La souveraineté pour les nuls

Texte à retenir et à rappeler en temps opportun...

Il s'en passe des choses au sein du mouvement souverainiste! Les vieux chefs, Bernard Landry et Jacques Parizeau, critiquent l'approche modérée de Pauline Marois. Ce dernier va même jusqu'à rendre un hommage perfide à Gilles Duceppe. Une cinquantaine de jeunes militants, proches du Bloc, en remettent. Mais un collectif d'une centaine de cadres péquistes se porte à la défense de leur chef.
Ce n'est pas toujours facile de saisir les nuances de cette chicane de famille, avec son vocabulaire et ses rituels. Voici donc un petit lexique, pour aider les Québécois perplexes à se retrouver.
Débat d'idées - Terme utilisé par les protagonistes pour décrire les soubresauts de leur crise interne et lui donner un certain panache. Le pluriel est abusif. Il n'y a plus de débats d'idées au PQ, mais un débat sur une seule idée: l'indépendance et les façons de la réaliser.
Souveraineté (ou indépendance) - Raison d'être du PQ. Face à une impasse, parce que le projet souverainiste a subi deux échecs référendaires, et qu'un troisième référendum serait lui aussi battu. Cette absence de progrès, qui prend un caractère tragique avec les ravages du temps, explique l'état de crise permanent du parti. Comment faire la souveraineté quand une majorité de Québécois ne la veut pas?
Article 1 - Deux approches s'affrontent pour répondre à cette question insoluble: les impatients et les prudents, ceux qui veulent foncer, et ceux qui veulent attendre. Le débat s'articule autour d'un rituel selon lequel les stratégies s'expriment à travers des changements à la formulation du premier article du programme, celui qui décrit l'objectif fondamental.
Caribous - Terme péjoratif utilisé par les prudents pour décrire les impatients, une référence aux fâcheuses tendances suicidaires de l'animal. Les impatients veulent forcer un futur gouvernement péquiste à tenir un référendum le plus rapidement possible après une victoire électorale, pour que la ferveur militante ne soit pas émoussée par l'ivresse du pouvoir. Cette stratégie repose sur le pari que l'intensité et la polarisation d'un débat référendaire créeront un climat favorable à la souveraineté. Les caribous se recrutent surtout aux deux extrêmes de la pyramide des âges.
Conditions gagnantes - Terme inventé par Lucien Bouchard, alors premier ministre, pour décrire la stratégie des prudents, qui ne veulent pas imposer au Québec un troisième échec. Elle consiste à dire qu'on ne déclenchera un autre référendum que lorsqu'on sera certain de le remporter. Le choix de la formule est important, parce qu'il faut à la fois rassurer les électeurs modérés sans démobiliser les militants.
Certitude morale de l'emporter. - Même concept, formulé par Bernard Landry, alors premier ministre.
Moment opportun - Même concept, formulé par Pauline Marois qui refuse d'être prisonnière d'un calendrier référendaire et qui a admis que ce moment opportun pourrait être lointain.
Gouvernement provincial - Mot honni. Le PQ veut remporter les élections pour réaliser la souveraineté, pas pour gérer le gouvernement d'une province. On utilise malicieusement le terme pour décrire les intentions inavouables des modérés.
Gouvernance souverainiste - Nouveau concept, inventé par Mme Marois pour combler le vide créé par la remise du référendum aux calendes grecques. La stratégie consiste à aller chercher des pouvoirs à la pièce, en espérant sans doute que des refus fédéraux réveilleront la ferveur.
Autonomie - Cette stratégie de gouvernance souverainiste a été qualifiée d'autonomiste, une insulte pour un PQ.
Troisième voie - Un nouveau courant de souverainistes qui concluent que l'objectif n'est pas atteignable et qu'il faut travailler à d'autres enjeux prioritaires. Ce point de vue est cependant banni au sein du PQ et doit s'exprimer sur d'autres forums.
Volonté populaire - Terme absent des débats en vase clos du PQ.


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