Le Réseau Liberté Québec est une organisation sans but lucratif qui vise à rallier la droite au Québec.
Frustrés de ne pas se sentir représentés par les différents partis politiques, six citoyens issus de la droite québécoise lancent une organisation pour regrouper les forces de droite.
Le Réseau Liberté Québec (RLQ) a été lancé officiellement mercredi, mais fait parler de lui dans les médias sociaux depuis quelques semaines déjà. Il vise à rallier, entre autres, les adéquistes déçus de la déconfiture électorale de 2008.
L'organisme planifie une grande rencontre pour ses nouveaux membres le 23 octobre, dans l'arrondissement de Sainte-Foy, à Québec, pour promouvoir des échanges d'idées, renforcer le réseautage et donner des ateliers.
Tous à droite
Le nouveau regroupement croit qu'il est temps de mobiliser l'ensemble des forces « réformatrices situées à droite de l'échiquier politique au sein d'un mouvement de masse ».
L'un des créateurs du RLQ, Ian Sénéchal, écrivait en août dans le blogue lesanalystes.ca que la solution aux problèmes de corruption du Québec se trouvait dans la diminution du rôle de l'État.
« Malheureusement, comme dans bien des sociétés où la planification socialiste des actions gouvernementales fait des gains, la déresponsabilisation de la population est navrante, soutenait Ian Sénéchal. Les Québécois semblent oublier qu'ils sont trop souvent réfractaires à des réformes qui leur permettront d'obtenir plus de libertés individuelles et ainsi soutirer des pouvoirs aux administrations publiques centrales. C'est en soutirant des pouvoirs à ces administrations que les Québécois réussiront enfin à combattre la corruption. »
Une autre instigatrice du RLQ, Joanne Marcotte, a toutefois nié, en entrevue à RueFrontenac.com, vouloir transformer le RLQ en parti politique.
Mme Marcotte, qui a aussi réalisé un documentaire qui dénonce la résistance des Québécois au changement, L'Illusion tranquille, a pourtant écrit dans son blogue personnel que l'ADQ était un parti moribond (octobre 2009) et qu'un nouveau parti devait voir le jour.
Un troisième parti? Nécessairement!
— Joanne Marcotte, en mai 2010
Joanne Marcotte a conseillé Mario Dumont il y a quatre ans et a participé en tant que vice-présidente à la commission Castonguay sur la réforme du financement de la santé, qui faisait la promotion du partenariat public-privé.
Des tendances lucides
On a beaucoup rappelé dans les médias le fait que le RLQ naisse cinq ans après la parution du Manifeste pour un Québec lucide. L'un des signataires de ce manifeste, Claude Montmarquette, juge intéressante la mise sur pied du RLQ, mais à une condition.
« Si le RLQ veut lancer le débat, c'est parfait », explique à Radio-Canada.ca ce professeur émérite en économie de l'Université de Montréal et titulaire de la Chaire Bell-Caisse de dépôt et de placement en économie expérimentale (CIRANO). « Mais il faut qu'il y ait autre chose qu'une pensée unique. Sans cela, ça ne m'intéresse pas », ajoute-t-il.
Claude Montmarquette rappelle que les signataires du Manifeste pour un Québec lucide provenaient de différentes allégeances politiques. Il ne compte pas assister à la rencontre du RLQ le 23 octobre, mais pourrait accepter une invitation future à un panel composé de spécialistes ayant des opinions divergentes.
Des médias ennuyeux
Le RLQ affirme vouloir cesser de « jouer le jeu des camps étatistes, fédéralistes et souverainistes et de faire les débats que permet une analyse sur l'axe gauche-droite ». Il souhaite principalement réduire le rôle de l'État et promouvoir les valeurs occidentales d'égalité homme-femme et d'institutions laïques.
Les médias semblent au coeur des récriminations de certains des fondateurs du RLQ. Dans son blogue personnel, Joanne Marcotte écrivait mercredi « que le Québec et le Canada n'offrent pas suffisamment de diversité dans l'offre médiatique et que nos élites médiatiques nous ennuient à nous casser les oreilles d'idées reçues (promotion d'une société égalitariste, social-démocratie, primauté du débat fédéraliste-souverainiste) ».
Un autre fondateur du RLQ avançait mercredi, sur la page Facebook du réseau, qu'« on essai [sic] de faire croire que nous sommes là pour diviser la droite. Quand on parle du biais gauchiste des médias ». Ian Sénéchal critiquait dans ce commentaire un éditorial du quotidien Le Devoir.
Le seul invité prévu jusqu'à présent à l'horaire de la rencontre du RLQ du 23 octobre est Kory Teneycke, directeur de SUN TV News, une nouvelle chaîne de nouvelles en continu de Quebecor, et ancien directeur des communications du premier ministre du Canada, Stephen Harper.
« Une baisse de l'auditoire canadien de nouvelles télévisées en continu, une mentalité de troupeau parmi les journalistes et une couverture franchement biaisée de l'actualité expliquent bien que les Canadiens sont mal servis par les médias mainstream », explique Kory Teneycke dans le site Web du RLQ.
Québec solidaire se propose comme alternative
Même si elle souligne le caractère légitime du regroupement, la porte-parole de Québec solidaire Françoise David s'interroge sur la pertinence du Réseau Liberté Québec. Elle s'explique mal pourquoi le groupe, qui met de l'avant sensiblement les mêmes idées que l'ADQ, a senti le besoin de s'en dissocier.
Elle affirme cependant comprendre que les citoyens du Québec soient en colère contre leurs élus, déçus de ce qui se passe au gouvernement, et que cela les amène à s'intéresser au RLQ.
Il y a un ras-le-bol au Québec. Est-ce que ce ras-le-bol va amener les citoyens à dire que les gouvernements les ont tellement abusés qu'il faut avoir l'État le plus mince possible?
— Françoise David, porte-parole, Québec solidaire
Françoise David souhaite davantage que les gens, devant cette critique de leurs dirigeants, aient envie d'une nouvelle vision de la politique où l'État est le garant du bien commun et que, dans cette perspective, ils regardent plus attentivement un parti comme Québec solidaire.
Un article de Sara-Emmanuelle Duchesne et Julie Gravel
Radio-Canada.ca avec Presse canadienne
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