Je me souviens, il y a quelque 50 ans, ce qui se disait couramment au Québec à propos de l’envahissement de ces Français de France qui venait demeurer au Québec pour nous prendre nos emplois ou pour venir enseigner dans nos collèges et universités : Maudits Français! disait-on contre nos cousins, et même comme l’avait dit Jacques Brel en entrevue, imitant notre accent Canadien français : "Maudits Fraçais."
Et il y a eu ces Italiens qui vinrent aussi faire leur place dans nos quartiers! Et les Haïtiens, et même nos Indiens qu’on ne pouvait pas ni voir ni sentir près de "chez nous", sans parler des Anglais ou ces protestants; toujours de méchantes personnes!
Serions-nous chauvins à ce point? C’est à craindre. Et là, avec toutes ces nationalités qui débarquent "chez nous", dans notre patrimoine québécois qu’on aime trop, qu’on aime mal, voici qu’on rejette la différence culturelle générale parce qu’elle n’est pas nôtre. Serions-nous xénophobes?
Notre universalité en prend pour son rhume; notre esprit de clocher est plus grand que jamais et la crainte du différent nous fait écrire des lois qui exclura celles et ceux qui oseront s’afficher comme tel : différent! Différent de "nous".
Alors, je me demande, à quoi a pu servir d’écrire une charte des droits et libertés en 1975, laquelle fut inspirée des droits universels des Nations Unies? Devrions-nous la récuser totalement afin de nous déclarer uniques au monde et vraiment contre les droits de la personne? Devenir comme certains tyrans qui savent imposer leur doctrine locale à tous? Devrions-nous reconnaître que nous nous sommes trompés et maudire maintenant ces droits fondamentaux et la liberté qu’ils permettent? Devenir un état totalitaire? C’est une vraie interrogation, car je doute actuellement de mes capacités, de nos capacités d’accepter la différence sur notre territoire.
Ce ne sont plus les "Maudits Français" qui nous heurtent de leur accent de France, mais bel et bien toutes ces "races de monde" qu’on considère du monde pas ordinaire, pas comme "nous autres", pas "normal". Pouvons-nous évoluer? Pouvons-nous vraiment évoluer vers le changement? Pouvons-nous accepter le changement? Car le changement est permanent nous disent les Orientaux : comment éviter le changement puisqu’il ne cesse de s’actualiser?
Le combat actuel pour sauver notre langue peut-il s’articuler en dehors des nationalités et des ethnies du monde qui veulent venir vivre heureuses et en paix chez nous? Il le faudra, car si ce n’est pas réfléchi ainsi, nous risquons de jouer le jeu des tyrans de ce monde, incapables de sentir la personne différente, laquelle sera toujours différente de notre "nous". Et n’oublions pas que ce "nous" se transforme déjà depuis plus de 60 ans : la Révolution tranquille n’est pas terminée; elle se fait encore et encore malgré "nous".
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