Médias

Le PQ, Agnès Maltais et le dentifrice

Les médias québécois

Péquiste ou libérale, la droite met servilement la puissance de l'État au service des intérêts oligarchiques. Le néo-libéralisme, qui ravage le monde actuellement, méconnait l'intérêt général, l'opinion citoyenne. Et ses thuriféraires, avec la superbe des larbins besogneux, sont toujours prêts ("nous sommes prêts"...) à monter au front du conflit social et à lancer leurs gaz anesthésiants et leurs discours empoisonnés censés protéger les puissants. "Le capitalisme est cette croyance étonnante que les plus mauvais des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tous" (John Maynard Keynes) - Vigile
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En avant, comme avant. Le Parti québécois ressoudé, solide comme le cap Diamant, peut retourner à l'Assemblée nationale et voter dans l'honneur et l'enthousiasme sur le projet de loi Labeaume-Maltais concernant le nouvel amphithéâtre de Québec. La proposition législative privée veut «sécuriser» l'entente avec Quebecor Media pour le nom et la gestion du futur équipement multifonctionnel.
Cette allumette législative a servi de prétexte, au printemps, pour mettre le feu au baril de poudre péquiste qui ne demandait qu'à exploser depuis l'euthanasie du Bloc québécois aux élections fédérales. Pauline Marois voulait imposer la ligne de parti. Quatre députés de poids sont partis.
La chef du PQ a fait son mea-culpa cet été en reconnaissant sa part d'erreurs stratégiques autour du projet controversé. La marraine du brûlot, elle, n'a pas particulièrement péché par contrition.
L'accoucheuse de Quebecor
Mme Maltais demeure ainsi fidèle à ses principes. Aujourd'hui, elle joue la bonne fée marraine en protégeant l'empire médiatique. Il y a dix ans, elle agissait comme sage-femme du titan.
C'était donc au tournant du millénaire. La députée de Taschereau, ancienne femme de théâtre, était ministre de la Culture dans le gouvernement de Lucien Bouchard, de 1998 à 2001 précisément. Or, Vidéotron était à vendre. La canadienne Rogers s'y intéressait. Le PQ favorisait la québécoise Quebecor. La Caisse de dépôt et placement fournit finalement 2,2 (sur 4,9) milliards de dollars pour bétonner la transaction d'août 2000, qui a aussi jeté dans l'escarcelle de la famille Péladeau TVA et des sites Internet.
Depuis, l'empire a gonflé comme un Zeppelin, avalant des publications, créant des chaînes, achetant d'innombrables maisons d'édition. Le Groupe Livre Quebecor Media annonçait la semaine dernière l'acquisition des Éditions La Bagnole. TVA Sports naîtra la semaine prochaine. On n'arrête pas le progrès.
«C'est la modernité», répétait d'ailleurs il y a une décennie le vice-premier ministre Bernard Landry en soulignant les exemples étrangers de concentration médiatique (AOL-Time Warner, etc.). Son gouvernement a aussi accepté l'achat de trois journaux (dont Le Soleil) par Gesca. M. Landry ajoutait que «l'éthique capitaliste» baliserait les pratiques.
Une commission parlementaire formée pour le principe a reçu 34 mémoires à l'hiver 2001. Plusieurs mémoires s'opposaient aux transactions.
La ministre Agnès Maltais a été très active en commission, alors que la tradition lui aurait imposé une certaine retenue. Elle a répété dès le départ des travaux que son gouvernement ne se mêlerait pas des transactions, ne se sentirait même pas lié par les recommandations. Elle mettait déjà les transactions à l'abri des critiques, quoi...
Elle a même rejeté les rares options pour dorer un peu la pilule. Par exemple, l'idée de créer un fonds d'aide à la presse indépendante. Elle a aussi miné la proposition de doter le Conseil de presse du Québec d'un fond d'un million afin de lui donner de l'indépendance et du mordant. Elle a répété que son gouvernement ne pouvait intervenir, même si des avis juridiques lui démontraient sa capacité d'interdire la propriété croisée des médias, comme cela se fait ailleurs dans le monde, y compris aux États-Unis.
Les deux pieds sur le tube
Pour la remercier, sitôt devenu premier ministre, le 9 mars 2001, Bernard Landry a rétrogradé Mme Maltais comme ministre déléguée à la Santé et aux Services sociaux. Il faut dire que la grogne gagnait les milieux artistiques très mécontents de la faiblesse des budgets du ministère de la Culture.
La nouvelle titulaire du poste, Christine St-Pierre, elle-même une ancienne reporter, répète cette expression empruntée à l'anglais quand on la questionne sur la concentration de presse au Québec, réputée pour être une des plus denses du continent: «On ne remettra pas la pâte à dent dans le tube...» Elle mise sur un statut professionnel et un code d'éthique pour corriger certains effets indésirables. Une nouvelle consultation aura lieu tout l'automne sur le sujet...
Peu importe, l'amphithéâtre multifonctionnel va repousser encore plus loin les limites de l'intégration horizontale, verticale, tous azimuts, de la compagnie géante née il y a dix ans avec la bénédiction péquiste. Et Agnès Maltais a encore les deux pieds sur le tube...


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    6 septembre 2011

    Moi qui pensait mettre un peu d'eau dans mon vin et laisser une chance au PQ...
    Faciliter la concentration de presse dans nos médias ennemis de l'idée du pays revient à fournir de notre poche l'essence et les allumettes aux pyromanes de l'édifice que nous essayons de contruire depuis 50 ans...
    Merci aussi de nous rappeler que Lucien Bouchard n'est pas le seul responsable au PQ de la contribution de ce parti à la situation désastrueuse du peuple québécois en 2011...
    Pas question de continuer dans le même bateau que ces gens là!

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