Les nouveaux arrivants ont aussi des devoirs

Manifeste pour un Québec inclusif = bar ouvert

Tribune libre

Aux auteurs du MANIFESTE POUR UN QUÉBEC INCLUSIF.
1. Comment faire confiance au nombre de douze mille signataires ? Les fédéralistes sont tellement abonnés à la tricherie que le 12K peut fondre à 8K, même à 6K. Les auteurs du manifeste devront faire valider à l’externe l’authenticité des signatures. De plus, quelle proportion des signataires a lu ce long manifeste de 3000 mots, d’où un consentement acquis d’avance de plusieurs signataires.
2. Avant de parler d’exclusion au Québec, rappelons haut et fort que les 50 000 immigrants qui arrivent au Québec chaque année, quels que soient leurs motifs, s’insèrent dans une société organisée. Leur «société d’accueil» leur offre beaucoup de services publics gratuits en santé, en fréquentation scolaire et en système d’administration publique. Le Québec, société d’accueil, est la résultante du travail, du génie, de la volonté de millions de personnes arrivées ici avant eux. En cet automne 2013, le Québec apparaît comme un arbre fruitier rempli par le travail de tous les Québécois. Quelle reconnaissance ces immigrants doivent-ils manifester chaque jour de leur jeune existence envers leurs hôtes généreux ? Je n’ai pas vu la réponse à cette question dans votre Manifeste.
3. Les auteurs du manifeste POUR UN QUÉBEC INCLUSIF taisent le fait que le moment est venu pour tous les Québécois de cueillir les fruits d'une longue et lente évolution de la société du Québec vers les 3 valeurs de base contenues dans le projet de Charte des valeurs québécoises présentement sur la table pour fin de débat. Nous suggérons la lecture de l’éclairant article du sociologue Guy Rocher paru le 16 septembre 2013 dans Le Devoir portant le titre, je cite: « Une Charte garante d’un long avenir dans la diversité ».
4. Rappelons ces 3 valeurs de base:  a.  le Québec est un État laïc b.   le droit à l'égalité femmes-hommes est prioritaire sur les autres droits et libertés qui lui sont subordonnées c.  le français est la langue commune des citoyens du Québec. Ces trois valeurs emportent avec elles des comportements conséquents qui touchent tous les citoyens tous les jours.
5. Toutes les notions de peur, d'exclusion, de corridor vers le chômage, traitées par votre MANIFESTE sont une fabrication principalement basée sur des sentiments religieux fragiles et parfois extrémistes qui ne sont pas le reflet de l'évolution sociale du Québec depuis les débuts de la révolution tranquille en 1960. Une croyance religieuse est aussi faite d’intériorité et les signes extérieurs devraient être accessoires au principal.  Les esprits religieux doivent comprendre et accepter qu'au Québec, la liberté de religion est subordonnée à deux droits prioritaires qui sont:  la laïcité de l'État et le droit à l'égalité femmes-hommes. Manifestement, le Manifeste refuse cette hiérarchisation des droits et libertés. Il opte pour la facilité et la mollesse de la tolérance tout azimuts faisant fi de nos racines historiques et de notre évolution collective.
6. Les auteurs du MANIFESTE optent pour un libéralisme à la canadienne qui conduit au multiculturalisme de style «melting pot». Cette approche, appliquée au Québec dans le contexte nord-américain, défavorise l'intégration active toujours difficile pour les immigrants.  Ce devoir des immigrants de déployer des efforts pour s'intégrer dans leur société d'accueil ne semble pas faire partie des valeurs de votre manifeste.  Pourquoi votre manifeste parle-t-il aux Québécois à sens unique, ce qu’ils doivent faire pour inclure les immigrants et non l’inverse ?
7. Les valeurs communes de la majorité québécoise, telles qu'énoncées en 3 éléments ci-haut, ne sont pas déraisonnables, ne sont pas difficiles à comprendre et à pratiquer sauf pour ceux qui sont de mauvaise foi, qui ne veulent pas s'intégrer aux valeurs du Québec.  Il est compréhensible que la Charte de Trudeau de 1982 crée de la confusion chez les immigrants entre le libéralisme distillé par la Cour des Juges non-élus qui font du cas par cas d'une part, et d'autre part, les droits prioritaires et historiques de la majorité québécoise. Il est aussi reconnu que la Charte de Trudeau est mesquine envers les droits collectifs des Québécois. Votre manifeste nous apparaît comme l’accomplissement de la volonté de Trudeau en prédisant un lot de malheurs si le Québec prend l’initiative de définir plus clairement son identité par lui-même et non par un gouvernement hostile à son avenir.
8. Votre Manifeste ne répond pas aux besoins de protection des droits collectifs fragiles des Québécois francophones minoritaires en Amérique du Nord.  Il est évident que les immigrants qui atterrissent au Québec par accident, souvent temporairement avant de rallier leurs communautés ethniques ailleurs en Amérique du Nord, ne sont pas informés ni motivés pour comprendre la personnalité historique de leur communauté d'accueil. Le problème constitutionnel canadien issus du coup de force de 1982, même s’il est tu par les autorités, crée de faux espoirs chez les immigrants. Ces derniers peuvent déchanter, mais cela ne devrait pas modifier leur volonté d’intégration dans leur nouvelle société.
9. Chers auteurs du MANIFESTE, je comprends que vous êtes mieux informés que les immigrants et que votre Manifeste à sens unique est le résultat d'esprits instrumentalisés par d'autres valeurs qui ressemblent beaucoup aux valeurs contenues dans la Charte de Trudeau. Le Québec de 2013 peut-il absorber année après année près de 50 000 immigrants mal informés ou volontairement désinformés envers le Québec, leur généreuse société d’accueil ? Faut-il dénoncer les facilitateurs de l’immigration qui épuisent le système payé par nos impôts ? Il est temps pour le Québec de débattre de son identité ce qui apparaît déjà comme un résultat tangible et positif de la proposition du Gouvernement Marois.
10. Votre Manifeste fait allusion au «rejet de l’autre» et au devoir « d’assurer le respect des droits des minorités vulnérables ». Ces allusions d’exclusion sont bien connues car ils correspondent à de nombreux faits vécus par les Québécois à l’intérieur de la fédération canadienne.

