Les fanatiques religieux de gauche

Tribune libre

Lorsque j’étais plus jeune, c'est-à-dire pendant les années 1970, on était habitués à un certain type de fanatisme religieux qui était relayé sur la place publique, à la radio et à la télé et, dans une moindre mesure, les journaux. On trouvait surtout de l’information sur les Rose Croix, les Orangemen, le Klu Klux Klan, les Témoins de Jéhovah et les Franc Maçons de même que Vers Demain et les Born again américains: c’était surtout de la propagande d’extraction judéo-chrétienne. Le fil commun, c’est que toutes ces sectes avaient un penchant vers une certaine droite politique, sans exception.
À l’instar de d’autres croyances, ces deux courants religieux, chrétiens et juifs, partagent la même grille d’analyse face à la laïcité ou à l’égalité des sexes. Leurs codes et leurs tabous respectifs étant très semblables, ils se trouvent à perpétuer, sans entrave, le cloisonnement de la moitié de l’humanité sous la domination d’une hiérarchie traditionnelle endossée par de nombreuses générations des clercs avec leurs traditions immuables et leurs rites martelés quotidiennement, parfois indissociables de leur culture, qui sont, ni plus, ni moins, des vestiges nécrosés du passé, des pratiques sociales autant obsolètes qu’aliénantes où les droits individuels et collectifs sont soumis au filtre de la médiation de la culture religieuse ambiante.
Depuis les années 1980, avec les mouvements marxistes-léninistes tels que le mouvement En Lutte et la Ligue communiste marxiste-léniniste, devenue Parti Communiste Ouvrier par la suite, beaucoup d’instances syndicales et de groupes féministes avaient été noyautés par ces deux groupes et depuis, ces mêmes militants ou militantes, comme Françoise David, sous l’impulsion romantique sinon romanesque du mythe d’ouverture sur l’autre face au capitalisme sauvage, elles et ils se sont désengagés de la lutte nationale pour se mettre au service des autres cultures et traditions et, par conséquent, leurs croyances.
L’analyse de Charles Taylor de la fondation conservatrice Templeton dictant les paramètres de la laïcité ouverte est un autre choix religieux que Mme David et M. Khadir ont endossé à la sortie du fameux rapport commandé par Crapet Charest. Sœur Françoise a manifesté, par la suite, le désir de convertir cette laïcité ouverte en laïcité, tenez-vous bien, rassembleuse.
Pour revenir au désengagement au niveau de la lutte nationale, on n’a qu’à penser à la position du PCO et du mouvement En Lutte lors du référendum de 1980: ils prêchaient tous deux l’abstention par l’annulation du vote.
Maintenant, QS n’a pas seulement besoin d’une leçon de méthode, ce groupe devrait revoir son idéologie de gauche nécrosée par ce souci démesuré de plaire à tout le monde et à toutes les religions. Par ce procédé, ils semblent oublier l’histoire de notre peuple qui fut l’objet d’abus par les loyaux dispensateurs de son culte travesti, par le racisme britannique et américain, par la discrimination et par le préjudice parfois extrême, partout sur ce continent et ce, bien avant les nouveaux arrivants.
Je doute que le parti de M. Renaud soit apte à discuter sérieusement d’immigration et des charges réelles, telles qu’évoquées par Jacques Noël, à savoir que l’immigration massive fait subir une pression déraisonnable à notre peuple et à notre fragile ébauche d’État en temps de crise. S’ils avaient cette ouverture conceptuelle, ils comprendraient que depuis Durham, l’immigration massive a toujours été utile, d’abord comme instrument de fragmentation nationale et ensuite pour réduire la qualité de vie chez les autochtones.
Certains des membres de QS, comme son secrétaire général, Benoît Renaud, qui se dit pacifiste, altermondialiste et anti raciste, devraient songer sérieusement à leurs concepts ésotériques de solidarité sociale, de culture et de religion avant de se mettre à contre-courant de la laïcité.
D’ailleurs, pas très audacieux comme démarche que d’accuser son propre peuple de racisme. En effet beaucoup de collabos, certains très serviles, d'autres très lâches, l’ont fait bien avant lui.
Par ailleurs, les aparatchik de QS devraient se concentrer à savoir pourquoi ce parti demeurera fort probablement très marginal et ce, malgré l’élection atypique d’un certain Amir Khadir.
Lire un texte de ces apôtres du vivre ensemble par l’ouverture à sens unique, c’est semblable à une expérience mystique comme un gros vide existentiel ou identitaire, comme ce que j'ai ressenti à la lecture du rapport Bouchard-Taylor. Si on ne prend pas garde aux propos hypnotiques du mantra du «vivre ensemble» répété à satiété, on peut être conditionné, voire conscrit pour une croisade contre les hérétiques de la laïcité qui, on le sait bien, sont tous des fanas.
Il faudrait souligner à ces hauts-placés de chez QS que la liberté de conscience ayant préséance sur les droits collectifs et individuels, ça a toujours été un dada du PLC et par extension, du PC, de même que de d’autres régimes, totalitaires.
Daniel Sénéchal
Montréal


