Plusieurs groupes d'extrême droite actifs en Alberta

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Comme le reportage le souligne, ce sont les antifas de l'extrême-gauche qui dominent le terrain, et pourtant, le reportage de RC porte sur " l'extrême-droite ". Cherchez l'erreur !

Selon une étude remontant à 2015, l'Alberta est l'une des provinces canadiennes où les groupes d'extrême droite foisonnent. Alors que leur présence en ligne était connue, les événements de Charlottesville, en Virginie, ont rappelé les dangers de leurs activités. Tour d'horizon à l'usage de l'Albertain moyen.
Barbara Perry, auteure de l’étude Uneasy Alliances: A Look at the Right-Wing Extremist Movement in Canada, et son équipe de recherche avaient recensé une douzaine de mouvements d’extrême droite en Alberta en 2015. Une estimation prudente, dit-elle, puisque l’étude ne visait que les centres urbains. La chercheuse pense que, depuis, le nombre de groupes et de sections en milieu rural a augmenté, tout comme le nombre de leurs partisans.
D’après leurs échanges sur les médias sociaux, ces groupes et leurs adhérents ont un ennemi commun dans le contexte actuel : l’islam. Son incarnation la plus menaçante, selon eux, est la charia, la loi canonique islamique qui énonce les règles de conduite touchant les principaux aspects de la vie privée et publique des musulmans. Cette haine des musulmans est la plupart du temps étendue à tous les immigrants et aux politiciens qui, comme Justin Trudeau et Rachel Notley, sont perçus comme ayant une stratégie « mondialisatrice » qui ouvre les vannes aux terroristes.
De toute évidence, une partie de ces mouvements sont ouvertement néonazis, tandis que d’autres tentent de limiter tant bien que mal, dans leur discours et les commentaires de leur communauté virtuelle, une opposition à l’islam radical. Deux groupes ont refusé les demandes d’entrevue de Radio-Canada en disant qu’ils ne se considéraient pas comme des groupes d’extrême droite. Ils rejettent presque tous ouvertement l’étiquette de raciste.
Néanmoins, ces groupes s’autoproclament tous nationalistes, mais ils tentent généralement d’oblitérer l'adjectif « blanc » qui y attache une connotation négative, selon Barbara Perry. Ils préfèrent plutôt parler de nationalisme culturel, dit la chercheuse. « Il ne faut cependant pas se laisser berner par leurs messages d’autopromotion, maintient-elle. Une forme de discrimination n’est pas plus justifiée qu’une autre. Si tous les musulmans étaient blancs, est-ce qu’ils entretiendraient la même animosité envers eux? » D’ailleurs, les partisans de ces groupes sont rarement issus de communautés immigrantes, note Mme Perry.
La liste suivante n’est pas exhaustive, mais elle donne une idée des groupes actifs et visibles en 2017 en Alberta.
Blood and Honour
Blood and Honour est la réincarnation du groupe néonazi Aryan Guard, présent à Calgary depuis 2006-2007, selon Chris, fondateur du blogue Anti-Racist Canada (ARC). Chris a créé ce site en Alberta pour exposer les actes violents d’Aryan Guard, et plus tard, de tous les groupes haineux. L’activiste n’a pas voulu divulguer son nom de famille, de peur d’être retrouvé par ceux qui lui envoient depuis des années des menaces par courriel.
Kyle McKee, qui a répondu au nom du groupe à la demande d’entrevue de Radio-Canada, a été arrêté à plusieurs reprises, en 2009 puis en 2012, pour possession d’armes et d’explosifs. En 2015, il a été acquitté d’accusations de voies de fait. Le témoignage de la présumée victime disait que Kyle McKee, alors âgé de 27 ans, l’avait aspergée de gaz poivré lorsqu’elle l’avait traité de skinhead et avait insulté Adolf Hitler.