11. Je termine sur trois références que tout immigrant devrait mettre à son programme d’intégration éclairée à la nation québécoise: visionner le film LA MAISON DU PÊCHEUR du cinéaste Alain Chartrand, lire et relire NÈGRES BLANCS D’AMÉRIQUE de Pierre Vallières et écouter avec grande attention la chanson RICHESSES de Félix Leclerc. Les malins peuvent ajouter: combien de Québécois devraient s’imposer la même démarche ?


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2013

    @ Philippe Dunsky: vous émettez votre opinion que je respecte hautement et que je désire interroger. Vous écrivez au sujet de la société du Québec, je cite: « Un peuple qui a confiance en lui tend la main et démontre son ouverture ; un peuple enveloppé de peur se repli sur lui-même.»
    Malgré une société divisée politiquement, le Québec démontre une grande ouverture malgré tout pour accueillir 50 000 immigrants chaque année exigeant un budget de quatre milliards en argent public, soit environ 5% du budget annuel de l’État du Québec ? Société divisée mais généreuse ?

    Les immigrants sont-ils conscients de la générosité des Québécois, et que cette générosité est la résultante de beaucoup de travail et de sacrifices des citoyens qui sont installés ici au Québec avant l'intrusion des immigrants ?
    Qu’entendez-vous par un peuple qui a confiance ? Je me permets de vous renvoyer aux pages 36 à 40 du livre intitulé « Ce peuple qui ne fut jamais souverain », aux éditions Fides 2013, écrit par Roger Payette et Jean-François Payette. Ces quatre pages énumèrent un inventaire d’événements depuis 1760, je cite: « qui ont construit l’inconscient collectif québécois. «« Tel est le cruel balancier d’une histoire qui nous rabat au sol inlassablement » note Jean Bouthillette »».
    J’ignore quelle est votre sensibilité à l’histoire du Québec. Je dirais que la confiance du peuple du Québec est mitigée et conditionnée par son histoire qui est tissée d’échecs à répétition ( quelques exemples qui me touchent: la défaite des patriotes en 1837-38, le rapport Durham dont j’ai copie, l’Acte d’Union de 1840, tous les règlements contre le français au Manitoba, Ontario et Nouveau-Brunswick, le rapatriement de 1982 de Trudeau pour étouffer le mouvement sécessionniste du Québec, les décisions de la Cour Suprême qui nient la spécificité culturelle du Québec, loi 101, écoles passerelles, etc).
    Malgré ces échecs qui marquent profondément l’âme des Québécois, la société organisée du Québec reçoit plus de 50 000 immigrants par année depuis plusieurs années. À l’évidence, les immigrants arrivent au Canada et non au Québec. L’inclusivité active des immigrants ne se fait pas en faveur du Québec français, ni hier, ni aujourd’hui. La culture franco-québécoise en 2013 n’est pas à l’évidence un cheval gagnant en Amérique du Nord pour les immigrants. Pire, cette culture franco-québécoise n’est même pas valorisante pour les franco-québécois.
