Les souverainistes péquistes surtout et les bloquistes aussi nous font penser à ces scolastiques qui s’amusaient avec la logique comme des enfants peuvent jouer avec leur yoyo. Les idées s’affirment dans tous les sens, mais jamais en-dehors de leur systématique. Pour leur part, les péquistes ronronnent depuis 40 ans sur l’article 1 de leur programme qui est dans les faits une imposture de l’indépendance. D’autre part, tout ce que peuvent nous offrir les bloquistes après 17 ans de présence dans le parlement canadien, c’est cette proposition principale d’« Imaginer le Québec de demain ». Ne seraient-ils pas victimes de la propagande fédéraliste ainsi que de la doctrine elle-même du fédéralisme ?
L’indépendance dans une fédération ou une confédération
L’idée de la souveraineté est assez simple pour eux. En gros, elle se résume en une phrase : « L’indépendance dans une fédération (ou confédération) consiste à récupérer tous les pouvoirs dévolus à l’État central. » (Voir l’ANNEXE) Selon cette définition de Me André Joli-Coeur de Québec et candidat péquiste aux dernières élections provinciales, nous ne sommes pas très loin du Rapport Allaire et finalement de Mario Dumont et de l’ADQ cuvée 2007. Les souverainistes et les autonomistes québécois devraient savoir aujourd’hui qu’il ne suffit pas de se contenter de décentraliser le Central ! N’en finirons-nous donc jamais avec l’optique fédéraliste ? Il revient aux souverainistes de bien comprendre que la dynamique de toutes les sortes d’union fédérale consiste à fédéraliser, à centraliser. Belle tautologie ! mais elle « marche » pour les défenseurs de l’idéologie fédéraliste. Les autonomistes ou les souverainistes ne sont à toute fin pratique que des provincialistes (cf. ANNEXE).
Au fond, les souverainistes péquistes et bloquistes recherchent tout simplement un type d’autonomie politique pour le Québec dans une fédération canadienne remodelée accordant des pouvoirs accrus au Québec seulement à cause de sa différence provinciale (cf. ANNEXE). Ils croient nous annoncer l’indépendance du Québec tout en admettant l’existence d’un organe central au sein d’une union canadienne dont il nous est très difficile de concevoir les contours. Le discours est ondoyant à souhait et donne même dans l’utopie.
La fuite en avant est une des caractéristiques du mouvement souverainiste au Québec. Ses tenants imaginent un Québec de demain, ils rêvent d’un pays, ils dessinent dans le détail les traits de la société québécoise de l’avenir (ce « projet » de pays), ils écrivent une constitution pour un État provincial, ils cherchent des ajustements dans la réforme du vote proportionnel, ils sont pacifistes, ils s’accrochent au protocole de Kyoto, ils souhaitent obtenir une société juste et solidaire, bref, ils prêchent constamment la vertu. Finalement, ils reportent systématiquement à plus tard l’objectif même de leur existence. Qu’il est beau de les entendre pérorer sur tous ces sujets et, en revanche, avoir tant de difficultés à prononcer le mot indépendance. Le 26 mars dernier, le citoyen « moyen » a décidé de reléguer les péquistes au rang d’un tiers parti à l’Assemblée nationale et de laisser passer Mario Dumont au poste de Chef de l’opposition à Québec.
Après les démissions successives des cinq chefs du Parti québécois depuis 1976 et du possible départ d’André Boisclair, il est à se demander où se trouve le problème chez ces souverainistes. Ils croient au Québec comme à la prunelle de leurs yeux mais à l’occasion d’un coup dur ou d’une insatisfaction personnelle, il quitte le bateau en proclamant toujours que le Québec souverain leur tient vraiment à cœur. Ils sont des lucides ! Il suffit de les voir aller (même après avoir quitté la scène politique active) pour constater à quel point ils sont tous très décevants. En réalité, si nous les comprenions nous n’aurions pas à être déçus. Ils sont tous des autonomistes associationnistes. De plus, ils sont imbus d’eux-mêmes et de leurs idées sur la nation québécoise qu’ils ont été obligée de circonscrire à l’intérieur d’un Canada uni. Maintenant qu’ils n’ont plus rien à nous dire de sérieux, ils nous répètent qu’ils défendent les intérêts supérieurs du Québec à Ottawa – et bien sûr à Québec.
