Les dessous de l'Article I ou...

L'unique question de Fond

Tribune libre

Le FOND ou la FORME?
L’ESPRIT ou la LETTRE?
Le CORPS ou l’ESPRIT?
L’ESPRIT bien sûr, à la base. L’Essence. Car sans elle...
Mais en ce qui concerne la « démarche » souverainiste, il en va comment?
J’utilise à dessein le mot « démarche » car sans un mouvement, un élan, une route, les aspirations à la Souveraineté sont stériles. Elles se contentent de mots. Des mots qui, assurément, veulent aller au « fond des choses » mais qui finalement le dissipent, l’épuisent, le gaspillent en vaines batailles... de mots. Qui peuvent servir parfois, éclairer ou influencer, pour le meilleur ou le pire, mais la plupart du temps de façon aléatoire et limitée si rien ne bouge par ailleurs. Dans le réel. Avec les mots, on peut faire longtemps les cent pas... En attendant Godot ?
Alors, dans ce débat qui revient sans cesse ici, sur Vigile, à savoir si nous devrions débattre du Fond ou de la Forme de cette aspiration souverainiste véhiculée - qu’on le veuille ou non - par le Parti québécois et dans sa Proposition, il n’y a qu’une réponse simple à mon avis, c’est bel et bien de la FORME. Il n’y a pas à rogner l’énergie en bataille sur l ’Essentiel. Pourquoi? Pour une raison simpliste : la seule et unique question de fond, donc fondamentale dirait La Palice, c’est le DÉSIR de Souveraineté. Et, à mon sens, tous ceux qui, à l’exception près, interviennent ici, la désirent. Et le PQ aussi. Oh! Plus ou moins impatiemment pour les uns; abusivement selon les autres; trop faiblement pour certaines; trop violemment selon d’autres... De cela devrions-nous discuter? Je crois que non, car alors, nous ne sommes plus dans le rationnel mais dans la perception, l’hypothétique, le viscéral ou le sentimental et cela ne se discute pas. Ça se vit, et au fil des échanges, au fil du donner-recevoir, des influences mutuelles, cela se fait mouvance et évolue. D’où il est logique de choisir de discuter de la FORME et du MOUVEMENT. Même en ce qui concerne les Options - ou Partis – qui sont soumis aux mêmes constats, s’ils se réclament du Désir qui en est l’Essence. Sauf lorsque l’on doute de ce désir dont ils se réclament. Mais alors, on est dans le domaine de la confiance, en plus ou en moins. Ça ne se discute pas non plus. Et dans le domaine du risque, à prendre ou non, après l'avoir calculé.
J’ai récemment suggéré à M. Nic Payne une sorte de Parabole, en ce temps messianique, question d’introduire à nouveau ou autrement,dans ce « débat », l’idée de Mouvement. Pour moi, ce mouvement signifie bien sûr l’engagement mais encore la mise en route, car le choix et l’action sont la mesure du désir et de la volonté, son propulseur, dans le concret, dans la vraie vie. La voici, cette parabole, un peu simplette et terne mais bon!...
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Disons donc qu’il y a sur le quai de la gare où le peuple aspirant-souverain est stationné, trois types de voyageurs :
1.Le groupe de CEUX QUI DÉCIDENT, de façon soit arbitraire, aléatoire ou par choix CONSCIENT, de monter dans le train qui est là, sur les rails principaux, et qui affiche comme destination, sans trop l’éclairer il est vrai : QUÉBEC SOUVERAIN, avec arrêts plus ou moins fréquents sur le trajet, selon les aléas ou les circonstances. Passagers plutôt disparates. Conductrice d’expérience et d’habileté sinon de charisme. Équipe appréciable de navigateurs expérimentés, peut-être un peu las pour certainEs mais bon!... Train suffisamment rempli pour prendre le départ et disposant d’assez de ressources pour compléter le trajet. Une proportion élevé de navigateurs et d’occupants visent la destination finale en estimant que c’est la façon la plus immédiate et la plus sûre de l’atteindre. Ceux-là souhaitent voir le train transformé en express le plus vite possible. Chercheront activement à en convaincre la conductrice, les autres navigateurs, et les passagers avant et après le départ et tout au long du trajet. Pour ce faire, ils travailleront la Forme : éclairages, trajets, stations, menus... Attention : « Cerveaux » libres et indépendants des autres groupes sollicités pour accélérer l’entreprise de remaniement et de contamination... (!)
