Pour une souveraineté renouvelée !!!

Voici les choix stratégiques qui, je crois, pourraient solidifier notre propre souveraineté individuelle et collective

Tribune libre 2008


Dernièrement, on a assisté à une élection fédérale soldée par un très
faible taux de participation, une campagne provinciale orientée vers un
seul enjeu économique et une élection historique d'un Obama aux États-Unis.
Or, qu'est-ce qui s'offre comme espoir pour la génération montante face à
l'avenir politique au Québec ? L'audace ou le statu-quo ?
Avec aucun projet de société en vue et ce, sans réelle vision à long
terme, comment pouvons-nous entrevoir un nouveau monde plus équitable et
plus prospère en cette période de mondialisation qui comporte son lot
d'avantages et de désavantages ? Comment peut-on mieux intégrer les
concepts d'égalité entre les générations, autres que celles des beaux
discours, sans un changement concret vers une société plus lucide,
solidaire, unie, verte, humaine et confiante dans l'avenir ?
Mon idée là-dessus est de revoir le terme même de la « souveraineté »,
soit de lui donner au Québec une autre signification, car il a été
identifié uniquement au concept « politique » et « national » depuis plus
de quarante ans.
Pour contrer certains effets pervers de la mondialisation, comme il en a
été question durant la campagne électorale aux États-Unis, je crois que le
Québec, comme société post-moderne, est arrivé à une période charnière de
son histoire où il se doit d'affirmer sa souveraineté plus que jamais, que
ce soit dans le domaine énergétique, culturel, économique, environnemental,
démocratique et technologique. Voici les choix stratégiques qui, je crois,
pourraient solidifier notre propre souveraineté individuelle et collective,
mais cela devra se faire en entamant des changements profonds pour
débloquer le Québec de sa période associée au « sur place » et au « cynisme
politique » :
1. Souveraineté énergétique : prendre le virage à grande vitesse de
l'efficacité et de la diversité de sources énergétiques, risquer d'investir
massivement en recherche & développement dans des énergies moins polluantes
(comme le pétrole) et qui sont présentes au Québec, appuyer fortement le
système coopératif dans le domaine énergétique pour briser les oligopoles
autant privées (compagnie pétrolière) que para-publics (Hydro-Québec),
diminuer la surconsommation d'énergie, appliquer une politique
pollueur-gaspilleur-payeur ;
2. Souveraineté culturelle : revendiquer et obtenir plus de pouvoirs
culturels au Québec et à l'international, appuyer plus de projets culturels
québécois audacieux faits à l'étranger pour affirmer notre vitalité et
notre universalité à l'international, orienter le flux d'immigrant vers
d'autres centres que Montréal, affirmer nos valeurs individuelles /
collectives aux nouveaux arrivants, favoriser leur intégration aux marchés
du travail avec des programmes de formation, identifier nos valeurs
pluralistes dominantes dans la sphère publique ;
3. Souveraineté économique : appuyer des projets de commerces équitables,
signer des traités de libre-échange qui stimulent la coopération dans
différents domaines pas seulement économiques mais aussi social, faire
progresser le filet social (« flexi-sécurité ») à travers la nouvelle
réalité de la mondialisation, gérer la dette en fonction de la croissance
économique, adapter le monde du travail et notre système d’éducation pour
améliorer notre compétitivité dans ce contexte mondialisé, réduire
nettement la pauvreté chronique, créer des incitatifs aux coopératives (ex.
en santé) et à l'économie à saveur d'entreprenariat social, lutter
fortement contre le décrochage scolaire, favoriser les investissements
socialement responsables (ISR) et les fonds éthiques ;
4. Souveraineté environnementale : intégrer la traçabilité et l'étiquetage
des aliments, gérer de façon plus durable la foresterie, gérer l’eau comme
une source de vie, intégrer les coûts environnementaux dans les prix des
produits, risquer d'investir massivement en R&D dans des projets verts,
tendre vers la souveraineté alimentaire, s'impliquer rapidement dans les
initiatives pour diminuer globalement les gaz à effet de serre ici et à
l'étranger ;
5. Souveraineté démocratique : appuyer des projets de démocratie
participative pour freiner le cynisme et demander plus d'implication du
citoyen dans les décisions, réformer le système électoral attendu depuis
plusieurs décennies, décentraliser les prises de décisions en transférant
des pouvoirs et ce, avec des moyens financiers, aux communautés locales ;
6. Souveraineté technologique : convertir l'offre informatique des
logiciels propriétaires vers les logiciels libres au gouvernement, offrir
plus de liberté aux organisations en favorisant les logiciels libres,
risquer d'investir massivement en R&D en logiciel libre, démocratiser
l'information pour donner plus de pouvoir au citoyen qui ne demande que
plus d'information, diminuer considérablement le contrôle excessif de
l'information et utiliser les nouvelles technologies pour faire participer
les jeunes citoyens à la politique.
Nicolas Gignac, 30 ans
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    30 décembre 2008