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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2010

    Interdire les signes religieux ostentatoires dans la fonction publique n'empêche pas les individus de penser ce qu'ils veulent et de pratiquer la religion qu'ils veulent. Les écoles publique (d'État) ne sont plus confessionnelles mais linguistiques, cela veut dire qu'il ne doit plus y avoir d'enseignement confessionnel dans les écoles, ni catholique, ni protestant, ni rien. Est-ce que ça décide de la façon de penser des individu? Les individus ne peuvent aller contre la laïcité de l'État (une fois qu'elle sera établie —ce qui est loin d'être le cas pour le moment. Un État laïque ce n'est pas un État pluri- ou multi confessionnel, c'est un État a-religieux, non-religieux, neutre. Le religieux peut être PARTOUT sauf là.

  • Jean Archambault Répondre

    9 janvier 2010

    Les juifs hassidiques loubavitch ne sont pas marginalisés par les citoyens québécois; ce sont eux qui recherchent cet isolement. En Israël, les juifs loubavitch vivent en vase clos, même par rapport aux autres juifs car ils se considèrent comme les derniers élus qui possèdent la vérité... un peu comme QS qui base son argumentation sur le respect de la liberté individuelle. Sur ce point, vous vous comportez comme le courant "libertarien"de droite, dont le principe de base consiste à affirmer que les droits des individus est le principe premier de toute action. Même si vous niez l'évidence, cela ne la fait pas disparaître.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2010

    Je suis découragé de lire les textes sur la tribune libre de Vigile... vraiment. Qu'ont de fanatique QS? Ils prônent simplement la laicité de l'État, mais pas celle des individus. Est-ce si dur à comprendre? L'État ne peut décider des façons de penser des individus, voilà tout.
    Maintenant, QS fait la promotion de la laicité (c'est le seul partie d'ailleurs à vouloir retirer la croix de l'Assemblée, ne considérant pas que cela fait partie de "notre patrimoine"...), espère que l'ensemble de la population va y adhérer éventuellement, souhaite voir le patriarcat disparaître (chez tout le monde, pas seulement chez les immigrants), mais comprend qu'on ne peut pas imposer une émancipation. Il n'y a rien de fanatique là-dedans, au contraire.
    Il s'agit d'une position extrêmement modérée (trop diront certains, mais de là à la qualifier de fanatisme religieux, le pas franchi est géant et farfelu), mais c'est une position qui donnent une réponse complexe à une situation complexe. Nous devons aider les nouveaux arrivants à mener des luttes similaires à celles qui ont marqué le Québec dans les 50 dernières années, mais on ne peut pas demander à ce que ce soit fait en quelques jours à l'aide d'une loi qui ne fera, de toute façon, qu'ostraciser des gens et les cantonner dans leurs traditions, voire les ghettoiser sur des parties précises du territoire québécois.
    Avec un peu d'ouverture, statistiquement parlant, la 3e génération est habituellement majoritairement "intégrée" au mode de vie général de la majorité. Avec la fermeture qui est suggérée par de nombreuses personnes sur ce site, nous ne pourrions qu'arriver à la même situation avec la plupart des nouveaux arrivants qu'avec les Juifs hassidiques d'Outremont ou d'ailleurs, c'est-à-dire à un repli total sur soi (d'ailleurs, QS est le seul parti à vouloir cesser toute subvention aux écoles privées, confessionnales ou autres. N'abordant pas dans ce sens, le PQ favorise donc sans le vouloir le multiculturalisme canadien qui semble en effrayer plusieurs).

