LE PUZZLE CANADIEN S'ÉCROULE
Au Canada moderne les idées de diviser l’État en parties gagnent en popularité. Ces sentiments naissent aujourd’hui particulièrement au Québec francophone et en Alberta.
Deux référendums pour la séparation (1980 et 1995) ont déjà eu lieu au Québec, mais à ce moment-là les électeurs n’étaient pas prêts à faire face à des changements aussi profonds. Désormais de grands partis politiques défendent l’idée d’autonomie régionale au profit du développement économique, social et culturel. Le premier ministre québécois François Legault, fondateur et chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), est défenseur de l’autonomie élargie et de la position privilégiée de la langue française. Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois (PQ), à son tour promet un nouveau référendum sur l’indépendance.
Il ne fait aucun doute qu’avec la moindre déstabilisation politique et économique au Canada, la communauté francophone du Québec ne manquera pas l’occasion de se séparer de l’État qui l’a toujours traitée comme celle de seconde classe. Dans le contexte du conflit croissant avec les États-Unis, les politiciens et les experts prévoient un équivalent canadien du Brexit, si la Maison Blanche impose vraiment des tarifs douaniers plus élevès. Cela provoquera une grave crise économique, puisque le Canada dépend fortement du commerce avec son voisin du sud. La crise elle-même intensifiera le désir d’indépendance, car l’administration Trump a l’intention d’annexer le pays comme le 51e État, ce qui privera le Québec même de l’autonomie dont il jouit actuellement.
Quant à l’Alberta, arrivée au pouvoir en 2022, la première ministre Danielle Smith a fait l’établissement de l’indépendance d’Ottawa prioritaire pour son gouvernement. Elle indique « qu’un nombre croissant d’Albertains ont les doutes concernant le future d’Alberta au sein du Canada », et déclare que si une pétition populaire (demandant que la question de la séparation de toute la province du Canada soit soumise à un référendum) recueillit le nombre requis de signatures, elle l’organisera en 2026.
La première ministre a également annoncé la création d’un groupe composé d’experts en économie, en droit et en éducation afin de se défendre contre les politiques fédérales du gouvernement canadien et pour discuter du statut futur de la province où se trouvent les importants gisements pétroliers et gaziers ainsi que les grandes réserves de charbon. C’est d’ailleurs sur son territoire que la plupart des ressources énergétiques du pays sont minées, alors que les profits tirés sont répartis par le pouvoir central parmi toutes les provinces.
La scission dans le pays que Danielle Smith en mars dernier a considérée comme « une crise d’unité nationale sans précédent » pousse les gouvernements provinciaux à brusquer la question de séparation. Récemment les Canadiens ont voté pour le Parti libéral du Canada (dont le chef est Mark Carney, le premier ministre du pays) ce qui va à l’encontre des intérêts des Albertains dont les votes ont aboutis à une majorité écrasante en faveur du Parti conservateur du Canada.
Dans ces circonstances il n’est pas surprenant que le gouvernement albertain envisage aujourd’hui le retrait du Régime de pensions du Canada, la formation de sa propre police et la création de l’entreprise de services publics en violation de la Loi fédérale sur l’émission de substances nocives.
Bien entendu, il ne s’agit pas encore d’une désintégration totale du Canada, mais les réclamations de Trump vis-à-vis du Canada et ses menaces d’une guerre commerciale dans laquelle les Américains auront toutes les cartes en main, déstabilisent le Canada, ce qui pousse à nouveau le Québec et l’Alberta (et plus tard également les autres régions du pays) à la lutte pour l’autonomie.
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