Les failles de la droite

Élections fédérales du 14 octobre 2008


Depuis 1980, la droite gère l'économie mondiale. Comment est-il possible qu'après trente ans d'une prospérité factice sans gains pour l'homme moyen, suivis par l'éclatement spectaculaire de la bulle financière, les gens ordinaires demeurent tentés par les options conservatrices?
Si, aux États-Unis, ce phénomène est souvent lié à une religiosité étroite, et en Europe à la peur de l'immigration, au Canada, la persistance du conservatisme est due à une campagne de propagande. En effet, les forces de droite ont érigé trois fausses prémisses en «vérités».
1- Il faut constamment réduire les impôts.
2- Le secteur privé est toujours plus efficace que le secteur public.
3- Il ne faut jamais tolérer un déficit ou un niveau modéré d'inflation.
L'emprise de ces trois «vérités» fait en sorte que des programmes politiques qui proposent la création des programmes sociaux ou l'intervention de l'État sont perçus comme naïfs ou dépassés. Pourtant, ces prémisses sont sans fondement.
S'il est vrai que le niveau de taxation peut varier, il est loin d'être établi que le plus bas niveau possible est le meilleur.
D'une part, la fonction des impôts est non seulement le financement des activités de l'État mais aussi la redistribution afin de réduire l'écart entre riches et pauvres.
En deuxième lieu, les baisses d'impôts constituent normalement des cadeaux pour les très riches, qui par ailleurs n'ont pas besoin de services.
Finalement, la théorie disant que sans ces baisses, les emplois vont déménager dans les pays qui taxent moins est boiteuse. Nous ne pouvons pas concurrencer les salaires du tiers monde. Dans certaines industries, les entreprises utiliseront les baisses pour financer leur départ. Dans d'autres secteurs, nous jouissons des avantages majeurs précisément à cause de notre niveau de taxes. Nos compétiteurs aux États-Unis se plaignent parfois que notre système d'assurance mala-die est une subvention cachée, ce qui n'est pas tout à fait faux.
Si notre système fiscal peut parfois nous rendre moins compétitif, il ne faut pas être obnubilé par les dogmes du libre-échange. Certaines mesures protectionnistes peuvent s'avérer préférables à la destruction du système social par la réduction d'impôts. Si Barack Obama gagne les élections et garde sa promesse de protéger certains emplois américains, nous devrions collaborer avec lui plutôt qu'insister sur le libre-échange.
La deuxième «vérité» à démolir est étroitement liée à la première. S'il est vrai que le secteur privé gère mieux la production et la vente des produits que le secteur public, c'est le contraire dans les services, et notamment dans la santé, l'éducation, la culture et la protection de l'environnement. La privatisation de ces services crée l'inégalité et compromet la qualité de vie. Le conservatisme moderne invite le consommateur à troquer l'avenir des systèmes de santé et de l'éducation contre quelques jeux d'ordinateur et quelques hardes. Pour maintenir la qualité de vie, il faut un rôle majeur pour l'État dans l'économie.
La troisième «vérité» est aussi indéfendable. L'histoire démontre que les sociétés qui dépensaient les deniers publics réussissaient mieux que les autres, à condition de dépenser pour la santé, l'éducation et les infrastructures plutôt que pour les choses inutiles comme les guerres. De plus, une inflation modérée était souvent le signe d'une époque prospère.
Certes, la frugalité demeure une grande vertu. De plus, il faut être vigilant afin que l'État puissant que l'on crée ne commette pas d'abus de pouvoir. Cela ne peut masquer la vérité évidente que le système en place depuis 1980 et basé sur la privatisation et la déréglementation est un échec total.


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