S’il accueille avec satisfaction la décision du ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, d’amender le projet de loi sur la réforme de la Charte de la langue française afin que les cégeps anglophones puissent offrir aux « ayants droit » de suivre trois cours de français plutôt que trois cours en français, Gordon McIvor, directeur général du Cégep Heritage College, montre du doigt plusieurs enjeux spécifiques pour la région.
En entrevue à l’émission, Les matins d’ici, mercredi, M. McIvor a d’abord salué un pas dans la bonne direction
. Mais, a-t-il rapidement ajouté, il reste encore un long chemin à faire pour que la réforme de la Charte de la langue française proposée par le gouvernement Legault le satisfasse.
C’est bien pour les étudiants anglophones, à court terme, puisqu’ils auront la possibilité d’avoir des cours de français, mais il y a d’autres enjeux problématiques, a-t-il expliqué. Ce sujet-là, ça fait beaucoup les manchettes dans les médias de Montréal, mais nous autres, en Outaouais, à cause de notre situation frontalière, nous sommes très vulnérables. Chaque barrière qui est créée par le projet de loi 96 va encourager nos jeunes à traverser le pont pour étudier en Ontario. Donc ça, c’est problématique.
« D’après moi, c’est une bataille de Montréal, ce projet de loi 96. En Outaouais, nous sommes vraiment des spectateurs innocents. »
Il regrette que cette situation ne soit pas prise en compte dans les discussions, malgré les lettres qu’il a envoyées à tous les élus, dit-il, et une bonne conversation
avec le ministre de la Famille et ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, qui comprend la situation
, selon M. McIvor.
On aimerait garder nos jeunes chez nous. On a une pénurie de main-d'œuvre en Outaouais et on ne veut pas voir les jeunes traverser pour étudier ou même pour travailler. On veut qu’ils restent ici
, lance-t-il, expliquant que les étudiants du Cégep Heritage College sont très recherchés par les employeurs en raison de leurs compétences linguistiques.
Une réforme coûteuse
La réforme proposée par le gouvernement pourrait entrer en vigueur dès septembre 2024 dans les cégeps, et cela pose aussi un problème d’organisation, ajoute M. McIvor.
Comment est-ce qu’on embauche des professeurs et qu’est-ce que je vais faire avec les professeurs que nous avons déjà? On aura des mises en disponibilité, on va remplacer nos professeurs, mais ce n’est pas facile, explique-t-il.
D’autant qu’une telle démarche risque de s’avérer coûteuse, ajoute le directeur général du Cégep Heritage College.
On a des professeurs qui sont permanents. Qu’est-ce qu’on va faire avec eux? Ça va être coûteux parce qu’on aura besoin de continuer de payer ces profs-là.
Pour M. McIvor, il est important que le gouvernement consulte des institutions comme la sienne sur tous les aspects qui les concernent dans le projet de loi 96, car, selon lui, on est en train de créer un système collégial à deux vitesses entre les anglophones et les francophones
.