Maxime Bernier et la loi 101

Le "Don Cherry" de la politique québécoise

Chronique de Louis Lapointe

Maxime Bernier est un homme qui maîtrise l’art de se faire remarquer. Grâce à sa conjointe de l’époque, Julie Couillard, il avait su attirer l’attention du président Bush lors d’une visite officielle à la Maison-Blanche.
Dans cette perspective, sa dernière déclaration concernant la loi 101 doit davantage être vue comme une nouvelle occasion de faire la une des journaux plutôt que de faire avancer le débat sur la protection de la langue française au Québec, principalement dans la grande région de Montréal où il ne semble pas avoir mis les pieds depuis fort longtemps. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas constater que l’anglais progresse à vitesse grand V non seulement sur l’île de Montréal, mais également dans ses banlieues rapprochées.
En fait, presque qu’à chaque fois que Maxime Bernier ouvre la bouche, il prouve que Stephen Harper avait eu raison de l’envoyer sur les banquettes arrières de la Chambre des communes afin de dénouer l’affaire Couillard. Le mot «presque» est important ici, puisque, l’automne dernier, notre célèbre Beauceron avait eu la franchise de reconnaître que la création d’une Commission pancanadienne des valeurs mobilières par le gouvernement conservateur n’était pas une bonne idée.
Était-il vraiment sincère au moment où il s’est porté à la défense des intérêts du Québec ou s’agissait-il encore une fois d’un autre de ces nombreux ballons qu’il a l’art de lancer afin de se rendre intéressant aux yeux des médias ?
L’été dernier, il avait soutenu son gouvernement dans son désir de défendre la même présumée majorité qui désirait demeurer silencieuse au sujet du nombre de chambres à coucher que comptent leurs maisons, alors que, plus récemment, il s’était opposé à ce que la construction du futur Colisée de Québec soit financée par le gouvernement fédéral.
À l’image de la majorité qu’il dit défendre, Maxime Bernier devrait parfois adopté son silence, puisque, comme ce jeune berger qui criait trop souvent au loup dans l’unique but d’attirer l’attention des villageois, il risque de ne pas être écouté le jour où il décidera d’être enfin sérieux.
En prétendant qu’il dit tout haut ce qu’une majorité de Québécois pensent tout bas, Maxime Bernier insulte de nombreux Québécois qui croient en la nécessité de la loi 101 pour protéger la langue française, même s’ils estiment qu’elle limite leur liberté, ce qui est le propre de la plupart des lois.
Si ce discours peut contribuer à le rendre plus populaire auprès des électeurs de son comté, comme le fait d’avoir distribué des Jos Louis fabriqués en Beauce aux soldats canadiens mobilisés en Afghanistan, cela ne le rend pas nécessairement plus intelligent aux yeux de l’ensemble des Québécois.
Qu’en raison de son succès comme clown à la télévision, Don Cherry ait été élu au panthéon des grands Canadiens, ne signifie pas pour autant que Maxime Bernier puisse espérer devenir un jour premier ministre, même si d’autres ont réussi avant lui. Comme tous ces villageois qui ont cessé de répondre aux appels du jeune berger, une majorité de Québécois semblent, cette fois-ci, avoir enfin appris leur leçon. Reste à savoir si les Canadiens en ont tiré une eux aussi?

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2011

    Maxime Bernier est la preuve que la politique québécoise et canadienne ne fonctionne pas sur le modèle du mérite et de la compétence, mais bien sur les réseaux.
    C'est inconcevable qu'un simple d'esprit comme lui, puisse avoir accès à des ministères, être élu ou tout simplement prendre la parole.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2011

    Puisque selon M. Bernier la langue française n’a pas d’importance à ses yeux, que le peuple qui la parle n’a pas besoin de la protéger en aucune façon, malgré que nous représentons un tout petit pourcentage des populations dans le grand ensemble anglo-saxon nord américain, je dois conclure que pour Bernier la langue n’a aucune importance pour la survie d’un peuple ou pour sa disparition par assimilation. Ce qui compte ultimement, c’est l’argent, faire de l’argent et en faire toujours plus. Tout le reste n’a pas de valeur. Et même ce qui compte autant que l’argent c’est que les individus en toute chose ait priorité sur le collectif.
    Par conséquent, je propose, puisque la langue d’un peuple n’a aucune importance, que le Canada fasse du français l’unique langue officielle du pays (provinces, territoires, réserves indiennes, etc). Est-ce que cela ne serait pas magnifique le français coast to coast. Bernier ne pourrait qu’applaudir et soutenir une telle initiative puisque que la langue d’un peuple n’a aucune importance. D’ailleurs, un peu de changement dans ce Canada de haute platitude ferait du bien à tous. Et les anglophones ne pourraient pas critiquer puisque Bernier qui dit les représenter n’attachent, tout comme lui, aucune importance à la langue. Ils seront donc heureux comme canadiens de faire la démonstration devant le reste de la planète qu’une langue n’a pas d’importance pour un peuple.
    Ils sont déjà excités par les grandes puissances comme la Chine et l’Inde. Les canadiens vont pouvoir d’ici quelques années adopter le mandarin comme langue officielle du pays. Un chinois de Vancouver qui se sent lésé dans ses droits, en a fait une demande officielle en vertu de la Charte des droits et liberté du Canada.
    J’ai entendu dire que Bernier priait pour qu’une civilisation d’extra-terrestres soit découverte afin de faire de leur langue la langue officielle du Canada. Pas question pour lui semble-t-il de protéger la langue anglaise, ni la française ? Dans ses rêves, il se voit homme à l’esprit ouvert.
    Quelle chance nous avons au Canada d’avoir un tel leader politique et quel honneur qu’il soit Québécois et surtout Beauceron. Harper en a les larmes aux yeux.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2011

    Ce n'est pas de la loi 101 dont le Québec n'as pas besoin.C'est d'un crétin de 1 ière classe comme Maxime Bernier qui abaisse dramatiquement notre moyenne de quotient intellectuel au Québec.À retourner à Ottawa par la poste comme objet de 3ième classe. Bravo pour votre texte monsieur Lapointe.
    Daniel Dupuis

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2011

    Au Québec, on a une propension a «icôniser» les clowns.Des qu'un « illustre» inconnu, propulsé par une vague, se ramasse ministre,il suffit qu'on le voit sur un plateau de T.V pour penser qu'on a élu un «génie», pourvu qu'il brasse des mots et se tienne loin des idées.

  • L'engagé Répondre

    7 février 2011

    J'ai l'habitude de pester contre ce grand dadet.
    Mais là je suis tellement tomber de ma chaise, je ne saurais tellement pas par où commencer...
    Avec son propre accent en anglais (ce qui en soit n'a rien de honteux quand on est fier de sa propre langue maternelle), on voit qu'il est embarrassé, la preuve, il a déjà affirmé qu'il voulait que ses filles parlent anglais sans accent.
    N'est-ce pas la preuve d'une grande honte? Et cette honte n'est-elle pas elle aussi la preuve de la nécessité de la loi 101? Bien parler anglais, mon grand-père fédéraliste, qui avait fait la guerre pensait comme ça. Il était né en 1910...