Le président de la CCBN n'entend pas démissionner malgré les pressions

Les accusations du député conservateur ontarien Pierre Poilievre ont fait sortir de leurs gonds les trois députés bloquistes présents à la séance du comité et il s'en est fallu de peu pour que la réunion tourne à la foire d'empoigne,

1759-2009: 250e de la bataille des Plaines d'Abraham


André Juneau, président de la Commission des champs de bataille nationaux - Photothèque Le Soleil, Erick Labbé

Karine Fortin - Le président de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN), André Juneau, n'entend pas démissionner de son poste, en dépit des pressions du Bloc québécois qui lui reproche notamment d'avoir manqué de jugement en autorisant une reconstitution costumée de la bataille des Plaines d'Abraham.
À l'issue de sa comparution devant le comité parlementaire du Patrimoine canadien, mercredi à Ottawa, l'ancien forestier qui pilote la CCBN depuis 1995 a indiqué qu'il ne quitterait pas son travail bénévole pour faire plaisir au parti de Gilles Duceppe. Il se dit néanmoins prêt à retourner à sa «chaise berçante» si le gouvernement l'exigeait.
«J'ai écrit au ministre et si le ministre me demande de quitter pour des raisons qu'il juge à propos, ça me fera plaisir de répondre oui, mais pas pour le Bloc ça c'est certain», a déclaré le retraité, nommé à la CCBN par les libéraux quelques mois avant le référendum de 1995.
M. Juneau dit avoir reçu des dizaines de propositions d'activités pour le 250e anniversaire de la défaite des troupes françaises aux mains des Britanniques, en septembre 1759.
Son équipe et lui en ont retenu deux - la bataille et un bal masqué - mais il soutient que leur intention n'a jamais été de «célébrer» la chute de la Nouvelle-France. «On n'a jamais dit qu'on allait la fêter», a-t-il insisté.
M. Juneau a reconnu que ses décisions avaient heurté «la sensibilité» de plusieurs Québécois. Il a dit en avoir tenu compte dans sa décision d'annuler l'événement, qui devait attirer des milliers de personnes dans la Vieille Capitale l'été prochain.
En annonçant que le spectacle n'aurait pas lieu, M. Juneau s'était aussi dit préoccupé par la sécurité des participants, dont beaucoup d'Américains, et leurs familles. La CCBN a en effet confirmé qu'elle avait reçu quelque 150 lettres de menaces, dont deux suffisamment sérieuses pour que la police s'y intéresse.
«On préparait une activité qu'on veut respectueuse, qu'on veut familiale. Il y a des enfants, un chamaillage entre forces de l'ordre et manifestants ce n'était pas le but de l'exercice», a-t-il expliqué.
Ces arguments n'ont cependant pas convaincu le Bloc, qui maintient que ces préoccupations n'étaient qu'un «prétexte».
D'après la porte-parole en matière de Patrimoine, Carole Lavallée, M. Juneau a reculé parce qu'il a senti la soupe chaude. A son avis, le projet de reconstitution faisait partie d'un vaste plan de «propagande». M. Juneau est «intoxiqué» et s'est laissé aveugler par «les intérêts partisans fédéralistes», a-t-elle martelé, en comité.
Son propos, visant à faire un lien entre le comportement récent de la CCBN et le programme des commandites, est toutefois tombé à plat, le Nouveau Parti démocratique et les conservateurs n'ayant en effet pas mordu à l'hameçon.
Le Bloc a d'autre part dû se défendre d'avoir financé des «extrémistes», dont le rédacteur en chef du magazine «Le Québécois», Patrick Bourgeois, qui ont lancé des appels à la violence.
Les accusations du député conservateur ontarien Pierre Poilievre ont fait sortir de leurs gonds les trois députés bloquistes présents à la séance du comité et il s'en est fallu de peu pour que la réunion tourne à la foire d'empoigne, sous le regard médusé de M. Juneau.
En plus de la démission du président de la CCBN, le Bloc réclame la cession des Plaines d'Abraham et d'autres terrains fédéraux de la Vieille Capitale au gouvernement du Québec.
Emboîtant le pas à Impératif français et à la Société Saint-Jean-Baptiste, le parti souverainiste a en outre réclamé la disparition de toutes les activités éducatives de la Commission des champs de bataille et des autres organismes fédéraux sous prétexte que l'éducation est une compétence provinciale exclusive.
M. Juneau a rappelé que ces activités étaient offertes aux écoles depuis 1992, à la demande des enseignants et en collaboration avec le gouvernement du Québec. Des dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes y ont pris part au fil des ans et le taux de satisfaction est très élevé, a-t-il fait valoir.


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