Nigel Farage et l'importance des obstinés

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« Un homme peut mener un combat à partir des marges, un combat qu’on dit d’arrière-garde, et contribuer à changer le cours des événements. »


Je publiais hier soir sur ma page Facebook ce commentaire sur Nigel Farage. Je le reprends ici. 


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Des abrutis incultes et malveillants ont cherché à classer Nigel Farage à l'extrême-droite ces dernières années. Ou alors, ils voulaient le faire passer pour un bouffon aussi ridicule qu'infréquentable. C'était une manière de le tuer socialement et politiquement. Nous connaissons ces détestables manœuvres qui relèvent de l'intimidation idéologique – elles sont au cœur des critères de respectabilité qui codifient la vie médiatique contemporaine. Les défenseurs de l'idéologie dominante savent-ils d'ailleurs faire autre chose? Ce sont des colleurs d'étiquettes compulsifs.  


La vérité est autre: Nigel Farage, un homme tout à fait honorable, qu’il est scandaleux d’extrême-droitiser, a été un acteur majeur de la longue campagne pour le Brexit et la restauration de la souveraineté britannique. Alors qu'il était dans les marges et passait pour un farfelu, il s'est battu pour imposer au cœur du débat public la question de la sortie de l'Union européenne. Il a tenu tête à ceux qui voulaient le transformer en paria et menaient contre lui une campagne de diffamation permanente. Vrai tribun, homme de culture, drôle et éloquent, militant pugnace aux convictions inébranlables, il est parvenu à transformer le débat public en retournant le parlement européen contre l’européisme – en fait, il l’a transformé en tribune pour la promotion du souverainisme britannique et faire pression sur le système politique britannique.  


 Du UKIP au Brexit Party, il a été au cœur d’une véritable insurrection démocratique en rappelant que le nationalisme et la démocratie se conjuguent aujourd’hui. Je ne dis évidemment pas qu’il était parfait. Qu’on ne se méprenne pas. Je dis qu’il était courageux. Très courageux. C'est avec des hommes comme lui qu'on peut briser l'unanimisme idéologique qui étouffe nos sociétés. Un homme peut mener un combat à partir des marges, un combat qu’on dit d’arrière-garde, et contribuer à changer le cours des événements. Il doit croire en lui et en sa cause. Savoir se carapacer. Et ensuite, dire ce qu'il a à dire! D’abord il est seul. Mais peu à peu, il agrège autour de lui une mouvance. Il lui permet de s’incarner. Il fait entendre publiquement ce qu’il n’était pas permis de dire. Un courant politique dissident, moqué par l’establishment, mais connecté aux aspirations populaires les plus profondes, peut changer la donne. Il peut servir de levier.  


 Cela devrait donner un peu d’espoir à ceux qui croient que tout est toujours foutu d’avance – un sentiment qui peut nous hanter quand l’idéologie dominante ne cesse de nous répéter que nous nous inscrivons contre le «sens de l’histoire». Aujourd’hui, nous célébrons avec raison le grand geste politique de Boris Johnson, qui aura permis le Brexit. N’oublions pas qu’il n’aurait pas été possible sans l’action de Farage.




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