Depuis le 26 mars…
Depuis le 26 mars dernier, les Québécois-Français, en particulier, sont chamboulés. Ils croyaient dur comme fer qu’un seul parti politique, le PQ, pouvait leur donner l’indépendance. Ils croyaient aussi que le BQ aurait pu influencer suffisamment au Central pour modifier les effets centralisateurs des politiques du gouvernement fédéral. À tous ces naïfs du souverainisme à deux, nous tenons à rappeler « Les deux solutions à la « question nationale » et les « options possibles » d’après l’analyse sociohistorique de Maurice Séguin au sujet de l’annexion du Canada-Français au Canada-Anglais. Les souverainistes péquistes et bloquistes comme tous les autres partis d’obédience souverainiste devraient réfléchir sur la grave question de l’ANNEXION d’une nation par une autre nation. Cette analyse est projetée à partir de l’optique indépendantiste (voir Les Normes, chap. 3, sect.10, division 1.-4).
et les options possibles
Y) La « question nationale » n’est pas une voie à sens unique.
Il est aussi intelligent et légitime d’aller
– soit vers l’indépendance,
– soit vers [l’annexion et] l’assimilation totale.
Ces deux solutions se rejoignent...
Z) La politique du « possible » :
1o) monter vers l’indépendance...,
2o) accepter lucidement l'annexion...,
3o) se laisser glisser vers l’assimilation (de préférence totale),
sont des options qui peuvent se justifier.
Accepter lucidement l’annexion inévitable,
faire face lucidement à la provincialisation
qui s’impose par la force des choses,
c’est tirer parti de la réalité « obligatoire »,
c’est logique et nécessaire.
On doit comprendre le paragraphe Y) à partir de la norme qui suit : « La cause de l’assimilation est l’annexion prolongée… » D’où les deux solutions qui peuvent mettre fin à l’annexion : l’indépendance ou l’assimilation. Toutefois, il existe trois options dans « la politique du possible » (cf. le paragraphe Z). Par conséquent, les subdivisions Y et Z doivent être vues comme un tout.
Dans un premier temps, l’auteur signale qu’il y a « deux solutions » à envisager. Toutefois, la politique du « possible » suggère trois « options » qui se justifient. Conséquemment, l’état de la situation est à peu près celui-ci : ou accepter « lucidement l’annexion » ou l’accentuer parce que la nation minoritaire y fait « montre de trop de zèle » ou, encore, savoir « ce que c’est que l’indépendance » et « attendre l’occasion… si jamais… » Voilà le très grand réalisme de Maurice Séguin devant l’impasse québécoise. Il se réserve toutefois un « si jamais » en guise de conclusion. Cette conclusion doit être rapprochée de celle de sa thèse de doctorat en 1946 : « Les Canadiens, écrivait-il, peuvent se réserver l’espérance. » (Cf. La Nation « canadienne » et l’agriculture (1760-1850).
Il faut signaler ici que malgré ses doutes sérieux sur l’avenir des Canadiens (français), cet historien est capable d’un espoir modéré fondé sur une connaissance de l’histoire et sur les capacités surprenantes de n’importe quelle société. Il est conscient que la réponse repose entre les mains d’une équipe qui souhaite « maîtriser et réussir sa vie collective selon sa fin propre ». Ce serait cette forme de nationalisme naturel que pourrait pratiquer consciemment une collectivité nationale désireuse d’accéder à son indépendance nationale.
Pour résumer, nous dirions que c’est là que réside tout l’espoir de Maurice Séguin. L’accuser de pessimiste serait mentir ou refuser de comprendre Les Normes. Finalement, le paragraphe Z) représente le testament de Maurice Séguin dont l’œuvre est de nous faire comprendre « ce que c’est que l’indépendance ».
L’élite souverainiste dans l’embarras
En conclusion, l’élite souverainiste actuelle doit comprendre qu’elle ne peut faire fi des nombreux avertissements qu’elle a reçus et de ses membres et de la société québécoise. En déroute, elle n’est pas plus lucide aujourd’hui que le citoyen ordinaire. Quant aux indépendantistes raisonnables, ils ont compris depuis belle lurette que cette formation politique nationaliste ne veut que gouverner une province avant le Grand Soir qui lui serait servi un jour sur un plateau d’argent et sans effort, par la population québécoise en liesse. Enfin, on vous la donne l’indépendance, les petits amis ! Ce n’est pas ce qu’ils ont fait le 26 mars dernier.
