Signe des temps, l’écriture inclusive étend sournoisement ses tentacules dans le monde des communications. Ainsi en est-il du communiqué que le Salon du livre de Montréal a envoyé aux médias pour dresser le bilan de l’édition 2024 dans lequel on nous informe que le Salon a attiré «92 000 visiteur·euse·s, curieux·se·s de découvrir les œuvres de plus de 2000 auteur·rice·s».
Mais pardieu, dans quel labyrinthe s’engouffre inextricablement la langue de Molière? Jusques à quand l’inclusion abusera-elle de notre laxiste tolérance? Le ridicule est-il en marche vers la destruction à petit feu de la langue de chez nous? De celle-là que nous raconte si bellement Yves Duteil: «C'est une langue belle avec des mots superbes/ Qui porte son histoire à travers ses accents/ Où l'on sent la musique et le parfum des herbes/ Le fromage de chèvre et le pain de froment.»
Au nom de la sacrosainte inclusion, les mots souffrent d’une telle distorsion qu’ils tourbillonnent sans coup férir dans un maelstrom infernal et dévastateur. Jusqu’où tolérerons-nous l’imposture des tenants de l’inclusion outrancière qui sacrifient au bûcher notre langue si ardemment défendue par nos valeureux ancêtres depuis des siècles.
En tant que riche héritière de notre culture québécoise, notre langue est tenue de préserver ses lettres de noblesse si chèrement acquises tout au cours de son histoire. À vos crayons, fervents défenseurs de notre héritage ancestral. Il est venu le temps de ramener le balancier dans le sens de l’histoire à défaut de quoi notre langue se métamorphosera indubitablement en un charabia discordant et brutalement déraciné.
Du service obligatoire de cinq ans au public
Actuellement, 775 des 22 000 médecins au Québec travaillent dans le secteur privé, soit 4% de l’ensemble des médecins. Or dans le but de retenir les nouveaux médecins dans le secteur public, le ministre de la Santé, Christian Dubé, se propose d’exiger des étudiants frais émoulus de la faculté de médecine un service obligatoire de 5 ans dans le secteur public, à défaut de quoi les dissidents seront confrontés à des amendes de l’ordre de 100 000 $ par jour par acte.
Une stratégie qui me laisse perplexe en regard de sa pertinence. En effet, et de un, la réaction des nouveaux médecins face au spectre du caractère coercitif de la mesure proposée, et de deux, son effet collatéral sur l’attractivité de la profession, et de trois, l’incertitude des effets collatéraux positifs sur les soins de première ligne.
On le dit et on le répète depuis des années, le système de santé au Québec est malade. Il manque lamentablement de personnel à tous les échelons, notamment chez les médecins. Les salles d’urgence débordent jour après jour, les blocs opératoires fonctionnent au ralenti faute de médecins, les salles d’attente des cliniques médicales sont bondées, les délais d’attente pour une chirurgie dépassent souvent l’entendement.
Et que propose le ministre de la santé? Un service public obligatoire de cinq ans pour approximativement 4% des nouveaux arrivants en médecine. Une option complètement aberrante et anti-productive. M. Dubé, ce n’est certes pas en faisant preuve de coercition que vous convaincrez les quelque 775 nouveaux médecins à opter pour le secteur public mais plutôt en leur offrant des conditions de travail propices à la qualité des soins de leurs patients. En réalité, n'est-ce pas pour cette raison qu'ils ont choisi cette profession?
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
9 décembre 20249 décembre 2024
Service obligatoire de 5 ans au public!
Bonjour M. Marineau,
Ce n’est pas le système de santé qui est malade, c’est toute la société : nous sommes une société immature, «amaricanisée», dirait Pierre Falardeau jusqu’à la moelle des os.
Il y a plusieurs années, j’avais proposé qu’au lieu d’obliger un service militaire comme aux États-Unis, les peuples devraient tous s’orchestrer un service social obligatoire afin de palper de près la pauvreté, la pollution, la négligence, la misère, la souffrance, etc. Une jeunesse qui serait sensibilisée très tôt dans leur vie active (et rémunérée) à notre propre déchéance sociale devrait permettre de changer ce monde graduellement vers plus de respect, vers plus de modération, vers plus de partage raisonnable et harmonieux.
Évidemment, c’est là une idéologie, une utopie même; mais tous les systèmes ne sont-ils pas des idéologies, des utopies réalisées? Ainsi parlait Théodore Monod : une utopie serait une idée irréalisée et non pas une idée irréalisable.
J’ai encore foi en cette idée, certainement plus foi en celle-ci qu’en mes élus qui ont le pouvoir d’agir, lesquels élus semblent tous devenir plus électoralistes qu’un service obligatoire envers la société.