Le coeur à gauche, le verbe à droite

Legault, un grand superviseur?

Assis entre deux chaises

Tribune libre

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, je ne suis plus capable de voir les agissements de M. François Legault qui possède le coeur à gauche mais le verbe à droite. Cela lui ouvre beaucoup d'occasions de jouer entre deux chaises sans se positionner précisément. Peut-on vraiment avouer qu'il est franc, transparent et respectueux envers les Québécois?

Décidément, François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), désire, à tort, tout contrôler ce qu'il voit. Le voilà maintenant qu'il souhaite gérer la carrière politique de PKP en lui proposant des options pour disposer de son empire médiatique. Bref, tel un chef, Legault ambitionne d'introduire ses propres ingrédients dans la sauce de PKP pour qu'elle goûte ce qu'il attend. Non mais, de quoi se mêle François Legault, debout sur sa boîte à beurre, à travers ce comportement d'ingérence éhontée?

Honnêtement, M. Legault devrait plutôt s'inquiéter de son parti où, manifestement, tout le monde rêve de quitter le bateau, l'harmonie a fait place à l'inquiétant cahot! Les implosions y trouvent déjà un terreau fertile. Pauvre François, ses talents de grand superviseur, s'il y a, devraient opérer dans son parti. Il n'aura jamais assez des années à venir pour réparer les avaries dans son groupe.

Il n'y a pas à se tromper, M.Legault est seul dans la course pour le titre de roi du détergent afin de tout nettoyer plus blanc que blanc. Malheureusement, il est le seul à le penser. J'ai peine à croire que M. Legault passe son temps à vouloir tout diriger, son parti est-il si bien établi au point de ne plus rien à y faire?

S'il devient un jour premier ministre du Québec, François Legault misera sur son passé d'homme d'affaires pour réussir à arracher des pouvoirs à Ottawa. Précisons que Legault ne sera jamais premier ministre du Québec, les électeurs ne sont pas amnésiques à ce point.

«Moi, je suis un 'dealmaker'», s'amuse-t-il à déclarer lors du congrès de son aile jeunesse, tenu à Victoriaville plus tôt cette année. Malgré l'échec en 1990 de l'accord du Lac Meech, et le fait qu'aucun premier ministre du Québec n'a, depuis, osé proposer de rouvrir cette boîte de Pandore constitutionnelle, M. Legault se dit persuadé qu'il réussira là où d'autres ont échoué.

Depuis le temps, le contexte politique canadien a bien changé, selon lui. Son passé d'entrepreneur lié à ses talents de négociateur devraient suffire à modifier le cours de l'histoire, selon François Legault, qui ne semble pas habité par le doute. Non seulement le Québec détiendrait tous les pouvoirs dans les secteurs de la langue et de l'immigration, mais son nouvel élan économique, sous la gouverne caquiste, ferait en sorte qu'il n'aurait plus besoin d'un seul dollar de péréquation d'Ottawa. Cette année, Ottawa versera 9,3 milliards $ au Québec en paiements de péréquation.

S'il était élu premier ministre du Québec en 2018, M. Legault ferait valoir à son homologue fédéral que le Canada n'aurait rien à perdre à se délester de certains champs de compétence. Le chef caquiste semble minimiser les obstacles sur sa route, soit la conclusion, dans un premier temps, d'une entente avec Ottawa et les provinces, puis la ratification d'un éventuel projet d'entente par les divers Parlements du pays. «Je suis convaincu que je suis capable d'aller négocier une nouvelle entente avec le Canada. Je suis convaincu de ça», dit-il.

Contrairement à tous ceux qui croient que «le fruit n'est pas mûr», M. Legault constate donc que le contexte politique actuel est favorable à relancer le débat constitutionnel.

«Je ne sens pas qu'il y a l'animosité envers le Québec qu'il y avait dans les années 80 et 90 dans les relations Québec-Ottawa. Le climat est plus sain», selon lui. «Le reste du Canada n'a rien à perdre à donner au Québec tous les pouvoirs en matière de langue et en matière d'immigration», insiste le chef caquiste. «Ils n'ont rien à perdre. Ca ne leur enlève rien», selon lui.

