Le Secrétaire Général de l’OTAN J. Stoltenberg vient d’annoncer en date du 2/2/2016 qu’il approuve la proposition du Ministre de la Défense des Etats Unis, A. Carter de quadrupler les armements et les troupes américaines en Europe contre l’ « agressivité russe ».
Un peu plus tôt, le même jour, dans sa déclaration sur l’équipement militaire des Etats Unis pour une éventuelle guerre contre la Russie, Carter a dit :
« Nous renforçons nos positions en Europe pour appuyer nos alliés de l’OTAN dans le but de faire face à l’agressivité russe. En dialecte du Pentagone, ça s’appelle European Reassurance Initiative et alors que l’année dernière ont été demandés 800 millions de dollars, pour cette année nous demandons 4 fois ce montant pour arriver d’ici 2017 à 3,4 milliards de dollars. Cette somme est destinée à financer plusieurs choses : plus de forces armées des Etats Unis en Europe, plus d’entrainements et d’exercices avec nos alliés, plus d’intention et plus de moyens de guerre, l’amélioration des infrastructures et du soutient à tout cela ».
Pourtant la plus choquante des déclarations de Carter est la suivante :
« Quand tout cela se combinera aux forces des Etats Unis déjà déployées en Europe –très importantes elles aussi– nous serons en position de créer rapidement, d’ici 2017, une force terrestre d’armes combinées particulièrement exercée et qui sera en mesure de répliquer si ceci s’avère nécessaire dans le cadre de ce théâtre d’opérations ».
Si à tout cela on ajoute le nouveau dogme de l’OTAN qui consiste en la dénationalisation des forces armées des pays membres, la menace d’un conflit guerrier au sein de la scène européenne ayant comme prétexte la Russie est plus qu’évidente. Le dogme de la dénationalisation ne concerne pas la transformation de tout ou partie des troupes en mercenaires mais leur intégration en une structure unique de gestion et d’entreprises sous administration de l’OTAN.
Nombre de pays ont déjà remis la garde de leurs frontières –ce que l’OTAN appelle officiellement « surveillance policière »– et de leur espace aérien aux forces de l’OTAN. La totalité ou presque des infrastructures militaires, surtout de celles qui sont à la frontière de la Russie, ont déjà été livrées à l’OTAN dans le but de faciliter le développement de ses propres forces. Tel est le cas aussi en Pologne, en Finlande, en Roumanie et aux Pays Baltes. Récemment la Bulgarie a aussi livré son espace aérien à la « surveillance policière » de l’OTAN.
D’ici 2017, les Etats Unis non seulement auront quadruplé leurs forces en Europe (continent entièrement sous leur contrôle) mais chacun de ses alliés aura livré la totalité de son territoire au Quartier Général de l’Alliance et de ses membres pour leurs opérations. Et, bien entendu, les forces armées des pays européens ne seront plus sous les ordres politiques ou militaires nationaux, même pas pour sauver les apparences.
Voici comment est en train de se construire aujourd’hui en territoire européen la plus grande force d’agression militaire jamais vue. Une force américano-européenne qui fonctionnera sous les ordres d’un seul centre : le Quartier Général de l’OTAN.
Et tout cela d’ici la fin 2017. Dans l’hypothèse où les Etats Unis et l’OTAN planifireaient une invasion en Russie, que feraient-ils ? Pas plus de ce qu’ils sont en train de faire actuellement.
Ceci ne veut pas dire que nous serons de nouveau face à une invasion comme celle d’Hitler en ex Union Soviétique. Les méthodes ne seront plus les mêmes. Ce qui était envisagé comme invasion militaire lors de la 2e guerre mondiale aujourd’hui peut très bien se dénommer –et a déjà été dénommé– « intervention humanitaire ».
La création de foyers aux portes de la Russie, comme dans le cas de l’Ukraine, ou même dans son intérieur est une très bonne méthode d’invasion « humanitaire » ou « pacifiste » de l’OTAN. A condition qu’il y ait les crises socio-politiques adéquates.
Et pourquoi devrait-on se préparer à une invasion ? Pour des raisons pas uniquement géostratégiques mais aussi économiques. La Russie, ainsi que la Chine, constituent aujourd’hui des obstacles à la dynamique des marchés des capitaux mondiaux. Ce sont des économies encore protégées, dans une ère où le capital financier exige l’effondrement de toutes les frontières, de toute sorte de protectionnisme, pour qu’il puisse envahir tous les recoins de la planète sans aucune limite, au gré des montées et des descentes du paroxysme spéculatif des marchés.
Alors que l’économie mondiale continue son effondrement, au moment même où le capital virtuel des bourses et des marchés explose à la recherche de nouvelles opportunités de maximalisation des profits, la nécessité d’une guerre devient de plus en plus urgente. Non seulement sous la forme de conflits et d’interventions périphériques, comme c’était le cas jusqu’à présent, mais même sous la forme d’une nouvelle grande guerre européenne.
Voici à quoi nous préparent les Etats Unis et l’OTAN.
Pour la traduction en français : Christina Komi
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