    Excellentes propositions j'abonde et j'appuie.
    Reste à fédérer toutes ces souverainetés sous le parapluie du principe fondateur de la démocratie, la souveraineté du peuple. Le peuple sans Souverain, donc, le peuple démocratique, est souverain. Le peuple souverain du Québec est souverain même hors l'État, tel qu'il se trouve dans un État qui ne le reconnaît pas et qu'il ne reconnaît pas.
    Seul un État fondé par le peuple souverain est un État abouti. Ce n'est pas le cas de l'État du Canada. Un État qui s'impose d'autorité puisqu'il n'a jamais soumis nommément à l'approbation des peuples souverains du Canada et celui du Québec, l'Acte qui le fonde, le constitue et le gouverne. Le peuple démocratique et souverain du Québec refuse cet État-là, cet État unilatéral qui impose sa légalité en toute illégitime, invalide et asymétrique force de Loi du plus fort. Une force qui est en fait son point faible, sa honte.
    Du haut de vos jeunes 30 années, votre contribution est stimulante et encourageante.« Aux âmes bien née la valeur n'attend pas le nombre des années ». Bravo !
    Ainsi, votre titre « Souveraineté démocratique » devrait inclure aussi la promotion de la souveraineté du peuple, la promotion de l'expression de la volonté du peuple souverain du Québec. Cette volonté à majorité claire qui refuse le Canada actuel et qui n'a jamais été nommément soumise aux voies du peuple.
    Nous vivons dans un État qui nous « accorde » le droit d'élire le gouvernement mais qui n'a jamais appelé le peuple souverain à choisir et fonder l'État qui gouverne nos gouvernements. Ce défaut permet à lui seul d'assurer la pérennité légale d'un État du Canada du statu quo illégitime et invalide puisque jamais validé par le peuple souverain.
    J'abonde dans l'audace, contre le statu quo. L'audace consiste à mettre de l'avant ce qui questionne ce qui a été fait avant, tout autant que ce qui n'a jamais été tenté, réfléchi, pensé ou réalisé. En l'occurrence, mettre aux voies l'État du Canada rétablit la réciprocité qui fait de l'État souverain du peuple souverain du Québec un État obligatoirement nommément fondé par et pour le peuple souverain. Ce qui n'est pas le cas du Canada actuel. Ce qui lui permet de nous imposer un statu quo de blocage. Appeler le peuple souverain du Québec à invalider l'État actuel du Canada qu'il récuse, brise les fondements du statu quo et fonde la réalité de la souveraineté du peuple sur des bases solides et inattaquables. Le Canada est dès lors forcé de soumettre au peuple souverain du Québec un État qu'il approuve. Ce défaut n'est plus tenu pour une fatalité à laquelle nous ne pouvons échapper. Le renversement paradigmatique de l'ordre actuel qui impose une la ligne de commandement dans l'État qui place l'État du Canada au dessus du peuple et de sa volonté, ouvre grande la porte à la fondation de l'État du peuple souverain du Québec, un État qui émane de lui et de sa volonté. Et non l'inverse, un État qui impose d'office et d'autorité au peuple la volonté de l'État.
    Bonne et souveraine année 2009