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2010

    Je suis un des membres fondateurs de QS. Ma conjointe et moi étions à l'Université de Montréal au moment de sa fondation, cartes nos: 140 & 141 et avant au RAP, à l’UFP, au PDS... Après une absence de 3 ans des débats politiques, suite à une profonde dépression nerveuse, j'étais de retour chez QS pour un camp de formation, les 4, 5, et 6 septembre dernier à l'ile Perrot. Je suis tombé en bas de ma chaise. Un coup de masse dans mes convictions.
    Je ne reconnaissais plus cette formation politique en qui j'avais placé mes derniers espoirs, j'ai 64 ans et je suis fatigué de trop de déceptions. Lors d'un atelier sur la laïcité, qui abordait le port du foulard, j’ai émis l'opinion suivante: « On doit dire que chez les Arabes, comme chez tout autre peuple, l'adhésion religieuse va de l'athéisme, en passant par tous les degrés, jusqu'au fanatisme de l'Islam combattant qui instrumentalise la religion. Il faut se méfier de toutes les têtes de pont qui s'infiltrent dans nos sociétés et pour qui le port du foulard, volontaire ou pas, devient un outil politique ». Près de moi, un participant d’origine arabe acquiesça à mes propos. Mais voilà, le ciel m'est aussitôt tombé sur la tête en la personne d'un des animateurs, et ce n’était pas Benoît Renaud, qui rouge de colère, m'apostropha de la pire des façons, allant jusqu'à me traiter d'islamophobe, de raciste et j’en passe. L'atelier, fort de cette sortie et sans revenir sur mes vrais propos, explosa de colère à mon endroit. C’était à qui me descendrait le plus vertement. Je leur fis remarquer qu’ils étaient bien naïfs dans leur pseudo ouverture, ce qui ne fit qu’envenimer le débat. J’assistai alors à une véritable opération de censure, j’avais osé exprimer mon opinion. NON, une opinion contraire à ces bienpensants de l’ouverture inconsciente à toutes les dérives.
    Alors, lorsque je reçois des courriels de Mme David et qui me disent qu’à QS, les débats sont ouverts et qu’on y accepte toutes les opinions, j’ai un immense doute. Les propos de M. Renaud, secrétaire général, parlent d’eux-mêmes. À la sortie de cette rencontre, un autre Arabe, très sympathique, me fit la remarque suivante: «de toutes évidences, cet homme n'a jamais assisté aux prêches du vendredi dans certaines mosquées de Montréal, il changerait vite d'opinion». De ce moment, jusqu’à la fin du camp, ce fanatique personnage n’a jamais osé croiser mon regard. J’étais devenu le pestiféré du camp. Mais attention, il y aura une suite.
    Je crois sincèrement que la dérive de M. Benoît Renaud n'est pas accidentelle, il y en a d’autres. Au sein de QS se développe cet obscurantisme qui nait de la possession de la vérité, de la modernité, du savoir-vivre en société; surtout au niveau des apparatchiks du parti. Mais ce qui devient dramatique, c’est le fait qu'il enrégimente une belle jeunesse qui se croit ainsi dans la tolérance et la sainte vérité.
    Je songe à me retirer de QS, mais avant, je ne laisserai pas passer cette dérive sans interpeler cette formation. On devra m'écouter! Un droit de parole c’est sacré et on devra me l’accorder. Ensuite on descendra en flammes mes propos, je saurais alors ce qu’il me restera à faire. Ainsi, je demande à tou(te)s les membres de QS, qui ont été choqués des propos de Benoît Renaud, de retenir leur démission jusqu'au prochain CG de Montréal. Alors, selon les réponses et l’attitude générale, il sera encore temps de démissionner en bloc.
    À QS, souvenez-vous de mon nom, nous allons en reparler.
    Jean-Maurice Demers, de l'est de Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2010

