En ce 1er juillet 2008, Pierre Falardeau a eu la bonne idée de mettre sur
Vigile son court métrage « Le temps des bouffons ». Ça nous rappelle que
plus ça change, plus c’est pareil. Encore que parfois, pire c’est. Et ces
derniers jours, on a l’impression que c’est pire que pire. Après le navrant
spectacle du lancement des activités du 400e de Québec en directe de La
Rochelle et les discours plats de la lieutenant « gouverneuse », des
représentants du pouvoir « canadian » et les réactions outrées du bon maire
de la ville célébrée; tandis que le pleutre Charest se planquait à Québec,
après l’étonnante affaire de « l’Ordre national du Québec » qu’ont accepté
les anciens premiers ministres péquistes ; donnant ainsi à l’actuel
fossoyeur du Québec une dignité qui n’a d’égal que son hypocrisie, après la
victoire honteuse de celui qui fut pendant vingt ans l’exécuteur des basses
œuvres de Pierre Trudeau ; victoire qui ne laisse personne dupe du statut
de naufrageur que lui réservera l’histoire et qui ne trompe personne quant
à l’intégrité du juge Gomery, après le discours de lancement des festivités
du premier juillet de Steven Harper et sa démonstration de la vastitude de
sa connaissance de l’histoire de la fondation de Québec par Champlain «
premier gouverneur général du Canada » (sic), on reste songeur.
Je dis songeur pour être poli. En fait, je pourrais dire atterré,
consterné, désolé de devoir assister à pareil spectacle. Faut-il pleurer,
faut-il en rire… ? Je crois qu’il faut le dénoncer. Je me souviens du jour
où je visionnai pour la première fois « Le temps des bouffons ». Quel
ravissement d’entendre dit par quelqu’un ce que je ressentais et que je
n’arrivais pas à verbaliser. Une sainte et saine colère qui nous mettait en
plein visage la réalité de l’adage qui affirme qu’on édifie l’avenir sur
les ruines du passé. En plein règne conservateur, tous les vils lèches
bottes du pouvoir en place animent une soirée rendant hommage au bon vieux
temps et à ce qui ne change pas tandis que tous les amis de l’ancien
gouvernement qui ont profité d’avantages pour services rendus participent
sans vergogne au banquet des profiteurs qui tirent les ficelles l’air de
rien, ne se souciant nullement de couleurs et de partis politiques. C’est
normal, l’argent n’a pas d’odeur et la corruption, c’est toujours la
corruption, qu’importe les gouvernements.
Je dénonce donc, mais je me rassure en constatant que comme beaucoup
d’autres, je crois au Québec. Nous sommes définitivement un peuple avec une
histoire, une culture et un patrimoine dont nous pouvons être fiers et que
nous avons le devoir de transmettre à nos enfants comme à tous ceux qui
viennent vivre chez nous. Je dénonce, mais je refuse d’en rester là. Chacun
est responsable vis-à-vis lui-même comme vis-à-vis d’autrui. Tant que nous
ne prendrons pas nos responsabilités face à notre devenir, nous
continuerons d’élire des verbaux moteurs comme notre actuel premier
ministre qui ne s’animent que lorsqu’ils parlent ou haranguent pour ensuite
se dégonfler comme les baudruches qu’ils sont. Les idées seules ne
suffiront jamais à faire un pays, les actes doivent les accompagner. Je
crois comme Gandhi qu “ à travers l’histoire, il y a eu des tyrans et qu’à
chaque fois on a cru qu’ils triompheraient, mais à la fin, ils tombent
toujours ”. Ici, au Canada comme au Québec, on parlera davantage de la
tyrannie de l’ignorance et du détournement de l’histoire. Ça n’y change
rien. Avant de disparaître, libérons-nous de nos tyrannies, qu’elles soient
politiques, idéologiques, raciales ou ethniques et soyons Québécois.
Comme de Gaule nous le rappela en 1967 : “Après que [la Conquête] eût
arraché de ce sol la souveraineté inconsolable de la France, les ’Français
canadiens’ sont convaincus qu’après le siècle d’oppression qui suivit pour
eux la conquête anglaise, un second siècle écoulé sous le système défini
par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 ne leur a pas assuré,
dans leur propre pays, la liberté, l’égalité et la fraternité...”
Vive le Québec libre!
Claude G. Thompson
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Premier juillet 2008
Je dis songeur pour être poli
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