Le chèque qui fondra

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Comme neige au soleil, comme le fédéralisme...





Nous avons assisté à une discussion musclée concernant les paiements de péréquation entre le maire de Montréal et les élus de l’Ouest canadien. En réaction au rejet du projet d’oléoduc Énergie Est, ils ont été quelques-uns en Alberta et en Saskatchewan à nous rappeler la péréquation que nous recevons.


Les questions qui se sont posées à ce moment furent les suivantes: le maire de Montréal représente-t-il un Québec ingrat et égoïste? Les gens de l’Ouest sont-ils devenus arrogants après les années de vache grasse que leur a apportées le pétrole? L’unité canadienne est-elle menacée? Justin Trudeau devrait-il s’en mêler?


Il m’apparaît qu’une autre question beaucoup plus fondamentale mériterait d’être posée. Pour combien de temps encore le Québec peut-il compter sur un chèque de cette ampleur connaissant l’effondrement du prix du pétrole? La question qui fait bobo: devrions-nous nous préparer à recevoir un, deux ou trois milliards de moins d’ici quelques années?


Danger


Le scénario paraît pourtant clair. La péréquation sert à donner les moyens aux provinces pauvres d’offrir des services publics équivalant aux plus riches. Le calcul est basé sur la capacité fiscale des provinces. Dans la dernière décennie, ce sont essentiellement les provinces productrices de pétrole qui ont mis l’argent dans la caisse: l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve.


Les chiffres sont énormes. Pour l’année en cours, le programme de péréquation redistribuera 17,3 milliards. Le Québec va en chercher 9,5 là-dessus. Pourquoi? Parce que nous sommes une province populeuse et pauvre. L’an prochain, la péréquation distribuera 17,9 milliards et la hausse revient presque entièrement au Québec qui recevra 10 milliards.


Pour permettre aux provinces de planifier leur budget, les montants sont établis à l’avance et le calcul est fait sur une moyenne de trois années antérieures. Cela crée un décalage dans le temps entre la réalité économique et les variations dans les paiements à chacun. Autrement dit, les montants établis pour cette année et l’an prochain sont le résultat de calculs qui datent de l’époque ou les provinces pétrolières imprimaient les piastres.


Un gros trou


Or le portrait a changé. Au fur et à mesure que les données de l’année 2015, puis de l’année 2016 vont entrer dans le calcul, la réalité va basculer. Le baril de pétrole à 30 $, l’économie qui décline dramatiquement en Alberta: la capacité de payer de ceux qui engraissaient la caisse va baisser. Le portrait va changer radicalement... sans parler des pressions politiques des provinces de l’Ouest qui hurlent déjà que la formule avantage le Québec.


Le gouvernement du Québec est donc assuré de dix milliards de péréquation dans la colonne des revenus pour son prochain budget. Mais ensuite? La somme est si colossale qu’une baisse de 10 % ou 20 % perturberait tout l’équilibre des finances du Québec. Il faudrait compenser par des milliards neufs générés chez nous par la super performance de notre économie.


Je suis étonné de n’entendre personne préparer ce scénario.


Perdre des milliards? Je vous rappelle que nous avons failli fermer des centres de désintox pour 6 millions.




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