Hélas, le mensonge fait partie du paysage politique depuis des temps immémoriaux. Qu’on l’appelle duperie, demi-vérité ou spin, mentir est un des principaux outils de la communication politique. Le phénomène est indéniable.
Pour le bien de la démocratie, la question se pose néanmoins : doit-on l’accepter pour autant ? Réponse : non. L’exemple le plus récent est sûrement celui de Vincent Marissal. Huit jours après l’annonce de sa candidature à l’investiture de Québec solidaire dans Rosemont – et après l’avoir nié bec et ongles –, il avouait mercredi soir qu’il avait « menti ».
Son mensonge est celui d’être resté muet sur ses propres approches répétées auprès du Parti libéral du Canada (PLC). Soit pour en devenir candidat ou pour travailler au bureau de Justin Trudeau.
Demande en mariage
« Qu’on passe à autre chose », demande maintenant l’ex-chroniqueur politique. Or, ce n’est pas si simple. Ce mensonge, après tout, n’est pas anodin. Ses approches auprès du PLC s’étendent sur au moins quatre ans, et ce, jusqu’en janvier dernier. Une telle insistance, ce n’est plus un flirt. C’est une demande en mariage.
Une cour aussi longue et assidue laisse nécessairement supposer que M. Marissal partageait jusqu’à tout récemment la vision centriste et fédéraliste du PLC. Le problème est que cette même vision est aux antipodes de celle de QS, un parti se disant souverainiste pressé et de gauche.
Toute personne a bien évidemment le droit de changer d’idée, mais quand l’écart est grandissime comme celui-là, force est de se méfier d’un virage idéologique aussi marqué et rapide.
Bref, dans toute cette histoire, les invraisemblances ne manquent pas. Une autre est l’affirmation de M. Marissal voulant qu’il soit depuis longtemps un « indigné souverainiste et de gauche ». Dans ce cas, pourquoi avoir approché le PLC jusqu’en janvier 2018 ?
Virginité politique
Ce mensonge, même avoué, n’est pas sans conséquences néfastes. Pour M. Marissal, il est vrai que seuls les électeurs de Rosemont en jugeront le jour du 1er octobre. Il n’en reste pas moins qu’en politique, comme en amour, le mensonge – surtout un gros –, brise le lien de confiance envers son auteur. Une autre question se posant d’office : mentira-t-il à nouveau et si oui, sur quoi ?
Pour Québec solidaire, coincé à 9 % selon le dernier sondage Léger/LCN, l’impact n’est pas rose non plus. Pour un parti se voulant irréprochable sur le plan éthique, l’affaire Marissal vient de lui faire perdre sa précieuse virginité politique.
En pardonnant après-coup le mensonge de M. Marissal, ses dirigeants montrent également qu’à l’instar des « vieux partis », même chez QS, la fin peut très bien justifier les moyens. Quel dommage, dans tous les sens de l’expression.
En 1997, André Pratte, sénateur et ex-collègue de Vincent Marissal à La Presse, signait un livre cinglant : Le Syndrome de Pinocchio : essai sur le mensonge en politique. De toute évidence, sa thèse voulant que le mensonge mette « sérieusement en péril les fondements mêmes de la démocratie dans nos sociétés » est toujours actuelle. Malheureusement...