Trop de suffisance et de naïveté politique a placé le PQ en troisième place sur l’échiquier parlementaire. La situation est pour le moins très décourageante et certainement très pénible à accepter pour les tenants du souverainisme (cf. l’ANNEXE). Nous croyons que les indépendantistes espèrent beaucoup trop des mécanismes électoraux et de la force d’un parti souverainiste qui préparerait le MOUVEMENT susceptible de gagner les Québécois et les Québécoises à la cause de l’indépendance du Québec. Quarante ans de militantisme péquiste viennent de se solder par un échec cuisant. Son chef actuel fait des apparitions, mais savons-nous où il veut aller ?
Le redressement exigerait beaucoup plus que des corrections mineures à l’article 1 du programme, car c’est la conception même de l’indépendance du Québec qui est en cause. Leur option souverainiste associationniste ne fonctionne pas auprès de la population. Hélas ! ils continuent quand même à raisonner dans l’optique fédéraliste. En fait, ils veulent renverser Trudeau, le déboulonner de son piédestal, pour donner au provincialisme un poids plus grand au sein d’un système politique canadien moins centralisé. En plus, ils comprennent mal que le Canada-Anglais ne restera pas immobile pour se laisser marcher sur les orteils. Comme l’a déclaré fermement Louis S. Saint-Laurent à l’autonomiste Maurice Duplessis, il y a plus de 50 ans, « le Québec est une province comme les autres ». Les boniments d’« ouverture » du Canada-Anglais sont à prendre avec circonspection.
Au lieu de toujours étaler à la face de l’opinion publique nos mêmes états d’âme, le combat bien organisé vers des objectifs politiques menant à l’indépendance du Québec doit s’organiser de manière systématique. L’union de tous les indépendantistes s’impose afin de créer le MOUVEMENT qui permettra l’accession du Québec à l’indépendance. Il semble bien que la lumière ne viendra pas du Conseil de la souveraineté tel qu’il existe et tel qu’il fonctionne en ce moment.
Bruno Deshaies
ANNEXE
• D’après le Dictionnaire Encarta français
Nom commun - masculin
1. [politique] refus de voir intégrer son pays dans un ensemble plus vaste
• la méfiance du souverainisme envers l'idée européenne
2. [politique] attitude consistant à prôner l'indépendance de sa province hors d'un gouvernement fédéral (québécisme)
• le souverainisme québécois
En complément à cette tentative de définition du souverainisme, nous suggérons de lire l’article d’Alain Bloedt dans Europeplus.net sur « Fédéralisme et souverainisme ». Nos souverainistes québécois pourraient réfléchir sur cette déclaration du député conservateur britannique au Parlement européen, Roger Helmer : « Nous ne voulons pas de gouvernement supranational à Bruxelles. Nous voulons être gouvernés par nos propres représentants élus qui siègent à Westminster, non par une bande d’eurocrates ! ».
* * *
C’est le cas de le dire, un problème de sémantique fort intéressant. Quant à la seconde définition du dictionnaire Encarta, si c’était le cas au Québec, il y a longtemps que la souveraineté se serait réalisée. Or, il y a toujours cette « maudite » idée de l’association, d’une union quelconque, dans un type de fédéralisme soit « très peu » ou « peu » centralisé qui flotte toujours dans l’air et embrouille les esprits. Ce qui est la conséquence de l’annexion dont se moque le clan des autonomistes fédéralistes (ou provincialistes). Il serait plutôt question de régionalisme. Il y en a d’autres qui ne cessent de chialer et de pester contre le fédéralisme quand ce n’est pas tout simplement de ronronner dans le sillon de notre nationalisme ancestral atavique qui nous a donné d’un seul coup les Lévesque et les Trudeau et qui sait demain les Dion et les Charest. L’histoire est tellement surprenante qu’on ne verra jamais tout de notre vivant. L’avenir est toujours incertain et imprévisible.
PROVINCIALISME
• D’après le Trésor de la langue française informatisé (TLFi);
subst. masc.
B. Attitude favorable à une province, à ses particularités ; attachement plus ou moins passionné à une province face à l'État.
REM. Provincialiste, adj. et subst. (Celui, celle, ce) qui est attaché(e) à une province, qui la défend.
• D’après Le Nouveau Petit Robert (1994)
n. m.
Mentalité provinciale. Voir Provincial.
