Les partisans du Non de 1995 = des légumes ?

Si je connaissais quelqu’un à la SSJB, il y aurait une petite menace de boycott dans l’air.

Médias et politique

La compagnie Toyota a fait un choix très particulier dans sa nouvelle campagne de promotion présentée dans les salles de cinéma et bientôt à la télé.

La publicité veut démontrer qu’avec une voiture de cette marque, on peut traverser l’histoire. Entre autres événements marquants, elle montre un instant la géante manifestation, dite “de l’amour”, organisée en fin de campagne référendaire en 1995 par les partisans du Non.
Mais cette photo est plus vendeuse au canada-anglais qu’au Québec. L’image des partisans du Non sera remplacée, dans la version française. Par quoi ? Les génies de la pub de Saatchi et Saatchi, à Toronto, avaient déjà prévu le coup, apprend-on sur Canoë:

Le constructeur avait toutefois déjà senti au départ l’aspect sensible de cette publicité pour le Québec. D’ailleurs, on avait confectionné une séquence différente pour le marché québécois dans laquelle l’image du grand rassemblement du Non est totalement éclipsée et remplacée par celle de légumes et de fruits biologiques.

Bon, vous savez que je penchais plutôt pour le Oui, en 1995 (et encore aujourd’hui). Mais, j’ai honte pour nos amis du Non. Se faire remplacer par des légumes et des fruits ? Même biologiques ? Quelle déchéance ! Toyota leur fait ainsi savoir que les légumes ont une valeur historique plus grande que le rassemblement du Non ? Il y a du souffre dans l’air !
Je note finalement que les publicitaires de Toronto n’ont pas pensé que cette séquence aurait pu être remplacée, au Québec, par une scène de la grande manifestation du 24 juin 1990, avec une mer de drapeaux québécois. Non, car la règle est simple: on peut être flagorneur en faveur du nationalisme canadien dans une pub, pas en faveur du nationalisme québécois.
Si je connaissais quelqu’un à la SSJB, il y aurait une petite menace de boycott dans l’air. Si je connaissais quelqu’un dans le camp du Non, il y aurait, heu… un lancer de tomates ?

Squared

Jean-François Lisée296 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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