Le GOUVERNE_MENT et GASTEM nous MENT

Tribune libre

Le comité de travail sur les hydrocarbures des Îles de la Madeleine (1) recevait, le vendredi 19 novembre dernier, le Ministre du Développement Dommageable à l’Environnement ainsi que des Parcs (MDDEP), et responsable du Bureau d'audiences publiques sur l'environne_ment (BAPE). Il venait apparem_ment rencontrer les Madelinots pour entendre les préoccupations du milieu dans le dossier des hydrocarbures et faire une annonce dans le dossier fédéral-provincial de l'Aire marine de conservation, dont il est question depuis 2004.
Il a effective_ment « entendu » les préoccupations exprimées par plusieurs membres du comité. Mais l’annonce tant attendue au sujet de l’Aire marine de conservation avait été annulée et, n’eut été d’une question à ce sujet, le Ministre n’en aurait tout simple_ment pas parlé. Rien de rassurant dans ses propos ; la langue de bois, comme d’habitude. J’en déduis que le projet ne semble plus prioritaire pour les deux paliers de gouverne_ment.
Quoi qu’il prétende, le Gouverne_ment du Québec, avec l’approbation du Ministre DDEP et de la Ministre RNF, n’a pas du tout l’intention de réviser les principaux irritants de la vétuste Loi sur les mines dans le futur projet de Loi sur les hydrocarbures : celle-ci continuera à avoir préséance sur toute autre législation, incluant notam_ment l’article 246 de la Loi sur l’Aménage_ment et l’Urbanisme. Ça veut dire : TASSEZ-VOUS LE MONDE, ON S’EN VIENT VOUS SIPHONNER LE SOUBASSE_MENT !
Quant à l’entreprise Gastem, après avoir révélé que le prospecteur gazier qui s’apprête à venir forer aux îles, n’a encore pas demandé de permis d’exploitation et qu’il n’y aurait donc pas de projet au sens du BAPE, le Ministre a fait étonnam_ment une promesse : dès qu’il y aura un tel projet, il commandera une audience publique aux Îles.
Selon lui, la phase exploratoire ne comporte pas de risques. À l’entendre, il faut donc les laisser prospecter en paix et ne pas s’affoler. On croirait entendre les propos, non pas du responsable de la protection environnementale, mais les propos de la Ministre des Ressources Non-renouvelables et de la Faune (MRNF). Celle-ci eut été fière d’entendre son collègue prendre aussi légère_ment sa responsabilité, lui qui, de par son mandat, devrait plutôt se préoccuper des risques inhérents aux forages, en tenant compte de la fragilité extrême du milieu insulaire.
N’a-t-il pas laissé entendre publique_ment qu’il partageait le préjugé favorable de son gouverne_ment et qu’il y aura exploitation de gaz de schiste au Québec ? N’a-t-il pas donné un mandat restreint au BAPE actuel sur le gaz de schiste, juste_ment pour rendre acceptable l’inacceptable et éviter que ne se posent les véritables questions, telles que les risques pour la santé ou la sécurité de la population, l’intégrité des milieux naturels ou même la pertinence de développer, dans la précipitation, une telle industrie dans les Basses-Terres du Saint-Laurent ?
De son côté, la compagnie Gastem, qui a obtenu les droits exclusifs sur le sous-sol madelinien en juillet 2008, rencontre occasionnelle_ment, depuis le 15 décembre 2009, les membres du comité de travail sur les hydrocarbures.
Le chef de la direction de Gastem, Raymond Savoie, prétend que son objectif de trouver du gaz naturel, associé aux dômes de sel sous les Îles, est seule_ment de permettre de remplacer par un carburant moins polluant que le mazout lourd l’alimentation de la centrale thermique d’Hydro-Québec. Jusqu’au mo_ment où il a été démasqué, il a prétendu qu’il n’avait pas l’ambition d’une grande production pour fins d’exportation.
Monsieur Savoie a en effet dû admettre le contraire lorsqu’il a évoqué le meilleur scénario, soit celui de la découverte possible d’une quantité phénoménale de gaz naturel (l’Eldorado, quoi), auquel rêve tout prospecteur qui se respecte. L’industrie reconnaît d’ailleurs, lors des audiences du BAPE qui se déroulent présentement, qu’une exploitation gazière requiert de très grands volumes pour être rentable.
Lorsqu’il est question des risques pour la nappe phréatique des Îles liés à ce genre d’exploitation (utilisation d’une importante quantité d’eau, risques de contamination par les forages et infiltration de contaminants dans l’air, l’eau et le sol), Gastem cherche toujours à rassurer sur la faible quantité d’eau requise et à laisser croire qu’avec les précautions supplémentaires qu’ils vont prendre, les risques sont nuls (ce qui est évidem_ment faux). D’autre part, on laisse croire qu’il n’y aura qu’un puits discret et qu’un pipeline acheminera directe_ment le gaz du puits à la centrale thermique.
Mais le hic, c’est qu’il n’y a aucune entente d’approvisionne_ment avec Hydro-Québec et, selon les dernières informations, la Société planche sur d’autres alternatives mais ne parait plus aussi pressée à prendre une décision plus avantageuse et plus verte (ex. : câble sous-marin, couplage diésel-éolien, biogazification des déchets, etc.).
Ou bien Gastem devra abandonner son projet, s’il reposait vrai_ment sur ce seul client, ou bien il nous a menti pour commencer à installer sournoise_ment une industrie d’envergure sur les Îles, en vue d’une production massive destinée à l’exportation. C’est la seule raison qui justifierait l’investisse_ment énorme que requiert un tel projet.
Le cas échéant, même les Madelinots les plus favorables à la venue de Gastem – s’il en est – devront s’interroger avec l’ensemble de la population sur le dénoue_ment de cette intrigue : est-ce vrai_ment ce genre d’industrie que nous voulons voir s’installer sur nos Îles ? Il s’agit d’une industrie lourde, polluante et défigurante. Une industrie nette_ment incompatible avec notre milieu fragile, avec les industries qui nous font vivre et avec notre façon spécifique de vivre.
« Ce serait la fin des Îles. Nous autres, on n’aurait pas d’autre choix que de partir », comme me disait l’autre jour un concitoyen.
Notre gros bon sens d’insulaires nous dit : la seule urgence, c’est un Moratoire sur toute activité terrestre et maritime.
Quand on nous ment et qu’on s’en aperçoit, on n’est pas obligé d’avaler sans rien dire.
Raymond Gauthier
Îles de la Madeleine
(1) Je participe, à titre de citoyen indépendant, à ce comité consultatif chapeauté par la Municipalité, qui regroupe plus d'une vingtaine de représentants des différentes instances locales.

