QUÉBEC DÉSUNI

Quand QS fustige QS

QS vante la «diversité», mais, en fait, promeut une «fragmentation»

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QS est au coeur de la désunion de la nation


Dans le style «essai percutant» qui mérite débat, difficile de faire mieux.


Je parle de Les impasses de la rectitude politique (Varia, 2019), de Pierre Mouterde, éloquent penseur qui a participé à la fondation de Québec solidaire, dont il se dit d’ailleurs toujours «membre actif».


Lancé fin novembre, avant l’ère covidienne, l’ouvrage fait grincer des dents à gauche.


Je ne serais pas surpris que sur quelque groupe Facebook, on en réclame l’interdiction!


Ce serait une confirmation désolante de la thèse de l’auteur, selon laquelle un «poison» mortel ronge le «gros de la gauche» actuelle, qui se «trouve mêlée aux entreprises liberticides» contemporaines.


Aux accents pamphlétaires, le livre fournit certaines clés pour comprendre notre été ponctué de dénonciations anonymes, d’accusations tous azimuts de racisme et d’appel à la censure.


Indignation


Mouterde se présente comme un représentant d’une gauche (marxiste) qui cherchait à penser la société dans sa «globalité».


Qui, entre autres, luttait pour la liberté d’expression. Elle réclama par exemple, dans les années 1970, que la pièce controversée Les fées ont soif, de Denise Boucher, puisse être présentée. Dans les années 2010, la gauche a au contraire tout fait pour proscrire les pièces Slav et Kanata, de Robert Lepage.


Selon Mouterde, la gauche «intersectorielle» d’aujourd’hui carbure à l’«indignation», car elle est atteinte d’un moralisme «dégradé», impatient, qui «s’emporte passionnellement et cherche d’abord et avant tout à condamner et à punir, et au-delà à trouver un coupable».


Fragmentation


Son vice fondamental, selon Mouterde, est qu’elle aborde la société uniquement par certains groupes qu’on y trouve.


Elle vante la «diversité», mais, en fait, promeut une «fragmentation», déplore-t-il, comme si les membres de chaque groupe n’appartenaient pas à une «même société».


Mouterde déplore l’obsession de cette gauche pour le vocabulaire (on pense au débat, à QS, sur le «matrimoine» plutôt que «patrimoine»).


Il se surprend du retour à gauche de la notion de «race» ; critique même le terme de «racisé», qui favorise à son sens une posture de «victimisation».


Laïcité


Au fond, exit les droits collectifs, tout est soumis à un «individualisme hypertrophié» oubliant les remises en question fondamentales.


Selon Mouterde, c’est ce qui a conduit QS à changer d’idée sur la laïcité. Au temps d’Amir Khadir et de Françoise David, ce parti prônait l’interdiction des signes religieux pour les agents de l’État en autorité.


En 2018, le nouveau QS a liquidé cette position. Selon Mouterde, cela s’est fait avec un «manque patent de discussions politiques de fond» en ignorant notamment la «montée de l’islamisme».


Le député «pourtant sympathique» Sol Zanetti fut contraint à défendre une position «diamétralement inverse» à celle d’Option nationale quand il en était le chef, «dans le plus pur style du politically correct».


Mouterde s’ennuie de la gauche des années 1960, qui privilégiait l’offensive et non la défensive. Il fustige les militants qui s’inventent des «images idéalisées» de leurs alliés, notamment ceux qui se veulent «plus autochtones que les autochtones».


On ne peut donc pas dire que l’auteur cède au phénomène qu’il dénonce!




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