    Québec solidaire est-il fondamentaliste ?
    "Tous les fondamentalismes, qu'ils soient politiques, religieux ou scientifiques, ont une matrice similaire : ils considèrent leurs interlocuteurs non comme d'indispensables et légitimes contradicteurs mais comme des incarnations du Mal, des ennemis à abattre [je m'interroge sérieusement sur des déclarations de Mme David]. Il existe des fondamentalismes religieux, de gauche, de droite et même écologistes ou de décroissance. Quelle que soit leur tendance, les fondamentalismes se caractérisent par le fait que tous donnent une explication "totale" du monde et de la condition humaine. Ils réfutent toute idée d'inconnu intangible à cette condition. Ils rejettent dans l'hérésie ceux qui fondent leur fonctionnement sur le doute."
    Vincent Cheynet - né en 1966 - Le choc de la décroissance - 2008, page 180

  • Jean Archambault Répondre

    8 janvier 2010

    Bravo monsieur Sénéchal
    Votre texte rigoureux démontre l'incapacité viscérale de cette gauche désincarnée (QS) de s'ajuster aux événements. C'est une pensée unique qui met en danger la démocratie car elle pousse les citoyens vers des positions plus tranchées. En Europe, les courants d'extrêmes-droites profitent le plus de cette vision angélique. Berlusconi a été élu en Italie parce que la gauche n'arrivait pas à contrôler l'immigration illégale.
    Qui a dit que gauche et multiculturalisme vont nécessairement de pair ? Qui a dit que gauche et acceptation des signes religieux dans la fonction publique sont inséparables ? Qs va se marginaliser encore plus et je demande aux militants de ce parti de quitter ce bateau qui dérive tranquillement dans les eaux troubles du multiculturalisme. On peut être de gauche en encourageant une État laïc et en rejetant tout signe religieux dans la sphère publique.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2010

    Sur les documents officiels de directeur général des élections, en 2008, Monsieur Benoit Renaud n'était pas le secrétaire général mais bien le chef de Québéc suicidaire.
    Cependant, il envoyait au front soeur David. Il espérait peut-être devenir premier ministre du Québec, grâce au vote proportionnel, tout en restant dans l'ombre, en ne dévoilant pas ses intentions jusqu'au jour du pouvoir...
    Il a essayé d'entrer aussi à l'Assemblée nationale, en se présentant comme candidat de QS ( en cachant qu'il en était le chef officiel)à Rivière du Loup lors de la dernière partielle.
    Pourquoi monsieur Renaud se cache t-il ?
    Jeanne du lys

  • Marcel Haché Répondre

    8 janvier 2010

    Tous les textes de Jacques Noël vont effleurer un peu le P.Q., mais couleront sur le dos de Q.S. comme une goutte d’eau sur le dos d’un canard.
    La réalité intéresse moins Q.S. que la réalité parfaite, religieuse à sa façon, toute engloutie par la seule idéologie. L’analyse y a été faite, et la ligne tirée : Q.S est multiculturaliste, c’est dans l’air du temps. Laïque de la même façon. Républicain de la même façon. Souverainiste de la même façon. Et nationaliste pour un sous. Pas plus.
    Cette vieille gauche apporte peu. C’est une gauche à bicyclette, docile, incapable de sortir des pistes cyclables et aménagées depuis longtemps, mais qui se croit rebelle.

  • Gilles Bousquet Répondre

    8 janvier 2010

    Totalement d'accord M. Sénéchal, texte bien écrit, intéressant, logique et bien senti.
    Québec solidaire devrait se convertir en religion où il y a de la demande pour la diversité. Un autre domaine où les dons sont aussi déductibles de l'impôt.

  • Jean-Roch Villemaire Répondre

    7 janvier 2010

    Merci Daniel de remettre les pendules à l'heure
    Jean-Roch