Le débat sur gratuité scolaire est inévitable

Tribune libre

À la fin janvier 2013, le ministre Pierre Duchesne opposait une fin de non-recevoir aux partisans de la gratuité scolaire, tout en reconnaissant qu’elle est un idéal à long terme. La raison invoquée pour justifier l’applicabilité à ''long terme'' est : Le Québec n’a pas les moyens financiers.
Dans l'édition de La presse du 27 janvier, M. Teisceira-Lessard cite M. Duchesne : «Les décisions que nous prendrons [au sommet] devront évidemment l'être en fonction du monde tel qu'il existe et non d'un monde théorique», a-t-il souligné cet après-midi. «La gratuité scolaire, par exemple, nous apparaît plus comme un idéal à long terme plutôt que comme une mesure concrète dans le contexte actuel.»
Or selon M. Parizeau, la gratuité scolaire n'est pas d'un autre monde. Au contraire elle est économiquement réalisable. Le Devoir, 12 février 2013 : « Est-ce que [la gratuité scolaire] peut se financer ? Eh bien oui, il faut regarder cela », a-t-il affirmé au cours d’une rencontre avec Le Devoir. M. Parizeau, admet que la question est complexe et qu’elle mérite une analyse sérieuse. Mais selon lui, le sommet qui doit se tenir dans deux semaines est un lieu tout à fait approprié pour lancer cet important «débat de société ».
Au téléjournal du 13 février 2013, le réputé économiste, M. Fortin, tout en étant en désaccord avec la gratuité scolaire, affirmait que le Québec a les ressources financières pour implanter la gratuité scolaire.
Devant ses opinions opposées à celle de M. Duchesne, nous devons nous demander si la question économique est un argument honnête, objectif pour justifier la non-application de la gratuité scolaire. Ou si elle a été une façon simpliste, sans vision pour réduire les coûts, les déficits ou augmenter les surplus?
M. Parizeau, dans son exposé du 12 février apporte un intéressant point de vue : «Le déficit zéro bousille tout. À partir du moment où vous fixez l’objectif zéro pour une date butoir et que ça devient une religion, vous cessez de réfléchir. On coupe partout, on ne se pose pas de questions».
M. Obama dans son discours sur l'état de la Nation de mardi dernier, va dans le même sens en invitait les Américains à ne pas se laisser «aveugler par le déficit et la dette».
L’exemple de la Grèce est un bel exemple de l’aveuglement économique. En novembre dernier Le Fonds monétaire international présentait ses excuses au gouvernement grec pour lui avoir par erreur demandé 22.000 licenciements supplémentaires en plus des 27.000 déjà prévus. Et au début de février 2013, Costis Hadzidakis du parlement Grec indiquait dans un entretien au journal Real News "Il y a eu des erreurs dans la recette" du plan d'austérité, dicté par l'UE et le FMI et "nous essayons les rectifier dans la mesure du possible".
Le débat sur la gratuité scolaire (un des enjeux, et non le seul, du sommet sur l’éducation) ne peut pas être évité. L’éviter est intellectuellement irrespectueux, une source de blocage, de fausses interprétations, de méfiance, de spéculation, d’exagération, d’irrationalité, de manifestations qui menaceront une saine collaboration au succès du sommet sur l’éducation et la confiance, déjà fragile, des Québécois (es) envers leurs élus (e)s.
Michel Aubin
Cultivateur
Twitter: z4J maubin1


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