Marianne : Le groupe Alcatel-Lucent a connu des difficultés financières considérables. En 2012, sa dette s'élevait à plus de 5 millards d'euros et le groupe a procédé à plus de 20 000 suppressions de postes en six ans. Aujourd'hui il s'allie avec le géant finlandais et conserve 33,5% de ses parts. Ne devrait-on pas voir cette OPA comme un sauvetage permettant maintien de centaines d'emplois français ?
Nicolas Dupont-Aignan : Qu'il y ait un partenariat avec Nokia, pourquoi pas, mais là c'est une colonisation économique, et même une haute trahison de l'Etat ! L'industrie c'est une guerre permanente. On n'abandonne pas des positions si importantes dans la bataille. C'est gravissime de dilapider nos fleurons industriels. La richesse économique d'un pays réside dans la créativité de ses ingénieurs, de ses brevets et de ses chercheurs. La France a abandonné Alcatel-Lucent. Je ne connais aucun autre pays qui laisse partir ses joyaux de la sorte.
François Hollande, Emmanuel Macron et Michel Combes, le PDG d'Alcatel-Lucent, se félicitent de cette fusion car Nokia dit vouloir conserver les emplois français et créer 500 nouveaux postes de chercheurs dans un pôle innovation et recherche piloté depuis la France. Vous n'y croyez pas ?
Evidemment ils vont mettre en avant ces belles promesses, mais comme toutes les autres, elles n'engagent que ceux qui y croient. On ment aux Français ! La situation est comparable avec le rachat d'Alstom : les promesses n'ont pas été tenues.
L'Etat aurait dû investir. Quand son avenir est en jeu, il se doit d'intervenir. En laissant Nokia racheter un des champions français dans un des domaines les plus stratégiques de l'économie du futur, la France se laisse coloniser et devient un pays esclave d'un autre.
L'économie française peine à se redresser de la crise. A-t-on vraiment les moyens d'injecter des millions dans une entreprise privée ?
On a les moyens. C'est dans la tête qu'on a perdu le fil. En France, on applique un libéralisme daté, et on se plie aux exigeances de l'Union européenne alors qu'aujourd'hui tous les Etats interviennent dans le sauvetage des entreprises. Par ailleurs, l'Etat l'a fait pour PSA Peugeot Citroën en investissant à hauteur de 14%, à parts égales avec le chinois Dongfeng ; pourquoi ne l'a-t-il pas fait pour Alcatel-Lucent ? Le gouvernement se couche devant une entreprise privée étrangère. Ce sont des vendus, et je pèse mes mots.
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