Chère Mme Normandeau,
J’ai écouté avec attention votre conférence de presse, où vous avez résumé votre parcours politique de 13 années à l’Assemblée nationale. On peut penser ce qu’on veut de votre parcours, mais il faut admettre que 13 ans, en politique, c’est énorme, ça use, ça décoiffe, ça laisse des traces. Je ne peux que vous souhaiter une excellente retraite.
J’aimerais cependant vous parler de cynisme. Vous avez évoqué le cynisme ambiant face à la chose politique et au métier de député, dans votre discours, un discours prononcé avec votre aplomb habituel. Vous vous êtes montrée navrée par ce cynisme, vous l’avez déploré.
Je suis de l’autre côté de la clôture. Du bord des journalistes. Grand producteurs de cynisme, direz-vous. Mais je crois que ce sont les élus eux-mêmes qui nourrissent le cynisme de la population, en agissant si souvent comme des moutons à la botte de la discipline de parti, comme des larbins devant les intérêts financiers particuliers, en ne condamnant pas fermement et rapidement les dérives de leurs semblables (voir Tomassi, Tony ; député de Lafontaine), en s’entêtant à minimiser des scandales qui, mis bout à bout, ne sont plus des scandales mais les contours d’un système (mettez bout à bout les mots collusion, construction, financement politique) qui serait plutôt douloureux, pour les gens de pouvoir, de démanteler publiquement.
Mais bon, ne nous obstinons pas, en ce jour qui est le vôtre, sur la question de la genèse du cynisme en politique, elle insoluble. J’espère seulement que, ces prochains mois, vous n’aboutirez pas sur le payroll d’une industrie d’un domaine dont vous avez été ministre. J’espère que vous ne deviendrez pas lobbyiste ou vice-présidente Machin d’une grande compagnie énergétique.
Ça, ce serait vraiment, mais vraiment cynique. Je ne vous le dis pas parce que vous avez l’intention de le faire, je vous le dis parce que ça s’est déjà vu (voir Couillard, Philippe et, accessoirement, dans un domaine connexe, Bouchard, Lucien).
AJOUT : Plusieurs lecteurs m’ont souligné que M. Guy Chevrette, ex-ministre péquiste responsable des forêts, s’est retrouvé employé du lobby des forêts, poste qu’il occupait jusqu’à tout récemment. C’est, en effet, un autre bel exemple d’huile jetée sur le feu du cynisme citoyen, feu composé de bûches extraites de nos forêts boréales, bien entendu !
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé