Octobre, pour le Québec, c’est le mois grave. En 2010, ça fera 40 ans qu’Octobre est grave pour nous. Octobre 1970, c’était la jeunesse exaspérée par une société schizophrène. Une révolution trop tranquille qui commençait déjà à pourrir. Quelques jeunes seulement, tant soit peu articulés, ont fait trembler le Canada assimilateur. Quarante ans plus tard, ceux qui ont emprisonné les intellectuels québécois sans acte d’accusation, qui sont toujours aux commandes fédérales et provinciales, craignent tellement que les jeunes du troisième millénaire qui parlent encore français en Amérique prennent connaissance du manifeste du Front de Libération du Québec qu’ils se sont acharnés sur le Moulin à Paroles. Les démolisseurs du Québec français ont voulu museler le souvenir en calomniant l’idée même de nationalisme. Pour paralyser la jeunesse déjà hésitante devant le mirage de la mondialisation, on dépeint ses origines comme une bourgade xénophobe à libérer de son repli réducteur. Ce discours de l’assimilateur a réussi à éloigner les nouvelles générations de l’idée de fierté nationale, d’auto-défense culturelle comme économique. La résistance à l’invasion barbare est perçue, grâce aux médias Desmarais-Sarkozy, comme un complot anti-progrès.
Octobre porte Falardeau en terre. Le cinéaste de la mémoire. Mémoire des jeunes suppliciés au Pied du Courant en 1839. Mémoire des Québécois matraqués en 1970 par Ottawa. Mais les jeunes, nous dit-on, ont ignoré le Moulin à Paroles. Moins de 10% de jeunes ont pu écouter les textes de la mémoire.
POUR QUI LE PAYS?
Quarante octobres n’ont pas su mobiliser les jeunes Québécois. C’est grave. Le Québec est sur l’échafaud! Pas de direction ferme au projet d’indépendance! On s’agite en vase clos : créer de vrais partis… Réintégrer le parti démissionnaire… Récupérer le Messie d’Ottawa, sans savoir s’il n’est pas atteint du syndrome de Stockholm après 20 ans de cohabitation… Réunir TOUS les groupuscules de la mouvance souverainiste…
Mais on ergote entre convertis, entre têtes grisonnantes, qui passeront bien vite. Les jeunes ne portent même plus attention. Parce que nous n’avons pas su leur montrer le monde. L’illusion de confort qu’ils ressentent, ce confort individuel, les éloigne de la préoccupation de la Res Publica. Pendant qu’une minorité de privilégiés a vu la France nous devancer en technologie, l’Amérique latine se mobiliser contre le piratage environnemental étatsunien, l’Asie et l’Afrique s’arcbouter contre la famine et la sécheresse attribuable aux hégémonies cupides des dictateurs et ploutocrates, pendant ce temps, la majorité des jeunes Québécois croupit dans l’ignorance. Nous avons laissé nos jeunes décrocher de l’éducation et de l’information. Nous n’avons pas transmis la notion d’identité collective, la curiosité sociale, l’esprit critique face à l’injustice nationale que nous subissons par apathie.
Les peuples normaux s’assurent de leur pérennité. Ils ne laissent pas leurs jeunes vivre virtuellement. Ils leur montrent le monde, le vrai. Les voyages forment la jeunesse? Oui. Et quand la jeunesse revient, qu’elle a observé les cultures différentes qui se battent contre l’invasion, elle peut comparer. Si nos jeunes commencent à comparer, qu’ils constatent la déchéance de cette société qu’on leur a décrite comme le meilleur cirque au monde, la meilleure télévision au monde, le plus meilleur pays au monde, ils se ressaisiront. On n’aura plus à les attirer dans nos discussions oiseuses. Ils se rassembleront autour d’idées neuves, ils formuleront un projet communautaire qu’ils mettront en chantier eux-mêmes. Parions que, stimulés par l’énergie créative des jeunes de toutes nations, ils se construiront ce pays dont nous ne cessons de rêver.
Le Québec est sur l’échafaud!
Octobre
Parions que, stimulés par l’énergie créative des jeunes de toutes nations, ils se construiront ce pays dont nous ne cessons de rêver.
Tribune libre
Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles
Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latin...
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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 octobre 2009J’ai répondu aujourd’hui à une invitation à manifester devant les bureaux de John James, McGill/Sherbrooke. Il y a de ces initiatives personnelles qui démontrent ce que je déplore d’une frange importante de notre jeunesse, même bien intentionnée : le manque de jugement.