Provincial, adj. et n.
4. (Canada, 1867) Qui concerne le gouvernement d’une province (opposé à fédéral). Gouvernement provincial.
• Quatre références avec des extraits :
1. – Blog « L’ancien et le moderne »
L'américain Thomas Stearns Eliot (1888-1965) nous met en garde contre un autre type de provincialisme, celui du temps. « À notre époque, écrit-il dans son essai sur Virgile en 1944, où les hommes sont plus que jamais enclins à confondre sagesse avec savoir, savoir avec information, où ils tentent de régler leurs problèmes avec la technologie, on voit apparaître une nouvelle sorte de PROVINCIALISME qui mériterait sans doute un autre nom. Il ne s’agit pas d’un provincialisme lié à l’espace et à l’éloignement du centre mais d’un PROVINCIALISME du temps. »
2. – Mario Beaulieu dans L’Aut’Journal
Certains dirigeants souverainistes en sont venus jusqu’à taxer de PROVINCIALISTE la revendication de mesures législatives visant à rétablir le français comme la langue commune et officielle et donc, à exclure le bilinguisme institutionnel. Il semble que plusieurs en sont venus à voir le bilinguisme canadien comme le modèle d’un aménagement linguistique national.
[…]
Il ne faut pas que les souverainistes se cantonnent dans l’attentisme stratégique et qu’ils cautionnent un rapetissement PROVINCIALISTE de l’aspiration nationale de faire du français la langue commune.
3. – Bruno Deshaies, [« Fable comparative entre l’actif et l’agir. Ou de la compréhension de l’AGIR sous trois aspects dans toute société civile. »->2665] Dans INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 264, Chronique de Vigile jeudi 2 novembre 2006.
Le contenu de ce texte a l’avantage de mettre en évidence un fait très important, à savoir que l’indépendance n’est pas qu’une question de liberté et d’identité dont les nationalistes souverainistes abusent abondamment. L’indépendance est principalement cette capacité de mettre la prédominance sur l’AGIR collectif. À cet égard, il n’y a pas de palliatifs simples. Les Bernard Landry ou les Gérard Bouchard n’y parviennent pas vraiment. Ils sont dans le discours de l’égalité, de l’identité, de la fierté quand ce n’est pas dans celui de la dignité, de la liberté et enfin celui du « goût de l’avenir ». Essayez d’accrocher le discours indépendantiste véritable à ces concepts et vous pourrez vous dire que vous pouvez vraiment en faire autant dans le « PROVINCIALISME », c’est-à-dire dans l’esprit « de ceux qui croient qu’une « nation » peut se contenter d’être « province » d’une autre nation » (cf. Maurice Séguin. Les Normes, Chapitre deuxième, subdivision B-3 : 5-b. Un thème « à reprendre » selon l’auteur, car il concerne l’ANNEXION). Donc, à quoi bon faire l’indépendance, si le peuple québécois peut aussi bien s’épanouir dans le régime actuel, diraient les fédéralistes... Ce danger guette la pensée des souverainistes plus revendicateurs seulement qu’indépendantistes.
4. – Consulter le Dictionnaire allemand-français
Il est intéressant de noter le nombre d’usage du mot allemand « provinz » dans différentes acceptations. Voici une liste de mots utilisés en allemand à partir du mot « provinz » et traduit en français.
Provinz (-, en) [f] province [f] [région]; département [m]
in der Provinz en province
die tiefste / finsterste / hinterste Provinz le fin fond de la province; le trou;
le bled bischöfliche / erzbischöfliche Provinz province ecclésiastique
Provinzausschuss (es, "e) [m] commission [f] provinciale
Provinzbewohner (s, -) [m] provincial [m]
Provinzbewohnerin (-, nen) [f] provinciale [f]
Provinzblatt (s, "er) [n] feuille [f] / journal [m] de province
Provinzbühne (-, n) [f] théâtre [m] / scène [f] de province
Provinzhauptstadt (-, "e) [f] capitale [f] provinciale
Provinzialisierung (-) [f] provincialisation [f]
Provinzialismus (-) [m] provincialisme [m]
provinzialistisch provincialiste
Berlin ist so provinzialistisch was die Verwaltung angeht. Berlin est si provincialiste
en ce qui concerne l'administration.
Provinzialist (en, en) [m] provincialiste [m]
Ein « merikanischer Provinzialist » entdeckt die Klänge der Welt.
