Le Canada, la démocratie et l'amérique latine

Lettre au premier ministre et aux chefs d'opposition

Tribune libre

Les milliers de soldats que nous envoyons en Afghanistan risquent quotidiennement leur vie pour servir cette grande cause que nous appelons la DÉMOCRATIE. C’est du moins le discours officiel que vous utilisez pour justifier la participation du Canada à cette guerre. Plusieurs y ont déjà laissé leur vie, d’autres la perdront. Les blessés se comptent par milliers sans prendre en compte ces blessures morales qui les accompagneront pour le restant de leur vie.
Cet attachement officiel du Canada à la DÉMOCRATIE est fortement mis en question lorsqu’on observe les politiques qu’il adopte à l’endroit de certains pays démocratiques de l’Amérique Latine. En tant que canadien, particulièrement attentif à ce qui se passe dans cette région du monde, je suis profondément préoccupé de la politique extérieure de mon pays. Je n’arrive plus à la distinguer des politiques agressives et guerrières de notre voisin du sud, les États-Unis. Les valeurs traditionnelles d’indépendance et de liberté qui ont fait du Canada un pays respecté par les nations se sont, pour ainsi dire, évaporées et perdues dans les ambitions d’oligarchies préoccupées, avant tout, d’ajuster les « démocraties » à leurs intérêts. L’exemple du coup d’État au Honduras illustre bien cette tendance.
Je viens de prendre connaissance de l’intervention récente du représentant officiel du Venezuela auprès de l’Organisation des États Américains (OEA), l’ambassadeur Roy Chaderton Matos. Il a la réputation d’un homme posé et très respectueux des consignes qui régissent la diplomatie. Dans cet exposé il s’en prend à la politique extérieure du Canada, entièrement alignée sur celle des États-Unis et qui, plus est, se permet d’intervenir dans les affaires intérieures de son pays en encourageant et en soutenant la violence. Ce texte, que le lien vous rend accessible en espagnol, mais que vos services extérieurs peuvent vous transmettre en français et en anglais, constitue une interpellation de conscience sur les véritables valeurs qui sous-tendent l’action internationale du Canada. Qui servons-nous vraiment?
Le Venezuela dispose d’une Constitution qui a été votée par le peuple, ce qui n’est pas notre cas, au Canada, où le peuple n’a pas ÉTÉ INVITÉE À VOTER SUR SA CONSTITUTION. Dans cette Constitution, il y a une disposition qui prévoit la possibilité de destituer un dirigeant qui n’est plus à la hauteur de sa tâche, en convoquant un Référendum révocatoire. Déjà en 2004, cette procédure avait été utilisée et le peuple en avait disposé pour réaffirmer sa confiance à son Président. Cette procédure a l’avantage d’être très « démocratique » et, entre autres, permet d’éviter les manifestations de violence qui sont souvent la cause de nombreux blessés et souvent de morts.
Il me semble que le Canada, en tant qu’apôtre international de la DÉMOCRATIE, devrait être en tête de ligne pour défendre la tenue d’un référendum révocatoire comme moyen de résoudre les litiges qui opposent certains groupes de la Société vénézuélienne à l’actuel gouvernement. Cette solution est d’autant plus plausible que le Président lui-même a invité ses adversaires à recueillir les signatures nécessaires pour convoquer ce référendum révocatoire national. Il s’est engagé à en respecter les résultats. Que pouvons-nous demander de plus à un Président élu démocratiquement?
Je termine cette note en interpellant la lecture que le Secrétariat des Affaires extérieures, aligné sur les politiques des États-Unis, semble faire de l’état de la DÉMOCRATIE en Amérique Latine. Je vous réfère à un article qui fait référence à un document rédigé par la CIA et le FBI. Il identifie des pays qui mettent en danger la stabilité de l’Amérique Latine. De quoi faire réfléchir sur le type de démocratie que nous défendons et pour laquelle nous envoyons nos soldats faire la guerre au risque de leur vie et de la vie de bien d’autres.
Oscar Fortin
_ Québec, le 7 février 2010

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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