En juillet, durant le Stampede de Calgary, une vidéo a été téléversée sur le compte YouTube de la section calgarienne de Blood and Honour. Elle montre Justin Trudeau, dans un bain de foule, qui signe le foulard que porte Kyle McKee. Sauf que le foulard est en fait un drapeau néonazi caché sous sa chemise, que l’homme déploie fièrement plus loin dans la vidéo. « Le fait qu’un homme comme Kyle McKee, évidemment violent, puisse s’approcher de si près du premier ministre est extrêmement inquiétant », dit Chris, le blogueur d'ARC.
Kyle McKee a répondu par écrit à nos questions au sujet de la vidéo. Il dit que « c'était très drôle » et qu'il compte vendre le foulard sur eBay, puis redonner l'argent à Blood and Honour pour faire en sorte « que Justin Trudeau ait financé indirectement [leur] mouvement ».
Depuis les affaires judiciaires dans lesquelles plusieurs de ses membres ont été impliqués, Blood and Honour a adopté un profil bas, explique Chris. Outre des campagnes sur Facebook en 2015 pour discréditer des commerces locaux (voir photo) et des rencontres hebdomadaires dans un emplacement de Calgary dont l’adresse est seulement divulguée aux membres en règle, ces derniers s'affichent rarement en public.
Le 23 septembre prochain, les partisans sont invités à un barbecue en l’honneur d’Ian Stuart Donaldson, fondateur du mouvement au Royaume-Uni et idole des néonazis partout dans le monde.
Three Percent (Trois pour cent)

« Le groupe qui m’inquiète le plus, ce sont les Trois pour cent, parce qu’ils sont et se décrivent eux-mêmes comme une milice armée », lance Barbara Perry. Une des conditions pour devenir un membre en règle du groupe est d’avoir un permis de possession d’armes.
Il n’a pas voulu préciser si le groupe avait toujours une affiliation avec les Soldats d’Odin en Finlande, dont le fondateur est un suprémaciste blanc assumé. En mai, le chef canadien des Soldats d’Odin s’est dissocié publiquement de l’organisation mère finlandaise, qu’il a qualifiée de raciste.
Un coup d’oeil aux pages Facebook du groupe permet pourtant de constater que ses sympathisants n’ont aucune honte d'afficher leurs propos anti-immigration.
North American Freedom Fighters (NAFF)
La manifestation « antigouvernement » du 27 août à Calgary était organisée par ce groupe de « patriotes » (comme ils se définissent eux-mêmes), autrefois appelé Canadian Combat Coalition.
L’organisation dit également être formée de gens « de tous âges, sexes, couleurs et races ». « Ils orchestrent beaucoup de manifestations avec la Coalition mondiale contre l’islam », selon le fondateur d’ARC. Un des fronts communs à ces deux organisations est l’opposition à la déclaration parlementaire M-103, adoptée en mars, qui condamne l'islamophobie.
Worldwide Coalition Against Islam (WCAI)
Sur Facebook, la Coalition mondiale contre l’Islam a environ 65 000 partisans partout dans le monde, selon son fondateur, Joey Deluca. Il écrit d’ailleurs être fier que la WCAI soit « un groupe haineux », selon une capture d’écran d’une publication de son compte Facebook, reproduite sur le site Anti-Racist Canada.
En Alberta, ils sont surtout connus pour la manifestation anti-islam de mai 2017 devant une école de Red Deer. Selon les manifestants, des élèves syriens auraient reçu un traitement de faveur après une bagarre à l’école, ce que réfute l’administration scolaire.
Le chef du Parti de l’essor national du Canada (ou National Advancement Party of Canada), Stephen Garvey, était également présent ce jour-là. Le NAPC est un parti enregistré, nationaliste et antiglobaliste, selon son fondateur, qui se concentre particulièrement sur ce qu’il prétend être « la lutte contre l’implantation de la charia au Canada ».
En entrevue avec Radio-Canada, Stephen Garvey dit qu’il a dû se « dissocier de la branche canadienne de la WCAI et des [NAFF] » à cause « des propos racistes et des actes haineux ». Des attaques contre le Parti de l’essor national ont ensuite surgi sur les réseaux sociaux et en vidéo, l’accusant de soutenir les Frères musulmans.
Un avenir incertain
Barbara Perry croit que les groupes d'extrême droite en Alberta et ailleurs au pays sont encore sur la pente ascendante, au moins jusqu'à la fin du mandat du président américain, Donald Trump.
De son côté, le fondateur du blogue Anti-Racist Canada pense qu’ils sont proches de l'essoufflement, à force d’être dépassés en nombre par les antifascistes aux manifestations. « Il leur manque un leader charismatique, qui pourrait unir le mouvement sous une seule bannière, mentionne par ailleurs Chris, et ils passent autant de temps à se disputer qu’à manifester. »


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