Un jeune homme véhément harangue les travailleurs du centre-ville en piétinant l’unifolié et l’unionjack. Dès lors, plus personne n’est réceptif à l’argumentaire de la violence économique qui nous est faite.
De même, la harangue du sympathique Jules, fils de Pierre, qui veut se faire plus Falardeau que Le Falardeau en se gargarisant d’obscénités en pleine église, ragaillardi par les gênants applaudissements d’un Québec profond. Il a hérité du vocabulaire frusté. Peut-être un jour se donnera-t-il le niveau de culture qui mérita au père la sympathie de la terre patiente devant la lenteur des bœufs.
En médecine, le premier principe dans le choix d’intervention : D'abord, ne pas nuire!
On me fait valoir, en courrier privé, qu’au contraire, la jeunesse se mobilise : des salles combles du RRQ. Oui, mais, salles de petite taille… RRQ a besoin d’appuis financiers, tout autant que Vigile. Ici, nos récriminations datant de Mathusalem (Abraham?) ne branchent pas, ou du moins n’atteignent pas cette épaisse couche de la jeunesse-loisirs-en-anglais… RRQ, sous des apparences débraillées, est équipé de jeunes adultes possédant une formation sociale solide qui peut inspirer cette couche que nous avons abandonnée avant la fin de sa scolarité. Un peu comme le Père Pops et ses hot-dogs dans le Winnebago. RRQ et La Nébuleuse, ça terrorise tellement le Charest au financement louche qu’il sonne la charge contre Bourgeois aussi souvent qu’il le peut : c’est son talon d’Achille. Raison de plus d’acheter du RRQ ses drapeaux même made in China, pour calfeutrer les fenêtres en hiver s’il le faut. Voilà des fonds bien placés.
Une autre intervenante me rappelle un beau succès des jeunes : 21 SEPTEMBRE-2 OCTOBRE
MÉSUM - Méga-Semaine de la Souveraineté
Mouvement des Étudiants souverainistes de l’Université de Montréal
L’événement aurait touché 400-500 jeunes universitaires. J’applaudis bien sûr. Ils sont de cette minorité de privilégiés que j’inclus dans le corps de l’article : Pendant qu’une minorité de privilégiés a vu la France nous devancer en technologie, l’Amérique latine se mobiliser contre le piratage environnemental étatsunien…etc.
En somme, pendant que M. Frappier réfléchit au meilleur moyen de libérer la parole, il nous faudrait, chaque vigilien de son côté, réfléchir aux raisons qui nous coupent de notre relève… nos responsabilités bien plus que l'indifférence au folklore des parents.
En somme, M. Bousquet le dit toujours, me semble: Nous ne sommes tout simplement pas assez nombreux à adhérer à la thèse, même toute la mouvance RÉUNIE...
Archives de Vigile Répondre
3 octobre 2009Bonjour monsieur Ouhgo!
Permettez-moi d'être en désaccord avec vous lorsque vous prétendez qu'il n'y a pas de relève chez les jeunes dans le mouvement indépendantiste.
Je puis au contraire vous assurez qu'il y en a bien une et elle est là, présente et solide. Observez depuis quelques années, l'émergence de groupuscules comme le PI, le Collectif La Grande Marche pour l'indépendance et le RRQ qui grossissent toujours d'une activité à l'autre. Moi, je les observe sur le terrain! Et bien, ces mouvements de la base sont constitués presqu' exclusivement de jeunes. Ils s'organisent, utilisent les dernières technologies pour se rejoindre. Ils sont pétillants d'espoir. On le perçoit dans leur regard!
Hier soir, je me trouvais au bar L'Ostradamus dans le Vieux-Québec pour un hommage rendu à Pierre Falardeau organisé par le RRQ de la section de Québec. C'était bondé! La salle était pleine à craquer. La moyenne d'âge se situait entre 18 et 22 ans. Les têtes grises tout comme moi étaient plus que minoritaire.
Ils étaient exaltés. Ils ont un très grand sens du collectif. Je pense même qu'ils sont encore plus conscients que notre génération de l'urgence de la situation actuelle. Ils s'autofinancent en se reléguant de façon bénévole au troisième étage qu'ils occupent. Ils organisent des soirées de formation, de poésie et de jeunes artistes débutants. Juste hier soir, ils ont passé le chapeau et ramasser pas mal de sous. On se croyait au tout début des assemblées du PQ dans les années ''70''
Non monsieur Ouhgo, je ne partage pas entièrement votre analyse et ne juge pas sévèrement toute la génération qui nous suit. Je ne verse pas non plus, dans un jovialisme béat. Je pense sincèrement qu'il y a de l'espoir.