La façon de faire du gouvernement Harper en matière d'aide internationale donne raison au Québec de vouloir faire cavalier seul dans ce domaine, estime le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée.
À Montréal, lundi, ce dernier a justifié les conclusions d'un rapport qui suggère la création d'une agence québécoise de solidarité internationale (AQSI) en critiquant les changements d'orientation apportés par Ottawa en ce qui a trait à l'aide internationale.
« Ce que nous avons vécu au Canada c'est de soumettre les intérêts de la solidarité aux intérêts des entreprises canadiennes et pour nous ça ne doit pas être ça, a-t-il souligné. La solidarité, ça ne doit pas être soumis aux intérêts commerciaux. »
Le rapport de 66 pages est le fruit d'une année de travail du Comité, qui a entre autres mené des consultations auprès d'une soixantaine d'intervenants et d'experts du milieu ou de domaines connexes à la solidarité internationale.
« Les dernières années ont été marquées par l'augmentation des rapports Sud-Sud, l'émergence de certains pays autrefois considérés comme des pays " sous-développés " et une plus grande volonté de prendre en compte l'opinion du Sud dans les grands forums internationaux », souligne le rapport.
Le document mentionne que le Québec devrait continuer de mettre l'accent sur l'Afrique francophone, l'Amérique latine ainsi qu'Haïti dans les secteurs de l'éducation, de la coopération, de l'économie sociale, des droits de la personne, de l'agriculture ainsi que de la santé.
M. Lisée ne croit pas qu'il soit possible de remplacer l'Agence canadienne de développement international (ACDI), dont l'orientation a été changée par les conservateurs l'an dernier, mais il estime que le Québec est capable de mettre sur pied son propre organisme. « On aimerait bien la remplacer (l'ACDI), mais nous n'avons pas les budgets pour le faire, a dit le ministre. On va se donner une structure légère à l'intérieur du ministère des Relations internationales avec un comité de gens de tous les horizons du développement qui vont nous conseiller. »
Le rapport du Comité recommande également que la création de l'agence québécoise soit accompagnée de sa propre politique de solidarité internationale.
Selon le document, cette politique permettrait notamment d'assurer une action plus efficace en matière de solidarité internationale.
« Nous arrivons avec ce projet au moment où l'autre gouvernement, qui a l'essentiel des revenus, coupe les ailes (à l'aide internationale) en lui préférant d'autres formes d'organisation », a affirmé le ministre Lisée.
Le budget initial de l'agence serait d'environ 6 millions de dollars, mais il pourrait rapidement doubler. Son budget idéal, selon M. Lisée, serait d'environ 50 millions de dollars.
« Si on veut atteindre les 50 millions de dollars, la chose la plus rapide à faire, c'est l'indépendance, a-t-il lancé. Dès la première année de l'indépendance, nous pourrions rapatrier une somme supérieure à 50 millions de dollars. »
Le rapport propose diverses mesures pour stimuler le financement de l'AQSI si elle devait voir le jour, entre autres en expliquant où seront envoyés les dons.
Le document suggère de « mettre en place des mécanismes de transparence et de reddition de comptes et rendre le plus d'information possible sur les actions de solidarité disponible en ligne, notamment à travers la plateforme de coordination, concertation et de partage d'information ».
Le ministre des Relations internationales a expliqué qu'il serait possible de déposer un projet de loi dès le printemps afin de créer l'AQSI, et ce, en dépit des rumeurs d'élections qui circulent. « Notre mandat n'est pas terminé, a rappelé M. Lisée. Je souhaite que l'initiative soit non partisane. Nous avons été en consultations avec les libéraux, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire. Quoi qu'il arrive, j'ai l'intention de convaincre les autres parlementaires d'appuyer le projet. »
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