Une vaste campagne publicitaire de Gaz Métro

Offensive gazière au Québec

Vante les mérites d’une alimentation locale en gaz

Tribune libre

Depuis quelques temps, les Québécois sont soumis, à la radio, à la télévision, dans les journaux et sur internet, à une propagande intense faisant la promotion de la production, du traitement et du transport pour l’exportation du gaz naturel chez nous. En plus des déclarations du ministre des Ressources naturelles Pierre Arcand en faveur du développement des hydrocarbures, une vaste campagne publicitaire de Gaz Métro vante les mérites d’une alimentation locale en gaz. De son côté, Pierre-Olivier Pineau, spécialiste du secteur de l’énergie aux HEC à Montréal, plaide en faveur du développement « rentable et responsable » de cet hydrocarbure. Cette semaine encore, à l’émission «Faut pas croire tout ce qu’on dit» à Radio-Canada, Jean Simard, président de l’Association de l’aluminium du Canada, déclarait à tort que le gaz naturel était une énergie de transition moins polluante que le charbon.

Cette offensive médiatique survient alors qu’une étude publiée dans le cadre des Évaluations environnementales stratégiques (ÉES) révèle que le développement des infrastructures pour exploiter le gaz à Anticosti nécessiterait des investissements publics de l’ordre de 14 milliards de dollars. D’autres projets, comme l’usine de liquéfaction de gaz à Grande-Anse au Saguenay et la construction d’un port méthanier pour traiter et exporter le gaz de schiste en provenance de l’ouest et des États-Unis, représentent des investissements de plus de 7,5 milliards de dollars. Le gouvernement s’est encore montré favorable à la construction de l’usine de liquéfaction de gaz de la multinationale Stolt à Bécancour, au gazoduc de Tugliq en Gaspésie, au terminal de gaz naturel liquéfié flottant de la norvégienne Hoegh à Sept-Îles, et à l’agrandissement de l’usine de liquéfaction, de stockage et de regazéification de Gaz Métro dans l'est de Montréal, ce qui devrait permettre à cette industrie de tripler sa production. Bref, le gouvernement actuel, grâce aux généreuses contributions financières de l’État, ambitionne de transformer le Québec en technopole du gaz de schiste, qu’il renomme, pour le rendre plus socialement acceptable,
« gaz naturel liquéfié » ou « GNL ».

Malgré les déclarations rassurantes de Philippe Couillard à la COP 21 à Paris, la perspective d’un tel développement de la filière gazière au Québec demeure très préoccupante. D’abord les données nécessaires à l’analyse coûts-bénéfices de cette filière ne sont pas encore disponibles ou sont biaisées en faveur de l’industrie. C’est le cas des études des ÉES sur les projets d’hydrocarbures à Anticosti et ailleurs au Québec. Ensuite aucune distinction n’est faite, dans le discours public, entre le gaz naturel conventionnel et le gaz issu de la fracturation hydraulique. Si le gaz naturel conventionnel émet moins de GES que le pétrole ou le mazout, le gaz obtenu par fracturation est, lui, nettement plus polluant. Et c’est bien ce type d’énergie sale que le gouvernement actuel veut voir s’implanter chez nous.

En plus des émissions de GES et du radon radioactif, les promoteurs du GNL devraient se préoccuper des impacts très négatifs de cette industrie sur l’eau potable, les sols, la santé, la vie des communautés et les autres industries, dont celles liées à une véritable transition énergétique. Ce sont là des sujets dont il faut absolument tenir compte si on veut donner l’heure juste dans le cadre d’une politique énergétique visant à lutter contre le réchauffement climatique. Malheureusement ceux et celles qui font l’apologie du gaz au Québec sont bien loin de ces considérations.

Comité vigilance hydrocarbure l’Assomption


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3 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    16 décembre 2015

    Incroyable comment ces gens là sont déconnectés de la réalité; n'écoutons pas ce qu'ils disent (désirent) ce sont des fous aveuglés par les profits; les leurs bien sûr, parce que nous, nous sommes utilisés comme le tapis de merde pour ces messieurs dames qui détruisent tout sur leur passage.
    Demander la permission au priopriétaire pour eux c'est le corrompre avec de la fausse représentation et de l'endoctrinement; ce sont des êtres essentiellement narcississiques et mauvais pour la vie sur terre.
    Peuple lève-toi, mais lève-toi donc.
    Même pas un plein d'essence gratuit de temps à autre, même pas un misérable litre ou même une tasse même pas ça, rien!
    Serge Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2015

