Michael Sabia au Devoir - La Caisse ne battra pas les indices en 2009

CDPQ - Où va Michael Sabia?

Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt, était de passage hier au Devoir après y avoir signé une lettre ouverte le matin même.
Photo : Jacques Grenier - Le Devoir
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La Caisse de dépôt et placement du Québec fera difficilement mieux que les indices baromètres en 2009, une année de transition pour l'institution. La Caisse a dû rattraper le rebond boursier amorcé en mars et composer avec la chute du marché immobilier aux États-Unis. Quant à sa forte exposition aux PCAA, la récupération des milliards gelés demeure aussi lointaine qu'hypothétique. Elle reste tributaire d'une reprise économique qui, on croise les doigts, ne fera pas faux bond.
La Caisse de dépôt doit dévoiler ses résultats financiers fin février-début mars. Mais les récentes indications font ressortir une sous-performance notoire. Selon les chiffres connus pour la Régie des rentes du Québec, après 11 mois le rendement global offert à ce déposant est de 7,04 % (6,55 % si l'on exclut les dépôts à vue), soit bien en deçà de l'indice de référence de 13,27 %. «Ce sont des données fragmentaires, qui n'offrent pas un portrait de l'ensemble de nos portefeuilles. Et ce ne sont pas des données au 31 décembre, une date où toutes les évaluations sont complétées. Nous sommes d'avis, et nos déposants le sont également, que ces données incomplètes, portant sur un portefeuille et un cadre comptable particuliers à chaque déposant, ne devraient pas être [assujetties] à la Loi sur l'accès à l'information», a commenté Bernard Morency, premier vice-président, Gestion des comptes des déposants et initiatives stratégiques à la Caisse de dépôt.
Cette précision étant, le président et chef de la direction, Michael Sabia, a insisté hier, lors d'une rencontre éditoriale au Devoir, sur le fait que 2009 a été une année de transition pour la Caisse. «Nous avons fait beaucoup de choses», assure-t-il, en pensant au recentrage de l'institution, à l'approche gestion de risque et au renforcement des fondations financières. Mais au chapitre de la performance, il a rappelé qu'en mars 2009, alors que les marchés amorçaient leur rebond spectaculaire, la Caisse n'avait qu'une exposition de 21 % au marché boursier. «C'est faible, c'est très faible.» L'institution a acheté par la suite 9 milliards de dollars en titres boursiers afin d'améliorer son positionnement.
S'ajoute le poids de l'immobilier, qui a vu sa valeur marchande chuter de 40 à 50 % du sommet au creux. «Nous sommes très présents dans les segments bureaux et hôtels. Ça reste difficile.» Une performance inférieure au baromètre a également été observée dans le segment infrastructures, qui n'est pas étrangère à la chute de la valeur de son investissement dans British Airport Authority.
Et il ne faut pas miser sur une revalorisation des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA), des produits structurés surreprésentés dans les états financiers de la Caisse. L'institution a mis sur pied une équipe affectée à la gestion du risque de ce portefeuille de quelque 13 milliards à sa valeur nominale. Ces PCAA sont évalués à 53 ¢, en moyenne, pour chaque dollar, et moins de 10 % du portefeuille, évalué à 7 ¢ au dollar, comprend les subprimes américains. Cette portion est en définitive à radier complètement.
Roland Lescure, premier vice-président et chef des placements, prévoit une récupération lointaine. «On gère ce risque dans la durée.» Le marché du crédit s'est amélioré en 2009, et des mouvements marginaux ont été observés dans le segment des PCAA, mais il reste encore illiquide. «C'est gelé.» Roland Lescure croise les doigts et espère que le scénario de reprise empruntant au double dip ne se vérifiera pas. «Mais nous devons gérer ce portefeuille avec le risque du double dip, avec le risque que la reprise pourrait s'essouffler une fois les stimulants gouvernementaux retirés.»


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