Élections

Le poids réel des prochaines élections

Élection Québec 2012 et le Conflit étudiant





Des enjeux importants, tels que l’environnement, la santé, le fameux Plan Nord, la famille, les logements sociaux, risquent d’être laissés de côté pour traiter uniquement de la question des droits de scolarité.
De toutes parts, on nous conscientise au fait d’aller voter, à son importance, à son apport à la roue démocratique de notre société comme étant le seul levier permettant de la faire rouler. C’est du moins ce qu’on nous raconte, particulièrement lors de ces dernières semaines à saveur électorale.
Le but de ce texte n’est pas de remettre en question le choix légitime d’aller voter. Il ne s’agit pas non plus d’un argumentaire invitant à ne pas le faire. Ce texte vise simplement à démontrer en quoi le mouvement social que nous avons créé est de loin plus imposant et plus important qu’une case noircie par une « écoeurantite aiguë ».
Nous constaterons d’abord que l’idée de résoudre le conflit étudiant par les élections implique encore une fois une diversion, un faux débat avancé par une élite corrompue, mais épuisée. Nous tenterons ensuite d’explorer ce qui se passerait si nous considérions les urnes comme solution ultime à la crise qui nous incombe. À la suite de ce texte, libre sera le lecteur de se faire une idée personnelle sur le poids réel que représenteraient pour lui des élections.

Mal-financement des universités
Le conflit étudiant a débuté avec un cri du coeur de certains recteurs universitaires comme quoi leur établissement était sous-financé. Cette idée, nous n’en parlons plus depuis longtemps, ceux-ci faisant preuve d’un refus catégorique d’informer la population sur le montant nécessaire pour une saine gestion d’université.
Il y eut également des débats animés dans les médias de masse, les réseaux sociaux, et ce, du début du mouvement étudiant jusqu’à maintenant. Toujours aucune réponse claire, toujours un débat sans fondement, autre que celui de la marchandisation du savoir.
Droits de scolarité et violence
Question de nous faire languir un peu plus, le gouvernement souligna un enjeu tout autre que celui dont nous débattions depuis des semaines. Faisant fi du processus démocratique de la CLASSE, qu’ils connaissaient pourtant très bien, le premier ministre et ses petits amis du patronat nous ont demandé de dénoncer la violence.
Ne les jugeons cependant pas trop vite. Il s’agit tout de même d’une élite, une classe à part. Il y a sûrement une corrélation et même un effet de causalité étroit entre les droits de scolarité et la violence. Ne remettons pas en doute l’intégrité et la crédibilité de cette autorité que nous avons, de toute façon, élue démocratiquement.
Et les élections
Il va de soi que les faux débats mis sur la place publique par le Parti libéral ne sont ici pas tous énumérés. (Injonctions, intimidation, la « majorité silencieuse », le fameux carré rouge de Pauline Marois, etc.) Terminons toutefois par celui qui nous intéresse : les élections.
Le gouvernement a placé ses pions à la perfection. Si bien qu’il a fait bifurquer l’enjeu principal à droite et à gauche, puis nous a fait mijoter suffisamment longtemps pour nous présenter son plan ultime que sont les élections. Il tente à présent de jouer sa dernière carte, celle de nous faire croire que nous devons voter pour légitimer ou non la hausse des droits de scolarité.
Le problème ? Il ne s’agit pas d’un référendum, mais bien d’élections. En abandonnant l’idée de notre rapport de force et de notre grève historique au profit d’élections, nous laissons de côté des enjeux tout aussi importants, tels que l’environnement, la santé, le fameux Plan Nord, la famille, les logements sociaux… des enjeux qui seraient laissés de côté pour traiter uniquement de la question des droits de scolarité.
Voulons-nous réellement faire en sorte que nos quatre prochaines années soient dictées uniquement par cette question ?

Quels choix s’offrent à nous ?
Dans le même ordre d’idées électoralistes, nous pourrions nous laisser tenter par un exercice d’analyse des partis dans la course à la gouvernance du Québec et de leurs idées en matière d’éducation.
Il y a évidemment le Parti libéral du Québec. Nous ne ferons pas couler beaucoup d’encre pour décrire leurs idées d’économie du savoir qu’il véhicule. Nous les connaissons déjà trop bien.
Parlons plutôt de cet amalgame de « free for all » qu’est la Coalition avenir Québec. Fixerions-nous notre attention sur ce cher Rebello, qui arborait autrefois fièrement le carré rouge, que nous serions vite déçus par le regard que pose François Legault sur le conflit estudiantin. Il est dommage de personnaliser ainsi le débat, mais il semble que les partis politiques fonctionnent désormais avec une tête dirigeante plutôt que par consensus entre les membres. Fameuse ligne de parti…

Hausse ou gratuité ?
Venons-en maintenant au Parti québécois. Outre le spectre à peine visible d’une indexation des droits de scolarité au coût de la vie, que prétend offrir comme solution à la crise sociale ce parti plus qu’énigmatique ? Dans un article paru dans Le Devoir il y a de cela quelques mois, Mme Marois était incapable d’affirmer qu’elle serait contre une hausse quelconque des droits de scolarité. À ce jour, nous en savons à peine plus. Mentionnons également le passage de celle-ci au ministère de l’Éducation en 1996. Ayant échoué dans sa tentative d’augmenter les droits de scolarité, elle s’en est tirée avec une taxe à l’échec au collégial et des droits de scolarité plus élevés pour les étudiants étrangers. Que ferait-elle alors dans la situation actuelle ?
Finalement, Québec solidaire défend haut et fort la gratuité scolaire, tout comme Option nationale. Les probabilités que ces partis soient élus restent toutefois assez minces, sauf si une certaine « vague orange » rejaillissait au-dessus du fléau néolibéral qui nous afflige. Permettez un certain scepticisme lors de la rédaction de ces dernières lignes.
Bougie d’allumage
Cette brève analyse nous aide à constater l’énorme fossé qu’il reste à franchir pour obtenir les changements sociaux que nous souhaitons. S’en remettre aux élections pour régler le conflit étudiant signifierait notre capitulation devant un néolibéralisme sauvage.
Somme toute, oui : des choix s’offrent à nous en ce qui concerne l’éducation que nous désirons accessible et de qualité. Notre mouvement prend toutefois une ampleur tout autre que lorsque nous avons levé notre carton pour la première fois en faveur de la grève. Notre mouvement est solide et il se veut une bougie d’allumage. On entend même parler de grève sociale dans certains milieux.
Peu importe le parti au pouvoir, le message doit rester le même. Nous voulons de la justice, de l’équité, on parle de gratuité, de progrès et d’avancement social. Ces idées ont été camouflées par les médias de masse et on a masqué l’idéal de société qu’on tente de mettre en avant. On nous a laissés pour compte jusqu’à nous présenter les urnes comme étant « la » solution. Présentons-leur alors la force de la rue.
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Lorenzo Benavente - Montréal


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