Le ménage du printemps

ADQ - De l'identité à l'autonomisme - La souveraineté confuse



Est-ce possible? Au lendemain d'élections dont le principal message était qu'une majorité de Québécois ne voulaient plus entendre parler de souveraineté et de constitution, voici que refait surface... le débat constitutionnel. Et cela vient précisément du parti auquel les citoyens avaient confié la tâche de passer à autre chose!
En toute justice, soulignons que ce n'est pas le chef de l'ADQ, Mario Dumont, qui a ramené le sujet sur le tapis samedi dernier; lui et ses députés n'ont fait que répondre aux questions des journalistes. N'empêche, on a senti chez certains adéquistes un volontarisme inquiétant.
"On va se positionner afin d'enclencher un débat là-dessus", a dit le député de Chaveau, Gilles Taillon. "Un jour, il va falloir qu'on règle cela. On a un gouvernement ouvert à Ottawa, c'est le temps quand tout le monde est de bonne foi", a renchéri le député de La Peltrie, Éric Caire.
Tout le monde convient, avec M. Caire, qu'"un jour, il va falloir qu'on règle cela". Mais il suffit de discuter un peu avec des Canadiens anglais, même les plus sympathiques au Québec, pour comprendre que toute demande visant à reprendre les discussions constitutionnelles se heurtera à court terme à un "non" catégorique. Rien n'indique que le premier ministre Harper soit intéressé à se lancer dans ce genre d'exercice; politiquement, ce serait tout simplement suicidaire.
En quoi le gouvernement du Québec servirait-il nos intérêts en se précipitant vers un échec certain? Seuls les leaders souverainistes s'en réjouiraient, comme en témoigne l'empressement manifesté hier par la députée de Bourget, Diane Lemieux. "Ils n'arrêtent pas de parler de fédéralisme d'ouverture, d'autonomie... Bon, ben, go, go, go! Allez-y! Go!"
Ceux qui veulent voir le Québec "s'affirmer sans se séparer" - on appelle ça des fédéralistes - seraient mieux avisés de prendre leur temps. Si dans le reste du pays, "le fruit n'est pas mûr", au Québec, il a pourri. Avant de réclamer l'ouverture de nouvelles négociations constitutionnelles, il est essentiel de réfléchir à ce qu'il serait pertinent d'apporter à la table le jour où elle sera mise.
Un exemple: les Québécois tiennent pour acquis que leur gouvernement provincial doit obtenir plus de pouvoirs (plus d'autonomie, dans le vocabulaire de l'ADQ). Ne devrions-nous pas nous demander dans quelle mesure cette façon de voir les choses est toujours pertinente, compte tenu des progrès spectaculaires qu'a fait le Québec - sans changements constitutionnels - au cours des dernières décennies?
D'autres questions: comment pourrions-nous modifier notre approche pour tirer profit des échecs de Meech et de Charlottetown? Quel impact pourrait avoir sur les discussions la reconnaissance du fédéralisme asymétrique et de la nation québécoise?
Bien des choses ont changé depuis Meech. Il est temps de faire un bon ménage du printemps dans les "demandes traditionnelles" du Québec. Voilà l'exercice que devrait piloter Mario Dumont s'il voulait vraiment sortir des ornières du passé.
En attendant, la nouvelle Assemblée nationale fera oeuvre bien plus utile en s'attaquant aux défis concrets qui confrontent notre société... et qui n'ont rien à voir avec la Constitution.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 147

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé