Mon intention ici est de mettre l’accent sur la beauté et la richesse du français parlé au Québec, partant du principe qu’on ne protège bien que ce que l’on connaît bien.
Lors de mes études en linguistique à l’université Laval au début des années ’70, j’ai eu l’extrême privilège d’avoir comme professeur l’éminent linguiste québécois Gaston Dulong dont le style coloré n’avait d’égal que son immense talent de communicateur. Aujourd’hui, je peux affirmer avec certitude que Gaston Dulong a été la bougie d’allumage qui a contribué à créer en moi l’amour de notre langue franco-québécoise, un amour qui ne s’est jamais démenti depuis lors.
Le bilinguisme, une utopie
Le bilinguisme canadien à la Pierre Elliot Trudeau est une utopie. Un État, quel qu’il soit, en viendra toujours à parler la langue du dominant en assimilant avec les décennies la langue du dominé. À titre d’exemple actuel, on n’a qu’à constater l’anglicisation galopante et fort inquiétante de la grande région métropolitaine.
C’est l’écrivain et humoriste québécois, Albert Brie, qui disait que « le bilinguisme au Canada, c'est parler en anglais et se taire en français ». Dans cette foulée, vous n’avez qu’à observer le style révérencieux des vendeurs dans les boutiques du Vieux Québec qui en oublient leur français devant l’arrogance des clients anglais qui utilisent uniquement leur langue sans vergogne. Une image saisissante du dominant imposant littéralement sa langue au dominé.
La syntaxe, cette grande malmenée
La construction de la phrase, à savoir la syntaxe de notre langue, tient son origine de la phrase latine tandis que la langue anglaise est d’origine germanique. Or, dans le langage courant, il n’est pas rare que notre phrase française se colle au modèle syntaxique anglais comme dans ce regroupement de mots « la fille que je parle avec… » copié sur le modèle « the girl I speak with… ». Il arrive souvent aussi que notre phrase française souffre d’une mauvaise construction sur le plan syntaxique, telle « la chose que je te parlais… »
En bref, la structure de la phrase française, à savoir sa syntaxe, est comparable à la charpente d’une maison en ce sens qu’elle incarne l’agencement de mots qui confère au message toute sa beauté et sa cohérence.
Les québécismes et les amérindianismes
Le français du Québec est une langue riche dans laquelle vivent en harmonie des québécismes et des amérindianismes qui nous caractérisent en tant que peuple héritier de ces trésors socio-culturels.
C’est ainsi que le franco-québécois contient une kyrielle de mots empruntés aux réalités d’ici appelées québécismes, tels guignolée, tapocher, jasette, ramancher, parlure, etc... auxquels s’ajoutent les amérindianismes comme achigan, atoca, caribou, rabaska, touladi, etc.. , une panacée de termes qui contribuent à enrichir notre langue. Entre parenthèse, nous n’avons pas à rougir devant nos cousins français eu égard aux anglicismes, lesquels font leur « grocery » et vont au « drugstore ».
Le français, une langue fière
Le français du Québec, à l’exemple de ses parlants, est une langue fière qui a traversé les mers pour s’établir ici dans ce vaste pays de froids et d’interminables hivers où il y a vite pris racine et s’est senti chez lui.
En ces temps de grande turbulence où le français au Québec semble parfois bien fragile et où les Québécois doivent régulièrement monter aux barricades pour protéger leur langue, le temps est venu de rappeler à la mémoire collective les gestes héroïques de nos ancêtres qui ont su lui conserver la vigueur qu’il manifeste encore aujourd’hui malgré les nombreux écueils qui se dressent si fréquemment sur son chemin.
Henri Marineau, un Québécois fier de sa langue, Québec
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