Décontamination des sites fédéraux: Ottawa met le Québec de côté

Le grand cirque ordinaire des illusions « Canadian »

Le Québec risque d’hériter de la portion congrue du milliard qu’Ottawa entend dépenser d’ici trois ans dans le nettoyage de ses sites contaminés. Le plan fédéral mettrait notamment de côté le nettoyage de six sites contaminés aux BPC et aux métaux lourds situés dans la réserve de Kahnawake.
Ottawa ne prévoit aucune intervention non plus sur le pire site fédéral contaminé au Québec, qui se trouverait sur l’Île au marteau dans le parc fédéral de Mingan. Et le fédéral ne prévoit pas intervenir dans le dossier de la base militaire de Valcartier près de Québec, d’où provient une pollution toxique qui a contaminé la nappe phréatique municipale de Shannon.
Telles sont les conclusions tirées d’une analyse faite à partir de documents obtenus en vertu du mécanisme d’accès à l’information réservé aux députés fédéraux par la députée bloquiste d’Ahuntsic, Maria Mourani. Selon ce bilan qu’elle a présenté jeudi au Devoir, seulement 67 des 1100 sites qu’Ottawa entend nettoyer d’ici trois ans sont situés au Québec.
Hier, le ministre fédéral de l’Environnement, Peter Kent, a révélé les grands traits de la deuxième phase du Plan d’action sur les sites contaminés fédéraux au coût de 1 milliard. Ce plan a démarré en 2005. Il s’échelonne sur 15 ans et il est doté d’une enveloppe budgétaire de 3,5 milliards. L’inventaire réalisé par Ottawa dénombre 21 000 sites contaminés à travers le pays, dont 2239 au Québec, 2363 à Terre-Neuve, 3740 en Ontario et 4439 en Colombie-Britannique.
Selon ce bilan, des travaux ont été amorcés dans 1400 sites et sont terminés pour 650 sites. Des évaluations de dangerosité ont été menées sur 9400 sites et elles sont complétées pour 6400. La deuxième phase des travaux, lancée jeudi, mettra l’accent, précisent les documents d’Environnement Canada, « sur l’assainissement des sites prioritaires ».
Pas au Québec?
Mais la députée du Bloc québécois doute que cette stratégie s’applique au Québec.
En effet, selon les documents qu’elle a obtenus cette semaine d’Environnement Canada, les sites les plus problématiques du Québec ne font pas partie des interventions planifiées par Ottawa d’ici trois ans. Selon ces documents, le Québec comptait en 2011 quelque 100 sites jugés prioritaires, c’est-à-dire présentant des risques pour la santé publique et l’environnement.
De ces 100 sites, ajoute la députée, Ottawa en retient 85 qui exigent dorénavant une action prioritaire. Il a été impossible de savoir, dit-elle, si les 15 sites soudainement disparus de la liste ont été « déclassés » ou nettoyés. Leur nom ainsi que leur emplacement ne lui ont pas été révélés.
Quant au milliard annoncé hier, il ne ciblera au Québec que 67 sites « sans qu’il soit possible de savoir si ce sont des cibles prioritaires, ce dont on peut douter », ajoute Maria Mourani. Une fois l’analyse de la documentation obtenue, dit-elle, « je suis obligée de constater que les pires ne sont pas dans la liste des priorités ».
Ainsi, dit-elle, la décontamination de la base militaire de Valcartier, qui a provoqué la contamination des eaux souterraines de la ville de Shannon, est prévue pour… 2030. Les 13 autres sites contaminés de la Défense nationale au Québec ne font l’objet d’aucun échéancier de nettoyage avant 2023, poursuit-elle.
Aucun échéancier de décontamination ne serait prévu non plus pour les six sites contaminés aux BPC et aux métaux lourds dans la réserve autochtone de Kahnawake. Et Parcs Canada n’a pas prévu de travaux pour les cinq sites situés dans ses parcs et réserves, dont celui du parc du Canal de Lachine et celui de l’Île au marteau, situé dans le parc des îles de Mingan même si on y retrouve le pire cocktail de toxique imaginable, conclut la députée.


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