Je suis l’enfant de ce pays. Je suis son passé et son avenir.
J’ai sa jeunesse, sa maturité. Son allure moderne. Les soucis de son siècle.
Je ressemble à tous les autres. À cette majorité silencieuse, fière d’aller voter chaque 4 ans, comme si c’était jour de grandes noces.
J’ai le féminisme, le nationalisme, l’humanisme, l’esprit d’indépendance reçus hier en héritage. J’ai le goût de l’ordre et du grand désordre tout à la fois. De la rébellion et de la vie tranquille au fond des bois.
Je suis comme les autres. En route. Pionnière et bon apôtre.
J’ai des chansons, des poèmes, des mots de tous les jours aux intonations de mon pays.
Dans les rues de ma ville je vais. J’erre près des piétons pour mieux lire l’avenir de ma terre. Je n’apprends rien que je ne sache déjà : ils sont la majorité silencieuse en marche. C’est leur manteau, leur apparat et leur droit le plus strict.
On se ressemble tous. C’est écrit dans nos yeux. Nous croyons à notre part de ciel. Nous sommes bien chez nous, tant de choses nous captivent, nous concernent! Mais à quoi nous servirait-il de parler, la vie nous occupe vingt-quatre heures par jour. Célébrer les vendredis soirs libère le trop plein de nos charges de travail. Et puis ici tout revient toujours au même. Pourquoi faire un grand feu quand il peut pleuvoir demain? Quand le pays toujours et encore nous échappe, que notre rêve s’étiole au fil du temps. On a beau regarder, observer, s’informer, on n’arrive pas à comprendre pourquoi. Ce constant remue-ménage des forces souverainistes en présence nous brûle les yeux, nous essouffle, nous désarme.
Nous avons des hivers à n’en plus finir, des printemps qui recommencent. L’impétuosité de la débâcle se donne au rivage. La même ferveur nous reprend alors au passage. Celui de nous voir tous debout, heureux et solidaires. Devant nous, des leaders à la hauteur de notre espérance. Nous avons la patience de notre rêve, l’entêtement, l’agitation de ses hôtes.
Nous sommes les enfants de ce pays. Nous sommes son passé, son avenir.
Nous avons sa jeunesse, sa maturité. Son allure moderne. Les soucis de son siècle.
Nous marchons dans nos villes, côte à côte, comme dans les forêts les plus vastes. Nos racines sont denses, nos racines sont tenaces. N’est-ce pas dans les bois que nous chantons le mieux? Que notre rêve revient en force signer notre passé, notre devenir.
Nous sommes la majorité silencieuse. Nous voterons encore demain.
Majorité silencieuse
Nous sommes les enfants de ce pays. Nous sommes son passé, son avenir.
Tribune libre 2008
France Bonneau39 articles
France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)
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