Les liens se multiplient entre les libéraux et l'industrie

Gaz de schiste



Jocelyne Richer - L'Association gazière et pétrolière du Québec (AGPQ) a recruté un ancien ministre libéral pour faire partie de son conseil exécutif.
Raymond Savoie a été ministre durant une dizaine d'années, dans le gouvernement de Robert Bourassa, entre 1985 et 1994. Il a été ministre des Mines, des Autochtones, du Développement régional et du Revenu.
Depuis 2002, il est président et chef de la direction de Gastem. À ce titre, il a été nommé directeur du conseil exécutif de l'AGPQ, qui fait la promotion de l'exploitation des gaz de schiste au Québec.
Mais il estime que cela n'a rien à voir avec les allégations de copinage entre l'industrie et les libéraux qui circulent dans les médias depuis quelques jours.
L'association, dirigée par l'ex-président d'Hydro-Québec, André Caillé, prépare une campagne promotionnelle visant à implanter cette industrie controversée au Québec.
Or, depuis quelques jours, les cas de proximité entre les libéraux et l'industrie du gaz de schiste se multiplient, ce qui rend mal à l'aise les opposants au projet et l'opposition péquiste.
Plusieurs employés des cabinets ministériels du gouvernement Charest ont fait le saut vers le privé dernièrement, en s'associant à l'industrie du gaz de schiste, notamment Stéphane Gosselin, qui a été directeur de cabinet de plusieurs ministres jusqu'à tout récemment avant d'être nommé directeur général de l'AGPQ.
De plus, Martin Daraîche a été attaché politique de la ministre Nathalie Normandeau - qui pilote le dossier des gaz de schiste - à l'époque où elle était aux Affaires municipales, ainsi qu'au cabinet du premier ministre. Il est passé chez la firme de relations publiques National, au bureau de Québec, où il devra contribuer à mener à bien la campagne promotionnelle de l'AGPQ sur les gaz de schiste.
Lisa Lavoie s'est jointe elle aussi récemment à la firme National et se consacrera à cette campagne. Elle était auparavant directrice adjointe du cabinet de la ministre de l'Environnement et attachée politique responsable des dossiers relatifs à l'eau.
«Comment ne pas dire que le gouvernement Charest-Normandeau ne couche pas dans le même lit que l'Association pétrolière et gazière?», demande le leader adjoint de l'opposition péquiste, Bertrand St-Arnaud, lors d'un entretien téléphonique, vendredi, en estimant que les cas soulevés rappelaient l'«ère Duplessis».
Il s'étonne de voir «une ribambelle de libéraux à la solde d'une industrie» qui devrait faire l'objet d'un moratoire, tant qu'on n'aura pas l'heure juste sur son impact sur l'environnement.
Mais Raymond Savoie estime que «c'est un petit peu charrié» de prétendre que l'association fait copain-copain avec les libéraux.
Lors d'un entretien téléphonique, il a dit qu'en dirigeant une entreprise gazière, il devenait d'office membre du conseil exécutif de l'AGPQ. Il soutient ne plus être actif au Parti libéral.
De son côté, le ministre du Développement durable, Pierre Arcand, a tenté de se faire rassurant.
Selon lui, malgré les cas soulevés, il ne faut pas conclure à des liens de connivence entre l'industrie et le gouvernement.
«Les firmes de relations publiques et de communication emploient des gens de tous les partis politiques. Il y a règles qui existent. L'important, c'est de satisfaire à ces règles», a-t-il indiqué, lors d'une entrevue téléphonique.
Comme prévu, le ministre Arcand a lancé vendredi les travaux de la commission du BAPE mandatée pour consulter la population sur la meilleure façon d'encadrer l'exploitation des gaz de schiste.
Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) devra d'ici février 2011 «proposer un cadre de développement de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste». Les travaux débutent dès la semaine prochaine.
Les consultations seront menées sur le terrain, dans les régions les plus directement visées, soit: la Montérégie, le Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches.
Mais le BAPE n'aura donc pas le mandat de se prononcer pour ou contre l'expansion de cette industrie au Québec.
Justement, Bertrand St-Arnaud est d'avis que le «copinage» ambiant et le fait que le BAPE ait reçu un mandat très pointu ne contribueront pas à calmer la grogne qu'il perçoit dans la population.
«Je sens une grogne populaire et je sens des préoccupations de la population très légitimes», a-t-il fait valoir, en se demandant pourquoi le gouvernement semblait si «empressé» d'aller de l'avant.


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