Un "provincialiste américain" découvre les musiques du monde.
provinziell provincial ; de province
Provinzielle Misswahl Élection provinciale de miss
Provinzler (s, -) [m] provincial [m]
Provinzlerin (-, nen) [f] provinciale [f]
provinzlerisch provincial ; d'une manière provinciale
Provinzmädchen (s, -) [n] (jeune) fille [f] provinciale
Provinznest (s, er) [n] bled [m]
Provinzlertum (s) [n] provincialisme [m]
Provinzschulrat (s, "e) [m] inspecteur [m] d'académie
Provinzstadt (-, "e) [f] ville [f] de province
Provinztheater (s, -) [n] théâtre [m] de province
Provinzzeitung (-, en) [f] journal [m] régional
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
30 avril 2007L'ordre constitutionnel nouveau, peu importe ce que le peuple décidera à la majorité, devra d'abord être légitime. Pour l'être, la mise sur pied d'une constituante dont le fonctionnement interne sera authentiquement démocratique s'impose comme une absolue nécessité selon moi. La constitution préparée par l'assemblée constituante devra être soumise à un référendum en vue de son adoption directe par les citoyens.
Pour ce qui est du contenu, j'en suis encore à la réflexion sur le meilleur système de gouvernement pour les Québécois et les peuples autochtones. Je pense qu'on ne peut jamais trop réfléchir là-dessus.
Mais les principes auxquels j'adhère, je peux les formuler ainsi :
1) la souveraineté du peuple exercée dans la constitution d’un État libre enchâssant les droits de la personne, les droits et devoirs des citoyens, les droits et devoirs des collectivités;
2) à l’intérieur de ce cadre, la soumission des décisions politiques à la délibération de toutes les personnes qui seront tenues d’obéir aux lois qui ne violeront pas la constitution ;
3) la désignation des postes de responsabilité exécutive et judiciaire par de justes élections dans certains cas et par tirage au sort dans d’autres cas, dans tous les cas indépendamment du pouvoir législatif et des pouvoirs exécutif et judiciaire entre eux;
4) le jugement des fonctionnaires devant un tribunal administratif à la fin de leur service ;
5) une politique d’éducation à la vie citoyenne qui inclue l’apprentissage de la morale, de la logique, des mathématiques, du discours argumentatif et des lois ;
Je ne sais pas encore quelle est la meilleure façon de mettre ces vieux principes en pratique. J'espère sincèrement voir le Québec innover à ce niveau là et la constituante québécoise devrait à mon avis se projeter sur la scène internationale pour bénéficier du plus grand nombre de têtes possibles.
Par déformation professionnelle, je ne peux m'empêcher de penser en terme de systèmes. On ne peut résumer un système que difficilement, surtout par écrit. Pour m'aider moi-même à y voir plus clair, je fais des diagrammes illustrant les constitutions du monde. Vous aimerez sûrement ceux-ci :
La classification des constitutions d'Aristote
Dans la tête à Papineau
La constitution des Athéniens
Le processus législatif athénien
La constitution des États-Unis de Thomas Paine
La constitution du Québec
La constitution du Canada
J'en ai quelques autres, mais ils ne sont pas en ligne.
J'ai plusieurs idées (neuves ou recyclées) en matière de constitution, mais elles sont floues et en désordre dans ma tête. Dans beaucoup de cas, j'hésite à les avancer car elles reposent sur des hypothèses que je ne peux pas mettre à l'épreuve sur un échantillon de population humaine (comme personne d'autre d'ailleurs). Il y a des limites à ce qu'on peut faire avec des diagrammes... ;-)
Ce que je pense de notre présent système de gouvernement en dit long sur le système que j'aimerais y voir à la place. Voyez mon commentaire ici:
http://www.vigile.net/article6117.html
Content de dialoguer avec vous! Notre mode de communication n'est pas très efficace, mais il est publique et respecte l'important principe de l'égalité de parole.
Salutations,
Archives de Vigile Répondre
29 avril 2007De quoi s'agit-il ?
30 avril 2007 Bruno Deshaies
Monsieur Mathieu Gauthier-Pilote,
De votre réponse, j’aimerais obtenir des éclaircissements au sujet de cette idée que le système fédéral canadien « n’est tout simplement pas légitime en plus d’être dysfonctionnel et c’est pour cela que nous disons qu’il nous faut le remplacer par un autre.»