Faire en sorte que le Québec devienne assez riche pour ne plus avoir besoin des milliards de la péréquation ne lui semble pas non plus un objectif irréaliste.
«En étant un homme d'affaires qui propose qu'économiquement, à long terme, le Québec contribue à la fédération canadienne, qu'on cesse de dépendre de la fédération canadienne. Je pense que j'ai quelque chose à offrir au reste du Canada», dit-il, en se définissant comme «une personne qui est convaincante».

Il entend notamment rapatrier au Québec les compétences identitaires, en matière d'immigration et de langue. Son parti désire présenter une proposition constitutionnelle détaillée aux membres lors d'un conseil général du parti, en novembre, à Laval. Pour gagner son pari, il mise notamment sur l'appui des souverainistes défaitistes, ceux qui sont persuadés que le Québec ne deviendra jamais un pays. Ces Québécois «vont chercher une nouvelle option» pour remplacer le projet de faire la souveraineté du Québec, selon lui.

Bref, M Legault possède des ambitions que son pouvoir n'a pas. Il se fait rêveur et souhaite tant dessiner le futur du Québec. Mais il oublie qu'il n'est simplement pas l'homme de la situation.

Meilleure chance la prochaine fois M. Legault!


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2015

    M. Legault aime à entretenir l’image d'une carrière en affaires réussie. Les gens d'affaires savent depuis longtemps qu'en affaires il y a ceux qui bâtissent et il y a les autres.
    M. Legault fait parti des autres.
    D'ailleurs tout son programme était basé sur son expertise de comptable, capable de s’attaquer à la colonne des dépenses. Les libéraux ayant recruté un aussi bon si non meilleur comptable que lui (M. Coiteux), la contribution potentille de M. Legault est soudain devenue marginale.
    S'il avait été l'homme d'affaires qu'il prétend, il aurait bâti un programme bien ancré sur deux colonnes dont celles des revenus. Il n'a pas cette compétence, cette expertise, ni ce talent. Il ne l'a pas fait lors de son passage en affaires.
    M. Sirois aurait pu le faire mais ne n'est pas lui le chef de l'ADQ.
    M. Péladeau le fera.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2015

    Cher Monsieur Beaumont, je vous trouve très diplomate envers les véritables intentions de François Legault.
    Il est nécessaire de rappeler dans quel contexte est né la CAQ. Au lendemain des élections de décembre 2008, l'ADQ s'étant complètement effondrée, il était prévisible que par l'alternance le PQ reprendrait le pouvoir tôt ou tard. Pour l'en empêcher, il fallait absolument poursuivre le travail de confusion constitutionnelle que l'ADQ avait mené depuis la défaite référendaire de 1995. Le "nini" (ni indépendantiste, ni fédéraliste) savamment entretenu sous le vocable d'autonomiste a entraîné à l'ADQ un nombre considérable de "nationalistes" peu au fait qu'il s'agissait d'une fiction.
    Il était nécessaire de trouver un nouvel enfumeur pour poursuivre l'oeuvre de confusion. Et quel coup de génie que d'avoir réuni à cette fin un fédéraliste pur et dur en la personne de Charles Sirois (ex-recruteur de candidats pour le PLQ) et un indépendantiste pur et dur en la personne de François Legault (recruté au PQ par Lucien Bouchard ). Le nouveau produit ainsi créé n'étant rien d'autre qu'un ADQ 2.0.
    L'élection de 2012 est un événement charnière pour les fédéralistes. Elle a permis de constater que même dans les pires conditions, le PLQ était assuré de conserver au moins 50 sièges, 13 de moins que la majorité absolu. Aussi est-ce sans surprise que les fédéralistes se sont distancés de la CAQ peu à peu car la menace indépendantiste était finalement moins grande qu'anticipé et qu'il n'était plus nécessaire d'avoir un parti fédéraliste de rechange. Le résultat est que la CAQ immobilise maintenant un million de votes francophones nécessaire au Parti Québécois pour reprendre le pouvoir. Un obstacle considérable dans notre cheminement vers l'indépendance...