    Il y a donc un immense travail pédagogique à faire pour inviter les Québécois à prendre conscience de leur être et comme société, de contribuer de façon avant-gardiste au sauvetage de la planète terre. J'ai un rêve: chaque jour, des millions de nos soeurs et frères du monde souffrent d'un manque d'approvisionnement en eau potable. Le Québec riche en eau douce potable, devrait, par conscience mondiale, abreuver une partie de ces millions de personnes en danger. Les défis du Québec du XXIe siècle sont immenses. À nous de les relever.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2013


    Je suis fermement pour la laïcité, et je suis tout aussi fermement dégoûté par ce projet de Charte.
    On n'impose pas des valeurs, on attire l'adhésion par le mérite. Et nous ne méritons aucunement l'adhésion des minorités si nos valeurs sont ancrées dans l'exclusion, la peur, la fermeture, et le non-respect d'autrui.
    Un peuple qui a confiance en lui tend la main et démontre son ouverture ; un peuple enveloppé de peur se repli sur lui-même.
    À nous de choisir le peuple qu'on croit être. Je suis POUR un Québec ouvert sur le monde, sur SON monde, quelque soit ses croyances religieuses.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    18 septembre 2013

    Le Pacificateur (Lisée) est revenu. Clin d'oeil à ses Tricheur, Naufrageur, Petit Tricheur. Après une mission économique d'une centaine de commerçants payant leurs dépenses, pour faire affaires en Afrique, Jean-François Lisée arrive en deuxième ligne pour relever le Ministre Drainville. Ce dernier s'était donné comme mission de présenter avec rigueur le document de travail pour un projet de loi sur le vivre ensemble au Québec. Les premiers coups de gueule étant passés sans effusion de sang, on peut maintenant prévoir une certaine négociation. Legault fait déjà une proposition: ne pas toucher aux hôpitaux...
    On imaginerait mal les papes Bouchard et Taylor s'opposer à une formule s'approchant de la leur: pas de voile aux postes appliquant force de loi. On peut concéder un droit acquis aux gardiennes d'enfants... sans droit d'office à leurs successeures...
    Et le Crucifix, dernier rempart pour conserver les conservateurs cathos-patrimoniaux?... Peuvent-ils s'accommoder d'un petit déplacement vers le hall d'entrée?...
    La prochaine fois, on pourra dire comme Foglia: Les migrants ne nous choisissent pas tant que ça... et leur religion, on n'en veut pas sur les lieux de travail!

  • Marcel Haché Répondre

    18 septembre 2013

    « Pourquoi votre manifeste parle-t-il aux Québécois à sens unique, ce qu’ils doivent faire pour inclure les immigrants et non l’inverse ? » F.A. Lachapelle
    Parce qu’ils ont un peu honte de Nous, M. Lachapelle.
    Ce qu’il faut dire aux arrivants, c’est ceci : voici comment les choses se passent ici (icitte), soyez les bienvenus.
    Ce qu’il Nous faut se dire : voici comment les choses se passent icitte (ici), Nous n’allons pas payer pour notre propre effacement.
    Alors peut-être, simplement peut-être, peut-être que nos oiseaux de malheur dits « progressistes » trouveront une meilleure posture que de simplement faire continuellement des pas de côté… des pas de côté sur le fil devenu si fragile de notre Histoire.