C’est connu, Jean-Marc Fournier, ministre responsable des Relations canadiennes, est un petit ratoureux. Après avoir annoncé qu’il ne se représentera pas, voilà qu’il se crée déjà son propre héritage politique à même les fonds publics.
Rayonnant de joie et porteur d’une jolie subvention de 100 000 $, M. Fournier était présent à l’UQAM pour le lancement du nouveau Centre d’analyse politique sur la constitution et le fédéralisme (CAP-CF). Politologue de formation, je salue le savoir universitaire en toutes matières.
Analyste de profession, force est néanmoins de constater la longueur impressionnante du jupon politique qui dépasse de cette même subvention. D’autant plus qu’en même temps, le gouvernement Couillard coupe de 40 % la subvention allouée à l’Association internationale des études québécoises.
À sens unique
Sur le fond de la question, le plus troublant est ceci. De la création du CAP-CF à la politique dite d’« affirmation du Québec » présentée par le ministre Fournier, le Québec propose un « dialogue » avec le reste du Canada sachant très bien que ce dernier n’en a rien à cirer depuis l’échec du Oui au référendum de 1995.
C’est pourquoi ce « dialogue » à sens unique devient de plus en plus loufoque. Comme le disait un certain Jean Chrétien, « le magasin général est fermé », mais le Québec s’entête encore à sonner inutilement à la porte.
Déni jovialiste
Si ce « dialogue » est à sens unique, c’est en effet parce qu’une nouvelle dynamique politique s’est installée au Canada depuis 1995. À savoir que la question nationale québécoise, dans toutes ses incarnations, n’intéresse plus que les Québécois eux-mêmes. Et encore...
La levée de la « menace séparatiste » doublée de la marginalisation démographique et linguistique croissante du Québec au sein du Canada ne font qu’ajouter au phénomène. Messieurs Fournier et Couillard sont tout à fait libres de verser dans le déni jovialiste pour mieux l’oublier. Reste qu’ils se servent des fonds publics pour propager leur propre amnésie.