La question que je me pose consiste à comprendre par quoi allez-vous remplacer le système actuel par un autre ? Quelle sera alors la forme de cet autre régime ?
Je souhaiterais obtenir votre opinion à ce sujet.
Salutations sincères.
Archives de Vigile Répondre
29 avril 2007Ce n’est pas en écrivant une constitution PROVINCIALE du Québec que nous avancerons vers l’indépendance.
Nous sommes d'accord sur ce point. Cela ne peut avoir que l'avantage de sécuriser certains acquis. Je ne crois pas, comme le croient les autonomistes, que cela puisse nous aider face à Ottawa. Le face-à-face Ottawa-Québec n'a tout simplement pas lieu d'être et toute action à l'intérieur du présent système ne fait que le légitimer. Or, nous prétendons que ce système n'est tout simplement pas légitime en plus d'être disfonctionnel et c'est pour cela que nous disons qu'il nous faut le remplacer par un autre.
Je crois que si vous comprenez toute la portée d’une décision du Québec-Français de faire l’indépendance, vous allez comprendre toutes les conséquences de la Déclaration d’indépendance des Américains en 1776.
La constitution, ils l’ont écrite après avoir décidé d’être indépendant. Même qu’ils ont dû l’écrire deux fois ! Une première fois, en 1777, qui n’a pas fonctionné ; une seconde fois, en 1787, qui est devenu la plus vieille constitution écrite de l’époque moderne en ce qui a trait aux pays indépendants dans le monde.
Commençons donc par être indépendant avant d’écrire des constitutions ou d’imaginer un pays à toutes les fin de semaine.
Je ne peux être d'accord.
D'abord, les 13 colonies avaient déjà des gouvernements autonomes au moment de la déclaration d'indépendance issue du second Congrès continental.
Les 13 provinces avaient leurs constitutions et se taxaient elle-mêmes à leur guise comme des États souverains. Lorsque l'appartenance des provinces à l'Empire est venue menacer la continuation de leur développement jusqu'alors très libres, ils se sont insurgés pour PRÉSERVER leurs libertés acquises et protégées constitutionnellement par les fondateurs des colonies.
Ce n'était pas le cas du Québec d'alors, qui n'avait ni constitution ni libertés protégées par une constitution. Plus de dix ans après la Conquête, il n'y avait toujours pas de constitution à l'anglaise chez-nous, bien que depuis 1763, tous les anciens sujets français y avaient droit en tant que nouveaux sujets britanniques. La situation constitutionnelle n'est pas du tout la même.
Le projet d'union des colonies britanniques date au moins des années 1750s, durant la guerre de sept ans. Avant cela, en 1643, il y avait eu une confédération des provinces du Massachusetts, Plymouth, Connecticut, et New Haven. Un Dominion of New England existe de 1686 à 1690. Le Dominion centralisateur s'effondre avec la Glorious Revolution de 1688.
L'institution du premier Congrès continental se fait en réponse aux lois commerciales adoptées par le Parlement anglais. La structure institutionnelle est déjà en place à ce moment-là. Les Articles de la confédération du deuxième Congrès virent confirmer un état de fait préexistant.
La déclaration d'indépendance du Congrès annonçât logiquement la guerre entre celui-ci et l'Empire, une guerre coûteuse et dévastatrice pour les deux côtés comme toutes les guerres importantes. Mais les 13 colonies ont réussi à préservé leurs libertés, se sont défait à jamais du danger de l'appartenance à un Empire décadent et corrompue qui persista à gouverner chez-nous.
Un projet d'union indépendante mal défini a ouvert la porte une très longue lutte entre fédéralistes et anti-fédéralistes. À peine 78 ans après l'adoption de la constitution fédérale en remplacement de la constitution confédérale, une guerre civile déchire l'Union. Je vois là toutes les indications de la nécessité de bien réfléchir à la constitution que nous voulons nous donner maintenant et pour l'avenir. Nous ne voulons pas débuter avec une constitution exemplaire dans certains de ses principes et finir, moins de 150 ans plus tard, avec un régime militariste maintenu en pouvoir par des méga-corporations qui manipulent les institutions de l'État au mépris des droits de l'homme et des droits des citoyens américains qu'ils ont usurpés.
