Par Marc Mayor - Au cours des six derniers mois, les initiés des grandes capitalisations américaines ont vendu 120 millions d’actions, tout en en achetant 38 000. Soit 3 177 fois moins… une asymétrie qui n’a jamais été aussi grande.
Surtout, elle semble révélatrice de la solidité de la soi-disant reprise actuelle. Les dirigeants, présidents, directeurs d’entreprise vendent. C’est pourquoi vous n’avez probablement pas intérêt à être haussier à moyen terme.
Les insiders procèdent à des ventes d’action record
Au cours de la première semaine de novembre, les insiders ont vendu pour cinq milliards de dollars d’actions sur l’ensemble des marchés américains. Un record, qui écrase la précédente meilleure performance hebdomadaire — qui était de deux milliards de dollars. Sur le S&P 500, ces ventes ont atteint trois milliards, soit quatre fois plus qu’au cours de la semaine précédente.
Or le phénomène ne touche pas une industrie en particulier, qui traverserait des difficultés. Il concerne les 10 plus grandes entreprises du Nasdaq comme APPLE, GOOGLE ou AMAZON, mais aussi les géants du commerce de détail — GAP, TARGET, COSTCO — ou les spécialistes des semi-conducteurs. Bref, trois des plus importants secteurs qui réagissent le plus tôt aux variations de la conjoncture.
Ceux qui sont idéalement positionnés pour savoir ce qui va arriver dans ces entreprises n’ont actuellement qu’une seule ambition : échanger leurs papiers valeurs contre du liquide en vendant leurs titres.
Des actions trop nettement surévaluées ?
Pourtant, les Bourses ont bien rebondi depuis l’été. Le S&P 500 a, par exemple, progressé de 16% par rapport à son niveau le plus bas de l’année — touché le 2 juillet. Le rebond du chat mort ? Les commentateurs expliquent que c’est la conséquence de résultats solides, eux-mêmes liés aux économies effectuées par les entreprises — notamment en mettant leurs employés à la porte.
Le dernier facteur censé expliquer le rebond boursier est la poursuite de l’assouplissement quantitatif aux Etats-Unis. En d’autres termes, tout va bien parce que le grand argentier du pays fait tourner à plein rendement la planche à billets… rien ne vous choque ?
Bien sûr, les insiders peuvent avoir toute sorte de bonnes raisons pour vendre, toutefois, ils n’achètent que lorsqu’ils sont convaincus que les actions de leur société vont progresser. Actuellement, il n’y a pas foule (et de loin) du côté des acheteurs. Signe que les actions sont trop nettement surévaluées ?
Le rapport de 3 177 actions vendues pour chaque action achetée par les insiders des entreprises citées plus haut est si stratosphérique qu’il ne peut s’expliquer par des broutilles, du style « celui-ci veut s’acheter une nouvelle voiture » ou « celui-là veut rénover sa résidence secondaire ».
En prenant le marché new-yorkais dans son ensemble, ce ratio est sans équivoque : quatre fois plus de titres vendus par les insiders que de titres achetés, au cours des huit dernières semaines. C’est deux fois plus que le niveau habituel.
Graphique du secteur européen de l'automobile
Explications… les insiders se tournent vers les actifs réels
Cela s’explique peut-être par l’ambiance qui prévaut à Wall Street en ce moment, juste avant le sprint final de 2010. Ce n’est pas exactement la joie et la sérénité. D’une part, le scandale des saisies immobilières abusives bat son plein — de grandes banques sont impliquées.
D’autre part, les gérants n’ont plus qu’un mois environ pour obtenir de la performance et donc pour justifier leurs bonus. Mais ils sont déjà tellement investis qu’ils n’ont plus de munition à disposition. Pour dire les choses clairement, toutes les conditions semblent réunies pour une sévère correction sur les marchés.
Mais il faut s’attendre à d’autres conséquences. Collectivement, les initiés détiennent maintenant plusieurs milliards de dollars. La belle affaire ! Le billet vert ne cesse de perdre de la valeur, au fur et à mesure que la Fed poursuit dans l’assouplissement quantitatif.
Il faut donc penser que si ces insiders ont été suffisamment intelligents pour vendre avant que leurs actifs perdent de la valeur, ce n’est pas pour stocker cette valeur dans une monnaie qui ne vaudra bientôt plus rien.
J’ai ma petite idée sur la question. Jetez un oeil du côté des actifs réels, comme les matières premières, les agricoles en particulier… [Ndlr : et c'est exactement ainsi que travaille Marc Mayor pour choisir les entreprises qu'il recommande chaque mois dans sa Lettre. Résultat ? une performance latente moyenne de plus de 15% depuis le mois d'avril, avec des gains allant jusqu'à +34%... +45%... et même +60% à cette heure. Pour suivre les conseils d'un ancien insider repenti, il suffit de cliquer ici]
Première parution dans Le Billet du Trader le 01/12/2010.
Photo : star5112 – Flickr
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