    En effet, Gaz Metro est de plus en plus agressif dans sa publicité pour nous faire miroiter que le gaz ''naturel'' est ''vert'' . J'ai acheté un condo dans un nouveau projet immobilier en 2004 et j'ai constaté, en visitant les divers projets, que tous les promoteurs nous offraient les foyers au gaz et que les drapeaux de Gaz Metro flottaient partout sur les chantiers de construction...Pour vendre leurs foyers au gaz, on nous effrayaient avec un possible verglas nous privant d'électricité pendant plusieurs jours. Actuellement au Québec, Gaz Métro prend de plus en plus d'expansion et après discussions avec plusieurs personnes, je me rends compte que les gens en général ne font pas le lien avec gaz naturel et gaz de schiste, ils ne sont pas conscients que de plus en plus de ce gaz provient de la fracturation hydraulique et je pense qu'il faut renseigner les gens sur cet état de fait...Je pense qu'il faut aussi que les villes sachent ceci et qu'en donnant des permis à Gaz Metro d'installer leurs lignes de gaz, elles encouragent le développement de l'industrie du gaz de schiste; il faut souligner que plusieurs villes ont décrété qu'elles ne voulaient pas de fracturation hydraulique sur leur territoire et qu'elles doivent en conséquence, être cohérente et refuser la venue de Gaz Metro sur leur territoire. Dans sa publicité, Gaz Metro nous dit que le gaz naturel est une alternative verte au pétrole et au charbon...ce que je constate dans les faits, c'est qu'elle agrandit sa clientèle au détriment de l'hydro-électricité en nous disant que leur énergie est plus économique que celle d'Hydro-Québec, ce que je déplore...D'ailleurs je me demande comment il se fait qu'Hydro-Québec ne fasse pas de promotion de son énergie en faisant ressortir que c'est une énergie propre, sans gaz à effet de serre, ce qui serait très pertinent actuellement et en dénonçant l'industrie du gaz naturel, pas si naturel que ça...Pourquoi Hydro-Québec cède-elle du terrain à Gaz Metro, je ne comprends pas qui a intérêt à faire ceci?

  • François A. Lachapelle Répondre

    14 décembre 2015

    Encore un texte pertinent pour nous informer des astuces publicitaires et médiatiques des pro-énergie gazière au Québec, le tout pour chloroformer le sens critique des Québécois.
    Je retiens cette phrase de votre texte: « D’abord les données nécessaires à l’analyse coûts-bénéfices de cette filière ne sont pas encore disponibles ou sont biaisées en faveur de l’industrie
    À compter de janvier 2010, je me suis impliqué dans le groupe demandant la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly-2. À la lumière de ce dossier, j'ai découvert la différence entre l'écran de fumée formé par les RER, soit les retombées économiques régionales, principal outil aveuglant des promoteurs, versus une "analyse coûts-bénéfices" chère à tout gérant de banque et une clé de voute très connue par les promoteurs pour intéresser les bailleurs de fonds dans leurs projets.
    Sauf que lorsque les fonds publics sont les principaux bailleurs de fonds comme avec Hydro-Québec et la centrale nucléaire de Gentilly-2, on ne parle publiquement que des RER et des emplois et jamais de «l'analyse coûts-bénéfices». Selon les chiffres de Gentilly-2, centrale qui a fonctionné durant 29 ans, 1983-2012, cette centrale a dégagé ZÉRO profit, sans compter les coûts de démantèlement et de remise des lieux à pré-vert comme avant la construction.
    Ce silence des gens d'affaires est la preuve que leur projet est NON RENTABLE, qu'il engendrera jamais de profits sur investissements. Les RER au contraire leur apporteront des contrats aux firmes de génie-conseil, de la consommation aux commerces locaux, soit une hausse de leurs chiffres d'affaires.
    Sauf que cette prospérité appuyée sur des fonds publics est financée par toute la population du Québec aux profits d'un petit groupe si ce n'est au profit de sociétés à vocation internationale qui ne paient pas d'impôts au Québec.
    Il faut mettre fin à cette fausse prospérité. Il faut dénoncer ces bandits. Il ne faut pas compter sur Philippe Couillard qui est lui-même membre de ce club d'écrèmeur.