D'autres réflexions et leçons de l'histoire me poussent en plus de cela à penser que c'est nous, les citoyens, qui devons nous donner le pouvoir constituant par la mise sur pied d'une assemblée constituante dont le mandat sera de rédiger la loi fondamentale à laquelle nous accepterons d'obéir car elle sera légitime, protectrices de nos libertés et de nos droits et ne souffrira pas des défauts des constitutions actuelles.
Si je peux me permettre une analogie simpliste, je crois que la question de savoir qu'est-ce qui vient en premier entre l'indépendance et la rédaction de la constitution est comparable à la question de savoir si, pour une personne, c'est le fait d'être convaincu qu'il faille quitter le nid qui fait qu'elle trouve un autre endroit où rester ou plutôt si ce n'est pas le fait de savoir qu'elle a un autre endroit où rester qui la convainc de quitter le nid.
Personnellement, je n'ai pas l'intention de laisser quiconque usurper mon droit de participer à la conception de la première des lois à laquelle je serai tenue d'obéir dans un Québec libre. Il est absolument exclus que je laisse des politiciens provinciaux élus par un système électoral défectueux déterminer seuls du moyen qui sera employé pour élaborer la constitution de mon pays. Il est encore plus exclus que je laisse ces mêmes politiques en déterminer le contenu!
Let us provide in our constitution for its revision at stated periods. What these periods should be nature herself indicates. By the European tables of mortality, of the adults living at any one moment of time, a majority will be dead in about nineteen years. At the end of that period, then, a new majority is come into place; or, in other words, a new generation. Each generation is as independent as the one preceding, as that was of all which had gone before. It has then, like them, a right to choose for itself the form of government it believes most promotive of its own happiness; consequently, to accommodate to the circumstances in which it finds itself that received from its predecessors; and it is for the peace and good of mankind that a solemn opportunity of doing this every nineteen or twenty years should be provided by the constitution, so that it may be handed on with periodical repairs from generation to generation to the end of time, if anything human can so long endure." --Thomas Jefferson to Samuel Kercheval, 1816. ME 15:42
Et si je me prévaux de mon droit de déterminer quelle est la meilleure forme de gouvernement pour les Québécois et que vous y renoncez, n'y a-t-il pas un grave danger que je devienne votre maître? ;-)
Amicalement,
Archives de Vigile Répondre
28 avril 2007« Pourquoi une constitution avant l'indépendance ? »
27 avril 2007 Bruno Deshaies
Monsieur Mathieu Gauthier-Pilote,
J’apprécie vos commentaires et je reconnais parfaitement que quelqu’un peut devenir un indépendantiste même s’il n’a rien lu de Maurice Séguin. Cependant, pour qu’un Québécois-Français se libère de l’emprise du fédéralisme il doit procéder à des révisions déchirantes. La tradition est très forte.
Je comprends que vous puissiez écrire : « Je ne crois pas que la pensée de Maurice Séguin soit un préalable à la compréhension du sens profond du mot « indépendance ». »
Personnellement, je préfère m’assoir sur les épaules de cet historien chevronné qui a consacré sa vie, une cinquantaine d’années, à comprendre le phénomène d’ANNEXION d’une société par une autre qui nous a conduits à notre minorisation, notre provincialisation et notre dépendance envers un autre gouvernement supérieur, c'est-à-dire fédéral et essentiellement centralisateur.
Ce n’est pas en écrivant une constitution PROVINCIALE du Québec que nous avancerons vers l’indépendance. L’échec du statut particulier a été retentissant. Il ne sert à rien de reprendre le même discours juridico-constitutionnaliste à la manière de Daniel Turp -- un épigone d’ailleurs de Jacques-Yvan Morin.
Je crois que si vous comprenez toute la portée d’une décision du Québec-Français de faire l’indépendance, vous allez comprendre toutes les conséquences de la Déclaration d’indépendance des Américains en 1776.
La constitution, ils l’ont écrite après avoir décidé d’être indépendant. Même qu'ils ont dû l'écrire deux fois ! Une première fois, en 1777, qui n’a pas fonctionné ; une seconde fois, en 1787, qui est devenu la plus vieille constitution écrite de l’époque moderne en ce qui a trait aux pays indépendants dans le monde.
Commençons donc par être indépendant avant d’écrire des constitutions ou d’imaginer un pays à toutes les fin de semaine.
Salutations sincères.
