Un journal suisse, pays considéré comme étant l’eldorado des paradis fiscaux, a récemment qualifié le Québec « d’autre paradis de l’offshore », citant les nombreuses sociétés-écrans établies à Montréal.
L’auteur du reportage, Gilles Labarthe, s’est intéressé à la « face cachée » de la métropole québécoise, où se concentre selon lui « une myriade de sociétés fictives » servant à des stratagèmes d’évitement fiscal.
Ces sociétés-écrans, qui ne sont souvent que « des boîtes aux lettres », peuvent dans certains cas faciliter l’évasion fiscale en Suisse, ou encore au Panama.
Dans son reportage écrit à la suite d’une visite à Montréal, le journaliste soutient que l’évasion fiscale inquiète les fonctionnaires au ministère des Finances, au point où « il flotte à l’intérieur comme un vent de panique ».
« Sur place, organismes non gouvernementaux et partis d’opposition se demandent s’il ne faudrait pas inscrire le Québec comme paradis de l’offshore », écrit-il dans une édition de juin du quotidien francophone La Liberté.
Le Québec a fait le sujet d’un reportage dans un quotidien suisse récemment sur la question de l’évasion fiscale.
Il signale au passage que le Québec ne s’est pas encore « attaqué aux pièces maîtresses de ces jeux de cache-cache : les fausses succursales et les sociétés-écrans ».
Pour illustrer son propos, le journaliste rappelle le cas de la Québécoise Annette Laroche, dont l’histoire a été révélée par Le Journal en 2016, et qui continue de faire des vagues.
À l’époque, notre Bureau d’enquête révélait que Mme Laroche, une secrétaire du cabinet montréalais De Grandpré Chait, avait été administratrice prête-nom dans au moins 158 entreprises incorporées au Québec.
L’une de ces entreprises, Emaxon, a été placée l’hiver dernier sur la liste noire des États-Unis pour ses liens avec un « marchand de diamants de sang », en Afrique.
Nuances
Le professeur de comptabilité à HEC Montréal, Jean-Pierre Vidal, nuance les propos du journaliste en soulignant qu’il n’existe aucune comparaison possible entre le Canada et la Suisse en matière d’évasion fiscale.
De plus, selon l’expert, « toutes les sociétés-écrans ne sont pas menées par des fraudeurs ». Certaines d’entre elles peuvent, par exemple, être utilisées afin de compléter une acquisition, explique M. Vidal.