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Travailleur social retraité, il a été responsable de l’animation communautaire, de l’alphabétisation et de l’insertion socioprofessionnelle au Centre d’Éducation des adultes (C.S. des Îles). Il est membre fondateur et président du conseil d’administration de la corporation de Développement communautaire Unîle. Environnementaliste de la première heure aux Îles de la Madeleine, il milite depuis plus de 30 ans dans des organisations écologistes et est co-fondateur d’Attention FragÎles. Depuis 2004, il assure une vigilance permanente sur les projets d’exploration-exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent (terrestres et extra-côtiers), ainsi que sur les dossiers connexes touchant l’énergie à la grandeur du Québec.

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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 décembre 2010

    Bravo Raymond ! je n'aurais pas pu mieux résumer la situation , j'ai toujour dit que Gastem était venu nous endormir, profondément genre un trou de 2 KM minimum ,et n'était que le cheval de troie de projets de plus grandes envergures en utilisant les iles et leur location géographique comme une plaque tournante pour les exportations vers les états unies qui selon l'ALÉNA vas nous en siphoner 60% dirrectement,l'aspect environmental n'a aucunes espece d'importance pour ces gens la,allez voir en Alberta ci vous croyez que je divague, la ou les ministères de l'environment et le gouvernement ne sont que les marionettes des pollueurs, une seule chose compte les $$$$$$$$$$$$$$ .
    j'espere que quelqu'un sais comment faire de lair pure, décontaminer les sols polluer et l'eau , ainsi que de guérire toutes les maladies relier a tout ca avec des $$$$$ , car on vas y arriver a un rythme complêtement fou ( ou on y est déja ) ci on ne freine pas la pure folie de la grande majorité de nos représentants dans les gouvernents, a aller de l'avant comme quelqu'un qui voudrais faire atterrire un 747 sans jamais avoir mis les pieds dans le cockpit d'un avion, ni avoir aucunes notion de ce qu'il fait ...........Et ne me faites surtout pas le coup de l'économie revenez dans 50 ans voir dans quel monde nos enfants vont vivre ou plus tot survivre alors que la majeur partie des hydro carbures aura disparue et que des déchirements entre les nations jamais vue au paravant aurons lieu faute d'avoir pris nos responsabilitées et entammer les changements majeurs et prioritaire pour notre survie dans un monde ou presque tout devrait être renouvelable........Ca vaut la peine d'y penser pour ceux qui on cette curiositée plus loin que le bout de leur nez. «ci vous aviez la possibilitée de vivre 200 ans, sachant d'ou l'on viens en matiere de non respect de l'Environment seriez vous assez fou pour accepter de contribuer a votre propre destruction pour des promesses d'argent?» ci non ! pourquoi metteriez vous nos enfants et petits enfants dans cette situation????????????????

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2010


    Ce qu'il y a d'écoeurant en sus dans ce dossier, c'est que les droits appartenaient auparavant à Hydro Québec. Comme les gaz de schyste, Charest et cie les ont cédés l'entreprise privée, les petits z'amis du régime et autres ex-ministres ont décroché des belles jobs. Et Normandeau la bradeuse qui nous parle d'occasion historique!
    L'occasion historique, c'est qu'Hydro ait pu conserver les droits et devenir une nouvelle Norsk Hydro (51% propriété publique), comme les Norvégiens ont pu se la créer. Et qui gagne le premier rang toute catégorie de qualité de vie en ce début de millénaire? La Norvège.
    Les Québécois, eux, continueront de signer des chèques à des cies étrangères pour éponger leur facture d'hydrocarbure