaitement raison.


    L'une des idées reçues les plus tirées par les cheveux consiste à prétendre que tout le monde doit être considéré comme immigrant, et que par conséquent, il faudrait en accueillir sans limite aucune ni critères de sélection spécifiques.


    Commençons à déboulonner cette vue de l'esprit simpliste par une affirmation incontestable:


    Les Québécois de souche ne sont pas des immigrants, ils sont le peuple fondateur de la nation.


    Ce sont là 2 choses tout à fait différentes et mutuellement exclusives.


    Procédons à une analyse comparative qui le démontrera point par point.


    1- Nous sommes les descendants directs du pays, la France, qui a fondé et pris possession du vaste territoire qui est le nôtre depuis lors. Nous sommes ici depuis le premier jour. Nous avons planté la croix de prise de possession aux côtés de Jacques Cartier sur la rivière Saint-Charles. Nous étions aux côtés de Samuel de Champlain lorsqu'il bâtit son Habitation.


    Les immigrants, eux, viennent d'ailleurs. Ils ne peuvent remonter à 10 ou 12 générations en arrière en droite ligne comme nous.



    2- Nous parlons la même langue maternelle française depuis les débuts de la colonie, pour laquelle nous avons un attachement viscéral.


    Contrairement aux immigrants allophones qui doivent l'apprendre avec réticence et qui ne développeront jamais un réel attachement pour cette langue, optant pour l'anglais dès que faire se peut.


    3- Nous sommes le peuple qui avons défriché, développé, colonisé, délimité et organisé le territoire vague à ses débuts. Nous en sommes les premiers bâtisseurs stables (par opposition aux premières nations nomades).


    Nous avons apporté la civilisation moderne, ses institutions raisonnées, ses structures complexes, la science, la médecine et la technologie. Bref, il s'est produit un passage net à un niveau supérieur d'organisation sociale communément appelé le progrès.


    Comme c'était la définition acceptée à cette époque, c'est à ce moment que commence un nouveau pays. La Terre entière était faite pour être découverte, habitée, colonisée et développée. C'est ce que nos illustres prédécesseurs ont accompli. Ils ont fait les premier pas, nous les suivants.


    Les immigrants ne s'y sont ajoutés qu'une fois tout ce système, tout cette organisation mise en place.


    4- Nous perpétuons les règles de vie de nos ancêtres; notre système de valeurs est dans le prolongement de celui qu'ils nous ont légués; nous avançons dans une continuité linéaire. Tout cela est naturel et coulant pour nous.


    Les immigrants viennent d'autres traditions et moeurs dont certaines s'avèrent difficilement compatibles, et se montrent parfois même réfractaires aux nôtres, qu'ils refusent obstinément d'adopter, tout en cherchant à imposer les leurs.



    5- Notre culture prend ses racines dans la vaste et riche culture française.


    Les immigrants viennent d'une autre culture d'origine.


    6- Notre culture actuelle reflète adéquatement ce que nous sommes, nous oriente et nous nourrit.


    Nombre d'immigrants ne s'identifient pas vraiment à elle et il est à déplorer que bien peu d'entre eux y participent activement en la consommant au quotidien.


    7- Notre héritage religieux chrétien qui guide toujours notre vision morale du bien et du mal se maintient. La spiritualité, ce n'est pas une simple question d'être pratiquant ou non. C'est une grille d'évaluation générale des actes humains. Des siècles de réflexion ont formé la psyché des occidentaux.


    Les immigrants appartiennent souvent à d'autres confessions, parfois en conflit direct avec la nôtre, surtout lorsqu'ils cherchent à appliquer leurs préceptes religieux archaïques dans la vie courante.




    8- Nous vivons dans le respect de nos traditions séculaires et du mode de vie transmis de génération en génération, éléments qui évoluent sensiblement et naturellement au fil des années.


    Certains immigrants arrivent ici sans désir d'intégration crédible, cherchent à implanter leur mode de vie d'origine et tentent de changer les règles acceptées du bien-vivre ensemble pour servir leurs intérêts.



    9- Nous avons le respect du patrimoine, de notre histoire, de nos aïeux. Ces choses nous parlent encore, viennent nous chercher. On y est attachés.


    Les immigrants restent pour la plupart indifférents à ces aspects, et insensibles à la nécessité de leur préservation.





    10- Les Québécois de souche partagent une inquiétude découlant de l'incertitude de leur survie future en terre d'Amérique.


    Les immigrants ne se sentent pas concernés et ne nous soutiennent peu ou prou dans la défense légitime de notre droit à l'épanouissement et à la prospérité dans la durée des choses. Ils se fichent que le peuple québécois disparaisse un jour, en autant qu'eux demeurent canadiens.


    11- Les Québécois de souche ont un profond sentiment d'appartenance à la nation qui les a vus naître.


    Les immigrants ne le partagent qu'exceptionnellement, et alors à un degré beaucoup moindre. Ils continuent à prendre pour leur équipe de soccer et à célébrer leur fête nationale par exemple.


    * * *


    On pourrait poursuivre longtemps l'énumération des éléments qui différencient nettement les 2 catégories, tant la distinction est facile à établir entre peuple fondateur et immigrants.


