OUI ou NON ?

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Le dilemme shakespearien : Être ou ne pas être

NON!…
C’était il y a vingt ans.
Vingt ans plus tard, il y a d’une part ceux pour qui c’est réglé et qui voudraient qu’on cesse d’en parler.
De ceux-là, cette semaine, on a entendu: « Le passé, c’est le passé ». « La souveraineté, les jeunes n’en veulent pas. Ils n’ont pas vécu ça, 1980, 1995. » « Ça ne les intéresse pas. » « Il faut tourner la page » Ou encore: « Les jeunes sont ailleurs. Ils n’ont pas de frontières, eux! »…
On connaît tous le refrain sur ces « citoyens du monde ». Sans frontières. Ça fait l’affaire de la mondialisation sauvage que certains jeunes s’estiment sans racines ou se réclament de maintes appartenances. C’est plus malléable, c’est moins dérangeant. Une plante en pot, sans racines au sol, ça se manipule, ça se trimballe…
Mais il y a ceux et celles qui en parlent… Cette semaine, Lisette Lapointe, Bernard Landry, Jean-François Lisée, Jean Royer et bien d’autres, mêlaient souvenirs, chagrins et espoirs. Certains par ailleurs en parlent plutôt pour mieux s’acharner sur ce projet de souveraineté du Québec qu’ils abhorrent et sur la ferveur indépendantiste. À part le documentaire de Danik Champoux, Ça fait vingt ans, présenté hier soir et heureusement souvent irrévérencieux, les « Grands Reportages » de RDI depuis dimanche dernier m ‘ont fait l’effet de cette parole-là. Une façon de voir toute canadienne. Avec, en extraits publicitaires, ces figures de proue « nonistes », les Chrétien, Charest, Frulla… On y exhibait la Victoire du NON! Une victoire, vraiment ? Un peuple qui se dit NON, un NON qu’un autre lui suggère et lui manigance, oserait crier victoire ? Il y a là comme un non-sens. Cette vision du référendum de 1995, NON, merci!
De toute façon, un référendum… ça sert à quoi ? Quel épouvantable procédé, s’il faut en croire Philippe Couillard. Quelle perte de temps! Consulter les citoyens ? ben voyons donc!
Pendant la campagne électorale de 2014 au Québec, qui nous a mené à la défaite que l’on sait, Philippe Couillard et ses acolytes ont abondamment parlé de référendum. Pas de celui de 1995, mais d’un prochain, un éventuel, celui que Pauline Marois aurait alors soigneusement et malicieusement dissimulé dans son foulard et dont les Libéraux brandissaient systématiquement la terrible menace au-dessus de la tête des Québécois.es. Une malédiction en puissance: le PQ concocterait un autre RÉ-FÉ-REN-DUM!
Dans la Presse du 31 mars 2014, on pouvait lire, sous la plume de Paul Journet : « Depuis le début de la campagne électorale, M. Couillard répète que le Parti québécois veut enfermer la population dans «la cage à homard» du référendum. Même si Pauline Marois constate que les Québécois ne veulent pas présentement de référendum et répète qu’elle «ne les bousculera pas», le chef libéral répète qu’il est «certain» qu’un gouvernement péquiste déclencherait un référendum. »
Et ce Couillard, qui dénonce régulièrement avec indignation ce qu’il appelle les « amalgames », voilà qu’il en offrait lui-même alors l’un des plus étonnants : selon lui, « la Charte péquiste de la laïcité serait une «vaste machination» pour «mettre les Québécois dans l’entonnoir du référendum», avec pour effet secondaire de «susciter» la xénophobie chez certains Québécois. »… Meilleur « amalgame » que ça!…
Philippe Couillard manie avec dextérité l’arme de la peur, comme il manie – on l’a vu – le bistouri… En cela, il avait des affinités certaines avec Stephen Harper.
Mais malgré cette allergie pour les référendums, notre chirurgien en chef devra s’y faire car on en parlera encore ces jours-ci et de plus en plus peut-être, par souci d’avenir. Le groupe « mixte » pour la convergence des indépendantistes donnait hier un signal en ce sens en ressortant, comme première action symbolique, les affiches du OUI de l’époque. On en parlera : indépendance, référendum-pas référendum, Question référendaire – surtout pas timorée – élection référendaire ?… Il se pourrait bien que le référendum de 1995, à l’occasion de ce vingtième anniversaire, revienne hanter ce premier ministre d’une province dont il s’accommode. Une « province », à sa mesure.
Cette semaine, du côté du NOUS : souvenirs, regrets, chagrins, bien sûr… Nous nous souvenons d’un 2e avortement. Avortement de pays.
Tania Longpré, dans son blogue du Journal de Montréal, exprimait sa tristesse d’une telle occasion ratée…: « Cette semaine est morne pour moi. J’aurais aimé fêter les vingt ans de mon pays, autour d’une bonne table. … »
Et dans le même journal, Mathieu Bock-Côté concluait son propos d’hier ainsi : « Il y a 20 ans, nous avons bêtement refusé de devenir un pays. Maintenant, nous en payons le prix. Mais ne le dites pas trop fort. Mieux vaut disparaître en douce et en faisant la fête. C’est moins honteux ».
Souvenirs, regrets, chagrins, bien sûr… Mais il n’est pas question que nous acceptions de disparaître, même en douce. Soyons des « têtes de pioche » et pour commencer, affichons-nous. Souvent « l’inattendu arrive »
Nicole Hébert


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