Nuageux avec risque d’averses

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Le progrès ? Quel progrès ?





Les critiques de cinéma qui ont couvert le Festival de Cannes ont tous souligné le fait que les films présentés en compétition, cette année, étaient glauques, sombres, lugubres.


Comment peut-il en être autrement?


Le cinéma n’est pas une machine à rêves, c’est un miroir, qui reflète notre époque.


Vous la trouvez drôle, vous, notre époque? Vous la trouvez rose?


Elle vous donne le goût de danser comme les personnages de La La Land?


« UNE FUSILLADE NORMALE »


Hier matin, je lis sur Twitter qu’il y a eu une fusillade dans un stationnement à Orlando.


J’écris tout de suite à un ami: «Tu as vu? Fusillade en Floride, il y aurait plusieurs morts...»


Et mon ami de répondre: «Oui, mais ça ne semble pas être un attentat terroriste, plutôt une fusillade normale...»


Il faisait de l’humour noir, bien sûr. Mais sa remarque sarcastique en dit long sur notre époque.


La violence fait maintenant partie de la vie quotidienne. Fusillade dans une discothèque, fusillade dans une école, fusillade dans une entreprise, bombes, autos qui foncent dans la foule, vidéos de décapitations qui circulent sur internet.


Radicalisation du discours politique, désaffection des électeurs pour les partis centristes, montée du populisme de droite et de gauche, durcissement du discours public, banalisation de l’insulte, humoriste qui se photographie avec la tête du président ensanglantée dans les mains, police de la pensée, rectitude politique.


Les mots «raciste», «nazi», «Hitler», «fasciste» ne veulent plus rien dire, on les utilise à tort et à travers, la discussion cède de plus en plus la place à la confrontation, à l’intimidation, au harcèlement, à l’invective, aux règlements de compte en 140 caractères.


ÉROSION DES FRONTIÈRES


Réseaux de pédophiles, sextos, selfies, chantage, explosion de la vie privée, hypersexualisation, banalisation de la pornographie, pertes de repères, désintégration de la notion d’identité, le Moi qui devient de plus en plus flou, de plus en plus confus, de plus en plus trouble.


Érosion des frontières, dilatation de l’économie, affaiblissement du politique, abstraction de la finance, disparition des garde-fous.


Évasion fiscale, délocalisation, ubérisation, millionnaires qui déplacent leur fortune en un clic, classe moyenne pressée comme un citron, États surendettés et à court de revenus, vieillissement de la population, explosion des coûts des soins de santé.


Multiplication des droits, morcellement de la société, crise de l’autorité, cynisme envers les institutions.


Plus les frontières qui séparent les pays s’érodent, plus le concept de nation se dissout, et plus on érige des murs entre les communautés.


PERDUS DANS LE VIDE


Depuis les années 1960, l’homme occidental n’a de cesse de détruire les barrières.


Barrières entre les nations, les cultures, les générations, les sexes.


Or, maintenant que nous nous retrouvons seuls dans un vaste désert sans horizon ni limite, nous avons le vertige et souffrons d’agoraphobie.


Résultat: certains croquent des antidépresseurs comme si c’était des Smarties, alors que d’autres s’accrochent à des idées radicales pour se donner l’impression d’avoir une emprise sur une réalité de plus en plus évanescente et, ainsi, remplir le vide qui les ronge.


Comme disait Prévert: «Le bonheur se reconnaît au bruit qu’il fait quand il part.»




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