''Le colonialisme, c'est maintenir quelqu'un en vie, pour boire son sang
goutte à goutte.'' Massa Makan Diabaté.
Nul besoin du Hamas pour envisager la disparition de l'État d'Israël. Ce
pays âgé de 60 ans, s'active tout seul à sa propre disparition. Son
comportement suicidaire répond à une logique de l'histoire bien démontrée.
Celle de toute puissance coloniale qui avance inexorablement vers sa fin.
Le compte à rebours est rythmé par chaque victime innocente, qu'elle soit
palestinienne ou israélienne. La machine coloniale est animée par la mort,
y compris par sa propre mort.
Israël doit son existence à des puissances jadis coloniales. En 1948, le
colonialisme était encore à la mode. La plupart des pays du sud étaient
occupés par une puissance ou par une autre. Faut-il rappeler que ce ne
sont pas les juifs de Palestine qui ont créé Israël. Ce sont des juifs
sionistes des pays d'Europe qui ont installé par la force un État religieux
suite à une opération de nettoyage ethnique.
Pour caricaturer le discours colonialiste des sionistes d'Israël Tom Segev
écrivait le 29 décembre dernier au journal Haaretz: ''Nous sommes les
représentants du progrès et des lumières, évolués aux plans rationnel et
moral, alors que les Arabes sont primitifs, foules violentes et enfants
ignorants qui doivent être éduqués et se voir enseigner la sagesse. Bien
entendu par la méthode de la carotte et du bâton, comme le charretier le
fait avec son âne''. Le propre d'une occupation coloniale c'est de renier
la dignité du peuple occupé. De le traiter et le considérer comme
inférieur, voire inexistant.
Ainsi la thèse de ''La terre sans peuple pour un peuple sans terre'' s'est
inscrite au cœur du projet sioniste. Une forme de négationnisme
qu'aucune loi au monde ne punit encore. Un négationnisme soutenu par une
formidable machine médiatique pro-sioniste et par les déclarations des
dirigeants occidentaux justifiant les attaques d'Israël par son fameux
droit à se défendre. Mais après 60 ans de résistance palestinienne, une
évidence s'impose. Tôt ou tard, les palestiniens auront leur pays. Un
seul pays sur l'ensemble du territoire de la Palestine historique où juifs,
musulmans et chrétiens seront des citoyens à part entière. Un pays
démocratique et laïque, celui que l'OLP avait toujours envisagé.
De nombreux juifs d'Israël, dont Abraham Burg (Fils d’un dirigeant
historique du Parti national religieux), arrivent à cette conclusion :
''Cela ne peut plus fonctionner. Définir l’État d’Israël comme un État juif
est le début de la fin. Un Etat juif, c’est explosif, c’est de la
dynamite''. Un État islamique en Palestine serait tout aussi explosif.
La seule solution pour mettre fin à l'islamisme du Hamas, c'est de mettre
fin au statut religieux de l'État d'Israël. Le sionisme est une forme
religieuse du colonialisme. Un cadeau empoisonné que les sionistes se sont
donné à eux-mêmes.
Indépendamment qu'on soit pour ou contre l'existence d'Israël, une lecture
froide de l'histoire démontre que cet État ne constitue pas un fait
historique accompli. C'est plutôt une parenthèse parmi d'autres
parenthèses de l'histoire. La création d'Israël répond à une conjoncture
particulière dont les racines remontent au début de l'industrialisation et
la découverte du pétrole au Moyen Orient. Cela coïncidait avec la
naissance du mouvement sioniste de Theodore Herzl à la fin du 19e siècle.
Au cours de la Première guerre mondiale, le puissant lobby sioniste est
parvenu en 1917 à obtenir de l'Angleterre la déclaration de Balfour qui
promettait aux juifs d'Europe un État sur la terre de Palestine. Selon le
juif antisioniste Benjamin Harrisson Freedman, l'Allemagne a vu
dans les manœuvres sionistes une trahison qui lui a fait perdre la première
guerre. La revanche allemande est sans nom. Après la découverte de
l'horreur nazi, l'Europe devait soulager sa conscience. Israël s'est
imposé et l'indépendance de la Palestine, qui devait suivre celles des
autres pays arabes, a été retardée.
Après la reconquête de Jérusalem par Saladin en 1187, ce dernier, contre
l'avis de ses généraux, avait ordonné que les juifs puissent rester
chez-eux avec leurs biens et le droit d'accès à leurs lieux saints. Cela
explique le lien naturel de plusieurs juifs palestiniens, dont Ilan Halevi,
avec leur terre ainsi que leur participation active dans la résistance
contre l'occupation sioniste.
Aujourd'hui le comportement criminel d'Israël envers une population
démunie, rappelle tous les massacres qui ont précédé la libération des
peuples occupés. Palestine, Algérie, Maroc, Inde, même histoire, même
combat, même parcours vers l'indépendance.
La plupart des occupations coloniales ont fini par finir; c'est une
question de temps.
Mohamed Lotfi
Journaliste et réalisateur radio.
Note: Abraham Burg a écrit en 2007 ''Vaincre Hitler''. Un livre qui a
eu l'effet d'une bombe. [Lire l'extrait d'un entretien accordé par Burg au
journal Haaretz en juin 2007->http://blog.mondediplo.net/2007-06-09-Abandonner-le-ghetto-sioniste-un-livre-bombe-d], c'est très intéressant.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Le sionisme, une forme religieuse de colonialisme
La seule solution pour mettre fin à l'islamisme du Hamas, c'est de mettre fin au statut religieux de l'État d'Israël.
Gaza: l'horreur de l'agression israélienne
Mohamed Lotfi66 articles
Journaliste et réalisateur de l'émission radiophonique Souverains anonymes avec les détenus de la prison de Bordeaux
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