2.Le Groupe de CEUX QUI SOUHAITENT se rendre le plus rapidement possible à la destination finale, sans LAMBINER, donc sans arrêts. Légitimement IMPATIENTS. Ils parient cependant que le train prêt à partir ne s’y rendra pas. Fausse représentation, croient-ils. Ils sont donc résignés (?) à poireauter sur le quai en attendant un autre train qui ne s’annonce pourtant pas vraiment. Sur des voies d’évitement, deux trains en préparation dont un seul affiche la destination express. Celui-là est cependant loin du compte quant aux passagers requis et n’a recruté à date aucunE conducteurE suffisamment crédible et peu de navigateurEs compétentEs. Le troisième n’affiche sa destination vers LE PAYS SOUVERAIN qu’à intermittence et selon le temps qu’il fait; destination que la majorité de ses passagers ne visent d’ailleurs pas; de plus, arrêt prolongé assuré à cette gare-ci – et aux moult stations incontournables suivantes - pour investissements immédiats dans la solution des problèmes mondiaux et locaux sociaux prioritaires; en sus, un problème fort délicat à régler à plus ou moins court terme quant au choix ultime de conducteurE et au recrutement de navigateurEs expérimentéEs. Sans compter que le conducteur le plus probable n’a pas l’ancienneté sur le poste et qu’il est ignoré ou non-approuvé - selon un sondage récent – par environ 40% de la population voyageuse - convenons cependant que la campagne publicitaire est en marche accélérée... Par ailleurs, compte tenu que ces passagers pressés demeurent plutôt pour l’instant sur le quai à discuter de la valeur hypothétique de l’Option des trains en gare et de la clarté de la destination, il n’y a aucune alternative valable pour la marche vers l’objectif dans un avenir rapproché; pas d’avion en vue du côté d’un aéroport éventuel; la possibilité de voir surgir ce moyen logiquement préféré par ce groupe est donc plus que faible et, le cas échéant, pas encore de postulant pilote à l’horizon. Candidats possibles trop âgés; ne passeraient pas les tests de pilotage !
3.Le Groupe de CEUX QUI PRÉFÈRERAIENT plus ou moins ouvertement se rendre en chars d’assaut en hurlant souvent, jurant parfois, renversant les obstacles et mobilisant des bras sur leur passage. Ne recrutent pas tellement, bien qu’ils occupent le quai dans ce but. Pour obtenir la force de frappe requise, il leur faudrait d’abord vider le premier train presque rempli pour recruter des combattants, ce qu’ils tentent de faire d’ailleurs, retardant peut-être ainsi le départ. Ont cependant parfois une appréciable utilité d’aiguillage sur le terrain et seront sûrement mobilisés, le moment venu... Pourraient pousser le 1er train au besoin, ce qu’ils font déjà parfois.
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Alors, embarquer ou attendre? À chacun de choisir. Mais de grâce, non pas se disputer et se séparer sur la question fondamentale.
Quant à la FORME, quelle qu’elle soit, elle sera toujours discutable, à remanier et à parfaire.
Revenons à ce fameux Article 1 du Programme du PQ qui satisfait les uns, déçoit les autres, en choquent certains jusqu’à la colère grossière... ou possiblement aux mesquines guerres de pouvoir. Est-il là question de FOND ou de FORME? Je réponds de FORME. Car il est question du CORPS; du COMMENT le FOND se présente, s’annonce, s’emballe, se projette, même si pour un certain nombre de désirants, ce n’est pas emballant. Ou s’ils jugent que c’est très mal ficelé. Cet Article 1 est un contenant. Ce n’est pas davantage un contenu que les autres articles. Oui, il contient l’Essence. Mais ce n’est que l’écrin. On ne refuse pas le contenu à cause du contenant. Certains de mes cadeaux de Noël étaient bien emballés, d’autres moins... Mais le CONTENU y était intact... La Souveraineté est là dans l’Article 1. Son désir y est affirmé. Sa volonté exprimée - oui, faiblement mais elle y est – Il n’est plus l’heure d’en discuter. Engageons-nous et discutons simultanément plutôt de la Forme. Et surtout du Mouvement vers cette Essence que nous partageons.
Unissons plutôt nos forces - dirait Luc Archambault avec raison - pour une bonne année 2011
Nicole Hébert


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1 commentaire

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    30 décembre 2010

    Chère Nicole, j'ai beaucoup aimé votre exposé, clair et précis suivi de votre excellente démonstration sur le quai de la gare...Si j'attendais avec vous je n'hésiterais pas à monter dans le premier train, il n'est plus temps de tergiverser, il faut embarquer, le temps n'est plus au chacun pour soi, mais au tous pour un, un pour tous.. l'essentiel n'est-il pas que tous les voyageurs soient d'accord sur le lieu de l'arrivée, sur cette magnifique destination finale ?.. Veut-on y aller ou pas ? Telle est aujourd'hui la seule question.
    Merci pour vos voeux si amicaux, à mon tour je vous souhaite une merveilleuse année pour vous et les vôtres, et bien sûr, écrivez-nous encore de nombreux articles sur Vigile où tous ont besoin de vous