    Les multiculturalistes, interculturalistes, mondialistes, diversitaires et autres anéantisseurs des identités nationales précises, qui prétendent effrontément que le pays ne serait composé que d'immigrants ont bien entendu une idée derrière la tête dont nous ne serons pas dupes: ils cherchent à gonfler l'importance des minorités en relativisant l'apport du peuple québécois de souche, en minimisant son mérite d'avoir su conserver intacte une identité collective distincte, en contestant son statut de nation fondatrice, en lui niant son droit inaliénable de propriété du territoire qui est le sien depuis 500 ans.


    Gardons la tête haute, avançons ensemble d'un pas assuré, mus par la confiance inébranlable de savoir qui nous sommes vraiment, curieux et confiants d'envisager ce que nous serons demain: toujours et encore plus québécois!


    Les Québécois de souche sont loin de n'être que des immigrants, peu s'en faut. Ils sont le peuple fondateur de la nation qui est la leur.


    Référence: Les Québécois de souche sont loin de n'être que des immigrants


  • Frédéric Charest Répondre

    4 mars 2023

    C'est vrai et ça ne plait pas à la diversitance inclusivitaire..


    Je me demande ce que John Grisham penserait de tout cela.


    https://laws.justice.gc.ca/fra/lois/C-46/section-181-20030101.html


    https://laws.justice.gc.ca/fra/lois/C-46/section-181-20190621.html#wb-cont



    Ce règlement est abrogé, caduc ou non en vigueur depuis le 2019-10-17.


    Règlement concernant le registre de vaccination et les manifestations cliniques inhabituelles temporellement associées à une vaccination, RLRQ c S-2.2, r 4 


    https://www.canlii.org/fr/qc/legis/regl/rlrq-c-s-2.2-r-4/derniere/rlrq-c-s-2.2-r-4.html


    Ils ont changé le titre rétroactivement à l'abrogation du: 


    ''registre des vaccins et des effets indésirables''. novembre 2019



    Tom Cruise a du prendre de bonnes vacances après ce bon thriller juduciaire:


    La firme


    Titre original : The Firm



    https://www.imdb.com/title/tt0106918/



    Un grand merci pour votre article et de montrer vigile.


  • François Champoux Répondre

    26 février 2023

    Bonjour Maître Sirois,


    Merci de votre réflexion.


    Après lecture de votre texte, je me demande si nous ne sommes pas plutôt tous des colonisés (fruit du colonianisme) puisque nous sommes tous des immigrants de quelque part?


    Né à Yamachiche, j'ai immigré à Trois-Rivières après mes études pour gagner ma vie. Mon père est né à Montréal nord alors que ce faubourg était encore une campagne; il a immigré à Yamachiche pour enseigner les rudiments de l'agronomie après ses études à l'école d'agronomie d'Oka. Et ainsi de suite pour l'ensemble des humains de la planète: nous immigrons tous en quelque part, et nous sommes alors considérés comme des étrangers. J'ai toujours vécu avec ce sentiment de "n'être pas d'ici", là où je vivais.


    Qui peut maintenant vraiment imposer à autrui ses vues sur l'autre qui n'est pas né ici... et là?


    Vous qui travaillez pour l'ONU (ce gouvernement mondial qui tente d'aipaiser les tensions entre les pays), n'avez-vous pas des fois le goût d'inventer un nouveau gouvernement mondial qui ferait voler en éclat le droit des nations sur les gens et les autres nations. Oui je conçois très bien que le droit doit être fondé sur la volonté des gens, mais celui-ci (le droit) ne respecte-t-il pas trop le passé et les traditions au détriment des humains de maintenant d'où qu'ils viennent? 


    François Champoux, Trois-Rivières


    • André Sirois Répondre

      5 mars 2023

      M. Champoux,
      C'est intéressant mais je crois que vous confondez "déménagements" et "immigration". L'immigration suppose le passage dans un pays étranger pour en devenir citoyen.
      André Sirois

      • François Champoux Répondre

        6 mars 2023

        Peut-être bien Maître Sirois; mais pour avoir vécu quelques fois dans ma vie le "déménagement" d'une cité à l'autre, je peux vous certifier que les mentalités sont souvent très différentes d'une cité à l'autre, et que l'étranger est vite classé comme tel.
        Nous ne sommes plus au temps des anciens où d'une ville à l'autre c'était comme changer de pays, je vous l'accorde, mais comme citoyens de villes et villages, j'ai souvent observer que l'esprit de clocher est toujours très vivant: nous n'avons pas évolué beaucoup et notre chauvinisme est indélébile au Québec; ça se lit même beaucoup dans certains journaux électroniques...

  • Réjean Labrie Répondre

    24 février 2023

    Me Sirois a parfaitement raison.


    Plus de 118 000 personnes ont réfléchi sur mon article de 2015 qui va dans le même sens :



    Issus directement des défricheurs du pays


    Les Québécois de souche ne sont pas des descendants d'immigrants


    Ils ont fondé et bâtit la nation




    Cliquez ici:  Les Québécois de souche ne sont pas des descendants d'immigrants 



    et par la suite également sur celui-ci:


    Le peuple fondateur de la nation, c'est Nous


    Les Québécois de souche sont loin de n'être que des immigrants


    Ne confondons pas peuple fondateur et immigrants


    Cliquez ici:  https://vigile.quebec/articles/les-quebecois-de-souche-sont-loin-de-n-etre-que-des-immigrants


  • Normand Bélair Répondre

    23 février 2023

    Paarfaitement d'accord avec vous!


    Quand les Français ont traversé l'Atlantique et sont arrivé ici, ils étaient toujours...en France! Ils ne sont pas arrivé ici avec une demande d'immigration.