Archives de Vigile Répondre
26 avril 2007Je connais votre site Le Rond-Point des sciences humaines depuis plusieurs années. J'y ai puisé entre autre la copie électronique du manifeste du RIN que j'ai traduit en langue anglaise. La dernière édition de cette traduction est disponible à l'adresse suivante :
Manifesto of the Rassemblement pour l'indépendance nationale
Je ne crois pas que la pensée de Maurice Séguin soit un préalable à la compréhension du sens profond du mot « indépendance ». Je suis heureux que plusieurs personnes de votre génération soient devenues indépendantistes en suivant ses cours d'histoire, qui me semblent être excellents. Mais, comme beaucoup d'autres, je suis personnellement devenu indépendantiste par un autre chemin.
Ma mise en contact directe avec les idées de Pierre du Calvet et L-J Papineau chez nous, des révolutionnaires américains, irlandais et français (et plus tard indiens et africains) n'a eu que le résultat qu'elle devait avoir chez l'être sensible et épris de vérité et de justice que j'étais déjà à l'adolescence.
De mon point de vue, les textes suivants suffisent à instruire n'importe qui sur l'origine de notre mouvement d'émancipation nationale et des idées généreuses et nobles qui l'inspirent depuis son commencement :
Système de gouvernement pour le Canada de Pierre du Calvet et Francis Masères, 1784
Les Français libres à leurs frères les Canadiens, du citoyen Edmond-Charles Genêt, 1794
Adresse des Fils de la liberté de Montréal aux jeunes gens des colonies de l'Amérique du Nord, 1837
Histoire de l'insurrection du Canada en réfutation du rapport de Lord Durham, L-J Papineau, 1839
Testament politique Papineau, de L-J Papineau, 1867
On ne saurait incarner le projet d'indépendance québécoise d'une meilleure façon qu'en mettant sur pied une assemblée constituante chargée de rédiger la constitution d'un État québécois indépendant. Les Patriotes en étaient à mettre sur pied une Convention constitutionnelle lorsque le gouvernement britannique a lâché les soldats de Colborne à la poursuite de nos parlementaires d'alors.
La survivance est bien finie. Les tergiversations sur le destin de notre communauté politique à l'intérieur de l'Union fédérale nous ont déjà trop coûté trop de temps et d'énergie. Revenons maintenant là où nous en étions en 1837, en tenant compte des enseignements de l'histoire, du progrès parcouru par l'humanité et de l'ensemble des réalités de l'époque actuelle.
Archives de Vigile Répondre
23 avril 2007Réunir les indépendantistes
23 avril 2007 Bruno Deshaies
Bonjour Mathieu Gauthier-Pilote,
Je constate que vous chercher une façon de faire l'union de tous les indépendantistes ou du moins d'une large majorité d'entre eux. L'idée est excellente, mais pour cela il importerait avant tout de ne pas éparpiller toutes nos énergies sur tous les plans. Comme Claude Dubois le déclarait hier soir à TMEP, il faudrait peut-être savoir clairement ce que c'est que l'indépendance. Il est parmi les très nombreux indépendantistes qui en on marre de la langue de bois péquiste et bloquiste et de tous les « faiseux » de réformes sociales ou juridico-constitutionnelles.
La remarque du chanteur Claude Dubois indique que nous devons comprendre sans équivoque le sens de l'indépendance et l'optiqwe indépendantiste. Sur ce sujet, je vous réfère à mon site Internet et à mon blog « L'Académie de l'indépendance ». Plus particulièrement, je vous conseillerais de lire les pages consacrées à Maurice Séguin.
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19 avril 2007Bonjour M. Deshaies,
Dans la foulée de l'événement La saison des idées organisé par le Parti québécois, j'avais fait tout mon possible pour mettre de l'ordre dans mes propres idées sur la meilleure façon d'atteindre notre objectif d'indépendance politique. La nécessité de coaliser tous les militants indépendantistes autour d'une stratégie commune faisant abstraction des questions partisanes m'est apparue bien évidente.
J'ai donc soumis mes opinions au PQ par la voie officielle et en plus j'ai monté un site Web exposant ces mêmes opinions. Ce site existe toujours. Il traite abondamment des raisons qu'il y a pour nous de nous affranchir des « jeux de pouvoir fratricides de l'arène politique provinciale. »
Malgré qu'il soit fort incomplet et imparfait, je vous invite à aller jeter un oeil à mon site à l'adresse suivante :
http://cpi.republiquelibre.org/regroupement.html