Où ça, du «Québec bashing»?

Pratte, un fédéraliste buté


Selon Gilles Duceppe, le premier ministre Harper traite les députés du Bloc québécois comme si «les élus du Québec n'avaient pas la même valeur que les élus du reste du Canada». De dire le chef bloquiste, les conservateurs se sont lancés «dans les pires attaques contre le Québec qu'on a vues depuis les événements de Meech». Jean Charest, lui, a parlé de «Québec bashing».
Où donc les politiciens et commentateurs québécois ont-ils vu du «Québec bashing» pendant cette semaine de crise politique? Une négation de la légitimité des députés bloquistes? Du mépris à l'égard des Québécois?
Sans doute a-t-on pu en trouver des traces en fouillant sur les blogues ou en écoutant quelque tribune téléphonique. Mais venant de la classe politique à Ottawa, il n'y a rien eu de tel.
Dans leur attaque frontale contre la coalition PLC-NPD-Bloc - dont on peut certes déplorer le ton -, jamais M. Harper et ses ministres n'ont parlé contre le Québec ou prétendu que les bloquistes n'avaient pas leur place au Parlement fédéral. Jeudi, le premier ministre a exprimé son point de vue à ce sujet en termes clairs et modérés : «Je respecte le droit du Bloc québécois de poursuivre cette perspective, et je suis prêt à faire des accommodements pour des demandes du Bloc quand ces demandes sont en accord avec les principes de notre parti. Mais comme premier ministre, je ne me suis jamais mis dans une position où je dépends du Bloc québécois pour mon mandat de gouverner le pays.»
Autrement dit, M. Harper accepte sans problème le rôle du Bloc comme parti de l'opposition. Toutefois, il ne croit pas qu'on devrait permettre à des indépendantistes de participer, directement ou indirectement (la coalition), au gouvernement du pays dont ils veulent se séparer. Qu'y a-t-il d'insultant pour le Québec dans cette position?
On reproche aux conservateurs d'avoir employé à répétition le mot «séparatiste» pour dénoncer l'alliance des libéraux et du NPD avec le Bloc québécois. Ce mot aurait une connotation péjorative.
En réalité, dans les dictionnaires, «séparatiste» n'est ni péjoratif ni insultant. Selon le Robert, est séparatiste toute «personne qui réclame une séparation d'ordre politique, l'autonomie par rapport à un État, une fédération». N'est-ce pas précisément ce que veulent le PQ et le Bloc?
Les indépendantistes (autre mot désormais proscrit chez nous...) québécois ont abandonné le mot «séparatiste» parce qu'ils voulaient insister sur la dimension constructive de leur projet. C'est leur droit. Cependant, ils ne peuvent imposer leur vocabulaire au Canada anglais, pour qui la séparation du Québec - c'est bien de cela qu'il s'agit - n'a aucun côté positif.
Un grand nombre de non-souverainistes votent pour le Bloc. M. Harper les néglige-t-il quand il dit qu'il ne veut pas d'un gouvernement allié aux députés bloquistes? Pas du tout. Les électeurs québécois doivent être conséquents. S'ils se sentent bien représentés par des députés souverainistes à Ottawa, ils ne peuvent tout de même pas exiger des autres Canadiens qu'ils n'entretiennent aucune méfiance à l'endroit de ces députés ou qu'ils les invitent à participer au gouvernement du pays.
Refuser de se plier à tous nos paradoxes, ce n'est pas rejeter le Québec.

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André Pratte878 articles

  • 309 311

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 décembre 2008

    M. Luc Archambault,
    Dommage que votre article soit une réponse à un texte d'André Pratte puisque votre réponse est d'une extraordinaire clareté quant aux raisons que nous avons de vouloir former notre propre pays.
    Habituellement quand je vois que le sujet est un article d'André Pratte, je m'oriente immédiatement vers un autre article plus constructif, loin de la propagande de Gesca.
    Cette fois-ci, lorsque j'ai vu qu'il y avait un message, la curiosité ma pris, tout en me disant : tu va rager. Mais non, quelle magnifique réponse, pleine de lucidité et d'intelligence. Pratte-tiquement de quoi humilier le journaliste gescaien.
    Merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 décembre 2008

