Le cas Duchesneau

Chronique de Louis Lapointe

Lorsque j’ai vu le procureur-chef de la commission Charbonneau répliquer à Jacques Duchesneau sur la qualité du travail des procureurs de la commission, connaissant le professionnalisme de Sylvain Lussier, je me suis demandé pourquoi il avait personnellement tenu à prendre la parole sur ce sujet sans passer par le responsable des relations publiques de la commission d'enquête comme cela se fait habituellement dans ce genre de situation.
Cela devait être drôlement important!
On a aussitôt insinué qu'il était en mission commandé pour le parti libéral du Québec.
Si cela avait été vraiment le cas, pourquoi Sylvain Lussier aurait-il pris la peine de se sortir la tête, comme il l’a fait, afin d’interpeller Jacques Duchesneau qui semble plus habile à colporter des bobards qu’à divulguer les noms des vrais suspects?
N’a-t-on pas voulu tuer le messager plutôt que de bien écouter le message du procureur Sylvain Lussier qui n'a rien d'un politicien contrairement à Jacques Duchesneau?
***
Jacques Duchesneau se fait présentement du capital politique en multipliant les allégations de corruption sur tous les adversaires de la CAQ sans fournir aucune preuve tangible, aucun nom de témoins, que des allégations dont les fondements ont été sérieusement remis en question par le procureur-chef de la commission Charbonneau.
On comprend aujourd’hui le malaise de Sylvain Lussier.
Le policier Duchesneau ne serait pas le monsieur net qu’il prétend être. C’est, du moins, ce que nous révèlent les journalistes de Radio-Canada qui profitent sans aucun doute de nombreuses sources anonymes, y compris au sein des corps policiers.
Si Sylvie Roy a été la première à réclamer une commission d’enquête sur la collusion et la corruption dans l’industrie de la construction, comme le répète ad nauseam François Legault, c’est probablement sur la base des révélations de nombreux journalistes comme ceux de l’émission Enquête.
Or, ce sont les journalistes de la même chaîne d'information qui ont recueilli les témoignages des deux informateurs anonymes qui ont révélé que Jacques Duchesneau n’avait pas respecté la loi sur le financement des partis politiques lorsqu’il était candidat à la mairie de Montréal en 1998, recueillant secrètement plus de 50,000$ lors d’une soirée de financement et ne déclarant qu’une infime portion de ce montant au directeur général des élections, un peu plus de 2,000$.
***
Enquêtant eux aussi sur le financement illégal des partis politiques dans le monde municipal, les procureurs et enquêteurs de la commission Charbonneau étaient-ils aux faits des allégations révélées par les journalistes de Radio-Canada dans leur reportage d’hier concernant Jacques Duchesneau lorsque Sylvain Lussier a fait sa sortie dans les médias ?
La commission Charbonneau a-t-elle, elle aussi, enquêté sur le cas Duchesneau?
Ceci expliquerait-il cela ?
***
Sur le même sujet :
Des signes avant-coureurs d’une commission d’enquête
Financement lors d'un événement en 1998: Duchesneau nie de nouvelles allégations
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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2012

    Vous êtes avocat, il me semble que la prudence est de mise.
    Est-il vrai que la soirée festive ait raportée dans les $60,000 en dons anonymes? Disons oui.
    Jacques Duchesneau le savit-il alors? Disons non.
    L'a-t-il su après? Bonne question.
    Quand s'il-a appris? Meilleure question.
    À moins de vivre dans l'angélisme, il n'y a pas un seul parti politique au Québec, fédéral, provincial, municipal qui n'a pas besoin d'une 'petite caisse' pour ses 'petites dépenses'. Mde. Marois a été d'ailleurs merveilleuse dans sa réponse à Legault avec sa limite absurde de $4,000,000 par campagne électorale, complètement farfelue, comme le sont 80 de ses propositions, mais c'est un autre débat.
    Le fait est que les limites aux contributions électorales sont idiotes. Elle pourrait être de $10,000, par individus par année, que je serais heureux, à une condition publication immédiate de toutes les contributions supérieures à $100 sur le site du DGE, adresse comprise s.v.p.
    Dans ce cas précis, disons que faire de la politique dans les grandes villes et surtout à Montréal cela demande pas mal de 'petites dépenses' que les organisateurs cachent habituellement à leurs chefs qui de toutes façons ne veux rien voir ou entendre.
    Comme Duscheneau a trainer durant des années la dette de son parti, disons qu'au pire ont peux dire qu'il est difficile d'être propre dans l'auge a cochon.