    « Canada anglais, pour qui la séparation du Québec - c’est bien de cela qu’il s’agit - n’a aucun côté positif. »
    Il n'y aurait aucun « côté positif » au fait que le peuple démocratique et souverain du Québec fonde nommément et librement, sans chantage ni menaces de représailles l'État qu'il désire ? Vraiment ?
    Donc, tout baigne ! Le Canada est satisfait de lui quand il se complait dans la honte de la manoeuvre, de la manipulation, du non respect de la volonté démocratique du peuple, des profération de menaces de représailles économiques, politiques, sociétales et culturelles.
    Il n'y a aucun désavantage à s'imposer d'autorité ou de force. Il n'y a aucun désavantage à laisser perdurer, s'imposer un État sans qu'il soumettent nommément et librement, à l'approbation du peuple souverain et démocratique l'État qu'on impose unilatéralement et d'autorité. Vraiment ?
    Il n'y aurait aucun avantage à faire en sorte que deux États libres, pacifiques, démocratiques et souverains tournent la page à cet État d'imposition délétère qui s'impose dans la discorde, dans l'hostilité, dans le contentieux perpétuel, faute d'accomodements, de bonne volonté. Vraiment ?
    Il n'y aurait que des inconvénients à cesser d'être un abuseur. À cesser de tenir pour sien, pour son bien, pour sa propriété ce qui en aucun cas n'a été librement acquis. Si tant est que le Québec, son territoire, son peuple est bel et bien la propriété du Canada, sous prétexte que ce territoire et ce peuple a fait l'objet d'une Cession d'un Empire à un autre. Comme si un peuple pouvait être objet de Cession !? Comme si un peuple était la propriété d'un Souverain ! ? Comme si un Souverain pouvait céder un peuple ? Comme si le nouveau propriétaire était en droit de tout faire pour l'empêcher de se constituer en tant que peuple dans l'État. !?
    Au fait, quel est le problème ? Qu'est-ce que cela pourrait tant provoquer comme inconvénients outre le fait de devoir accepter l'incontournable, inaliénable souveraineté du peuple démocratique ? Sauf le fait de cesser de se prétendre avoir quelque droit que ce soit sur un peuple qu'on tient à tort pour son bien propre. Sauf le fait de devoir se considérer voisin et on propriétaire de son voisin. Le Canada ne s'en trouverait-il pas grandi ? Sorti de la honte de la menace et de la contrainte. Qu'est-ce que la menace, la manoeuvre peut bien avoir de meilleur que la liberté, la coopération, le sain et cordial partenariat ?
    Rien. Sauf tous les inconvénients reliés à au pourrissement d'une situation qui n'a pas lieu d'être. Le Québec aime le fromage mais n'est pas un fromage, ni un yaourt. Le fait de le laisser moisir dans une cave n'en fera pas un objet plus comestible. Il refuse de se faire manger. S'il avait voulu, il y aurait longtemps qu'il se serait laissé assimiler. Tout les efforts déployés en ce sens se son heurté à son dur désir de durer... Et, ce n'est pas prêt de changer !
    Même si le Premier ministre démissionnaire Jean Charest, comme le souhaite M. Pratte, peut former ce lundi 8 décembre 2008 un gouvernement minoritaire ( ou majoritaire... il ne faut pas pousser... je n'y crois pas une seconde... ) cela ne change rien au fait que le Canada que croit posséder le Canada, est répudier au Québec. Le Québec n'est pas une possession du Canada. Il ne l'a jamais été, il n'a jamais été appelé à accepter telle situation. L'État unilatéral du Canada n'a jamais été nommément et librement soumis à l'approbation du peuple souverain du Québec. Et, pour cause, il n'aurait jamais été, n'est toujours pas, ainsi valablement et démocratiquement validé. Cela n'est pas prêt de changer sauf si l'État du Canada change. Ce changement ne pourra passer que par la reconnaissance pleine et entière de l'existence du peuple démocratique et souverain du Québec, seul, unique et légitime fondateur de l'État qu'il désire.
    Pour l'heure, le Canada a un gros problème... le Québec désire changer cet État de fait, cet État du Canada qui ne s'impose que par la force d'inertie qu'il doit sans cesse réactiver. Ce qui lui coûte très cher en terme de charge à porter, de honte à supporter, pour s'imposer dans le non-droit, dans l'abus d'autorité et le déni de subordination.
    Voilà ce qui tôt ou tard s'imposera à lui. Le peuple démocratique et souverain du Québec fondera tôt ou tard un État qui émane de lui. Ce qui n'est pas le cas du Canada.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 décembre 2008

    Monsieur Pratte semble avoir la tête à peu près au même endroit que Monsieur Harper - et cette place semble plutôt sombre. Le Bloc a été élu par un peuple qui doit rester uni de force au reste du Canada. Que ces gens-là veuillent se séparer ne change rien au fait que les députés du Bloc ont le même statut, et donc les mêmes compétences, que les députés des autres partis.
    Aux dernières nouvelles, le Québec fait partie du Canada. Dans les circonstances, le parti élu par le peuple québécois a autant de compétence de gouvernance que les autres partis, indépendamment de leurs orientations. Je voudrai bien prêter une oreille à monsieur Pratte une fois que le Québec sera séparé. En attendant, je veux que mes élus aient leur mot à dire sur la façon dont sont dépensés les 4000 $ que je donne au gouvernement fédéral chaque année.